Invité à l’occasion des 30 ans de l’Aumônerie genevoise œcuménique auprès de requérants d’asile et des réfugiés (AGORA), Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle, a fermement défendu, le 10 septembre 2018, à Genève, l’engagement des Eglises en faveur de l’accueil de l’étranger, selon les paroles mêmes de Jésus.
Pour l’évêque de Bâle, la totalité des actions menées en faveur des requérants d’asile et des réfugiés trouve sa source dans le chapitre 25 de l’évangile selon saint Matthieu. “Le Christ ne nous dit pas: “J’étais étranger et vous avez créé des groupes de discussion, vous avez fait des propositions de lois, des arrêtés et des ordonnances puis enfin vous avez avancé des pistes de mise en oeuvre”. Il nous dit simplement: “J’étais étranger et vous m’avez accueilli”. Le Christ s’identifie à ceux et celles qui sont dans le besoin. Les actions que Jésus nous demande d’accomplir sont très concrètes.
Si le rôle de l’Eglise n’est pas de faire de la politique, elle ne doit pas rester cachée “dans la sacristie”, mais donner des critères afin que les fidèles puissent se forger leur propre opinion.”L’Eglise n’est pas un instrument pour discipliner les gens”. Bien au contraire, elle doit rester sur le qui-vive et s’opposer fermement au repli identitaire.
Non à l’exportation d’armes
“Il n’est pas juste de sacrifier des vies ailleurs pour sauver cinq mille postes dans l’industrie de l’armement”, s’indigne Félix Gmür. Lutter contre la décision du Conseil Fédéral permettant d’exporter des armes dans des pays en guerre civile est un exemple concret pour lequel le président élu de la Conférence des évêques suisses (CES) s’engage. “Un petit combat peut-être, mais de cette manière nous nous opposons aussi à la création de nouveaux réfugiés”. Le travail de l’AGORA est depuis trente ans, la matérialisation de la lutte et de l’engagement chrétien pour les personnes fuyant les conflit armés, relève l’évêque de Bâle.
Ne pas réduire le message évangélique à une morale
“L’asile est un lieu permettant de trouver, je l’espère, un peu de paix”, souligne Félix Gmür. Cet anniversaire de l’AGORA lui permet de rappeler que le cœur du message chrétien réside dans ce souci de l’autre. “L’amour de Dieu et du prochain se conditionnent. L’un ne va pas sans l’autre”, affirme-t-il à l’assemblée réunie au Temple de Plainpalais, à Genève. Pourtant, les Eglises ont complexifié le message évangélique, jusqu’à parfois lui faire dire l’inverse de ce qu’il devrait. “Je mentionne ici les contre-témoignages d’un bon nombre de clercs ayant abusé de leur pouvoir pour maltraiter et violer, et de ceux partis faire la guerre au nom de la foi”, dénonce Félix Gmür. “Pour finir, nous oublions le message évangélique, au profit de la morale. Notre message semble si compliqué qu’il ne suscite plus d’intérêt”, regrette l’évêque. Qui conclut en rappelant que la foi chrétienne tire toute sa beauté du fait qu’elle est agissante et concrète.
Myriam Bettens pour cath.ch