L’Université de la solidarité et de la diaconie qui a eu lieu fin janvier 2019 à Fribourg a été un moment fort de la vie de l’Eglise en Suisse.
Le groupe qui a pris en charge le suivi de cet événement a rédigé une lettre ouverte . Elle reprend certains rêves réunis à la fin du second jour et portés lors de la célébration eucharistique de clôture.
Aux participant-es de l’Université de la diaconie (de janvier 2019),
Aux chrétien-ne-s de nos paroisses et à leurs pasteurs,
A toute personne de bonne volonté.
Les 29 et 30 janvier 2019, l’Université de la solidarité et de la diaconie réunissait quelque 150 personnes de tout horizon. Hommes et femmes vivant la précarité, responsables d’Eglise et étudiants se formant pour devenir agents pastoraux, prêtres, diacres et laïcs ont ouvert un espace de rencontre, d’apprentissage mutuel et de partage où chacun était tour à tour étudiant et enseignant.
Point de départ d’une nouvelle dynamique, l’appel du Pape François pour « une Eglise pauvre avec les pauvres » a fortement résonné dans l’enceinte de l’Université de Fribourg. Pépinière de réflexions, temps d’ateliers, écoute commune de la Parole de Dieu, lieux d’approfondissement, espaces de prières et de joie partagées, les différents moments étaient animés conjointement par des personnes en situation de précarité et des responsables d’Eglise et des L’Esprit Saint a soufflé !
Plus d’un ont témoigné en ce sens : « J’ai été bouleversé dans ma foi, quelque chose a bougé en moi. » D’autres encore partageaient : « Je me suis senti reconnu dans ma dignité d’être humain, cela devrait toujours être le cas. »
Lorsqu’une personne n’est plus réduite à un problème social, elle est pleinement reconnue pour ce qu’elle est vraiment : un frère ou une soeur en humanité.
Pour poursuivre le chemin ouvert lors de cette rencontre, nous lançons un appel, issu des ateliers de ces deux journées :
Nous avons fait l’expérience que toute parole compte et que celle des personnes vivant la précarité est souvent une parole de Vie. Ensemble, nous sommes invités à construire le Royaume de Dieu et laisser l’autre nous révéler notre propre humanité. Les paroisses catholiques et les communautés chrétiennes ont pour vocation d’être des lieux de fraternité.
Les kermesses, les événements liés aux fêtes chrétiennes et les apéritifs autour des célébrations sont notamment des lieux-phares. Cependant, ces espaces sont souvent intimidants et hermétiques pour les nouvelles personnes. Celles en situation de précarité y trouvent rarement leur place. S’ouvrir à l’autre en ne le réduisant pas ses actes ou à son apparence, c’est entrer véritablement dans la dynamique de l’Evangile.
En Suisse, 36,1% de la population connaît le sentiment de solitude à des degrés divers 1.
Beaucoup l’ont affirmé lors de nos rencontres. Souvent ce sont d’abord les personnes en précarité qui entendent cet appel et y répondent.
Ne les laissons pas seules ! Ouvrons les portes de nos maisons, de nos cures, de nos églises afin que toutes et tous puissent entrer et participer à la vie de nos communautés humaines et chrétiennes. Mais encore, osons rejoindre celles et ceux qui se cachent et n’osent plus sortir. Ne prenons pas le risque de blesser leur espérance. Créons des réseaux de solidarité avec les personnes exclues ou marginalisées.
Nous suggérons de mettre en valeur et de développer davantage de lieux d’accueil participatifs en lien avec les plus démunis d’entre nous, afin que tous puissent retrouver un peu de chaleur humaine, partager ce qui fait leur quotidien, se réjouir en présence d’amis, écouter et vivre ensemble la Parole de Dieu, et prier.
L’accueil et la charité envers les « plus petits » est constitutif de l’être même de l’Eglise.
Comme nous le rappelle le pape François « La condition, pour que les disciples du Seigneur Jésus soient des évangélisateurs cohérents, est de semer des signes tangibles d’espérance ».2
Les membres du groupe de suivi de l’Université de la solidarité et de la diaconie : Abbé François-Xavier Ahmerdt, Nicole Andreetta, Marie-Rose Blunschi, Pascal Bregnard, Ines Calstas, Anna Maria Crüzer, Amadou Gaye, Bertrand Georges, Philippe Hugo, Jean-Claude Huot, Marie-Antoinette Lorwich, Bernard le Pèlerin, Isabelle Reuse, Nelly Schenker, Mihai Teodorescu, Pascal Tornay.