En cette journée mondiale des malades, dédiée à ceux qui souffrent, Paola Corvaglia témoigne de l’engagement de l’Eglise Catholique Romaine de Genève auprès des malades à travers les actions d’aumôneries réalisées dans le domaine de la santé. L’Eglise souhaite répondre aux besoins spirituels ou religieux des personnes qui traversent les épreuves de la maladie ou du grand âge.
Paola Corvaglia, aumônière de l’Église Catholique Romaine à Genève, dédie son travail à l’accompagnement des malades dans les hôpitaux. Aumônière auprès de la Pastorale de la santé de l’Église catholique depuis septembre 2020, elle exerce ses activités à 30 % sur le site Cluse-Roseraie et à 10 % sur le site Loëx des HUG de Genève, puis est passée en avril à 20 % à Loëx. Elle a également commencé à travailler dans trois établissements médico-sociaux de la Champagne à 20 %.
Paola Corvaglia : Initialement, j’ai une formation de médecin, que j’ai peu pratiquée pour m’occuper de ma famille. L’élément déclencheur de mon engagement a été lorsque j’ai échangé, il y a 3 ans, avec mon ami l’Abbé Giovanni Fognini, qui m’a demandé si je me sentais de m’engager en Eglise. Le travail à l’aumônerie m’est donc apparu comme évident puisque je retrouvais le milieu hospitalier mais du côté de la spiritualité. C’est donc ce que je recherchais…
La spiritualité a toujours été importante pour moi d’aussi loin que je me souvienne. Être en contact avec les personnes hospitalisées ou les résidents des EMS (Etablissement Médico-Sociaux) pour faire un bout de chemin ensemble me semblait être ma voie ! J’ai donc suivi des formations pour acquérir certaines connaissances. Je vais commencer notamment un CPT (Clinical Pastoral Training) à Delémont ce printemps. Il s’agit d’une formation pastorale à l’écoute et à la communication sur 6 semaines, en 3 fois 2 semaines.
Nous commençons tous les matins par une méditation (par l’aumônier de garde, catholique ou protestant) puis on se retrouve pour échanger autour d’un café entre les aumôniers présents. Les visites dans nos unités peuvent ensuite commencer.
En général je suis à Cluse le mercredi la journée et le jeudi matin. J’alterne mes visites dans mes unités en passant d’abord auprès des infirmières pour voir si elles ont des demandes ou si elles souhaitent que je visite quelqu’un en particulier et après je passe auprès de patients en me présentant et en présentant l’aumônerie.
Il n’y a pas de journée type, parfois je peux rester plus d’une heure auprès d’un malade car il a besoin d’échanger, d’être entendu, de déposer sa souffrance, et parfois quelques minutes car la personne ne souhaite pas ma visite. Je dirai que par rapport au personnel de l’hôpital, nous avons l’avantage du temps, notre disponibilité auprès des malades est ressentie par ceux-ci et permet de vraies rencontres.
À la fin de ma journée je passe généralement à la chapelle pour y déposer tous ces visages, ces échanges et les demandes que certains m’ont formulé. Je rentre enrichie par toutes ces rencontres…
Le personnel apprécie de me voir, certains me connaissent ou me reconnaissent, sinon je me représente à chaque fois, car il y a de nombreux changements de personnel, ceci étant on finit toujours par tisser des liens avec certaines infirmières, infirmiers, aides-soignants, logopédistes… et dans des situations difficiles, ils sont heureux de pouvoir échanger avec nous aussi.
La pandémie n’a pas vraiment changé quelque chose pour moi, puisque j’ai commencé ce travail avec elle ! Probablement les restrictions de visites à une heure, une personne par jour, ont rendu notre présence encore plus utile, mais certains m’ont quand même dit apprécier le fait d’être tranquilles, sans visites de la famille ou d’amis à rallonge…mais c’est une minorité.
J’ai souvenir néanmoins d’une visite en unité intermédiaire Covid avec la surblouse, le masque FFP2, les lunettes, la charlotte sur la tête et les chaussons aux pieds…pas facile d’être proche de la patiente dans ces conditions, mais on a quand même réussi à échanger, car elle se sentait très seule. Par la suite lorsqu’elle a pu être transférée, j’ai continué à la voir dans des conditions plus normales…
Il y a beaucoup de belles rencontres… Je me souviens d’une dame d’environ 70 ans hospitalisée pour des problèmes respiratoires et qui par la suite se sont avérés être un cancer des poumons. Elle était protestante, très entourée par ses enfants. J’ai continué à la suivre sur plusieurs mois, même lorsqu’elle a été transférée en oncologie pour suivre des séances de chimiothérapie. Nous avons lié une belle amitié, on échangeait librement, on priait ensemble. Très souvent je lui lisais des passages d’un livre qu’elle avait l’air de savourer pleinement. Je lis volontiers des passages de livres d’auteurs que j’aime comme Sylvie Germain, Marie-Laure Choplin, Francine Carrillo. Cela ouvre souvent à des échanges, et la beauté de certains textes nous touche et nous met en communion…
J’en garde un souvenir lumineux. Cette dame est sortie plus tard de l’hôpital et revenait pour des séances de chimiothérapie sur 2 jours puis un jour… elle n’était plus là… C’est quelqu’un que je garde dans mon cœur car il faut bien comprendre que si nous accompagnons des malades sur un bout de chemin de leur vie, nous sommes aussi accompagnés par eux, ils nous offrent tellement. Il m’est difficile de transmettre l’émotion ainsi, mais je suis très souvent touchée par la beauté des personnes rencontrées.
Je suis très reconnaissante de pouvoir exercer ce métier d’aumônière avec mes collègues qui sont là et m’aident dans ce chemin. Je remercie vraiment cet ami Abbé pour m’avoir mis sur la voie qui me correspond.
Témoignage de Paola Corvaglia, aumônière à l’Eglise Catholique Romaine de Genève.
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