Chaque année, entre le 1er septembre et le 4 octobre, les Églises célèbrent la Création et invitent les chrétiennes et les chrétiens à contribuer à préserver la richesse et la beauté de notre environnement, lors de la Saison de la Création. A cette occasion nous publions un texte de l’abbé Alain René-Arbez sur les arbres dans la tradition biblique.
L’arbre est omniprésent dans les Ecrits bibliques. Il est souvent l’image du croyant enraciné dans la Parole de Dieu, mais il offre aussi encore bien d’autres significations existentielles.
L’arbre est un lien entre la terre et le ciel, entre Dieu et les hommes. Il est porteur de vitalité et symbole de sagesse. « Béni soit l’homme qui a pleinement confiance dans le Seigneur. Il est comme un arbre planté près des eaux et qui pousse vers le courant ses racines » (Jr 17,8)
Dans la Genèse, les origines de l’humanité se jouent autour de l’arbre du bien et du mal. C’est l’image même du libre arbitre confié à l’être humain. « Voici que je mets devant toi la vie et la mort, le bonheur et le malheur…choisis donc la vie pour que tu vives ! » (Dt 30,15)
Le chêne de Mambré est avec Abraham le témoin de l’hospitalité et de l’accueil fraternel lorsque trois mystérieux visiteurs viennent à sa rencontre. Le cèdre est signe de force et d’espérance : « Le juste grandira comme le palmier et le cèdre du Liban » (Ps 91,13)
L’amandier inaugure la première floraison du printemps, il annonce la magnificence de l’été. C’est pourquoi l’Ecriture sainte ose le jeu de mot entre l’amandier fleuri (shaked) et le veilleur annonçant le jour (shoked) dans le but d’évoquer les beaux jours du Royaume à venir.
Le figuier représente les trésors nourrissants pour le peuple, annoncés par Moïse en marche vers la terre promise. L’évangile en fait l’image des institutions du judaïsme. (« Je t’ai vu sous le figuier » (Jn 1, 48)
La vigne est le logo central du peuple d’Israël. Le vigneron attentionné désireux de produire un fruit d’excellence, c’est Dieu. Au fronton du Temple à l’époque de Jésus il y a une magistrale grappe de raisin en or massif, seule représentation autorisée, en dehors des deux seraphîm du saint des saints. Jésus s’identifie à la vigne : « Je suis le cep, vous êtes les sarments » (Jn 15,5) La coupe sera son mémorial de mort et de résurrection.
Jésus exalte la puissance de la germination, lorsqu’il met en lumière la petitesse de la semence qui verra se développer un arbre magnifique attirant les oiseaux du ciel. (Mt 13,32)
Et surtout, arbre aux inégalables dimensions spirituelles : l’olivier. L’olivier est au cœur de la civilisation israélite. S’il est présent dans les régions environnantes depuis l’antiquité, il prend un sens particulier dans la vie du peuple de Dieu. L’olive est à l’origine de l’huile qui apporte la lumière dans les maisons, mais aussi de celle qui éclaire les sept branches de la menorah dans le temple, face au saint des saints. La fête de Hanoukah célèbre la permanence lumineuse retrouvée malgré l’adversité grâce au miracle de l’huile.
Mais essentiellement, l’huile d’olive est un signal messianique porteur de bénédictions et même de mission au service de la Parole de Dieu. Les rois, les prêtres et les prophètes sont oints lorsqu’ils sont envoyés par Dieu à temps et à contre-temps. Recevoir cette onction pour une noble tâche spirituelle se dit « mashiah », traduit en grec par christos.
Ainsi le fait de se dire chrétien a un lien direct avec l’huile et l’olivier, puisque Jésus Oint par le Père est le Messie israélite sauveur des nations. Au moment du baptême chrétien, le saint chrême transforme la personne en voie de renaissance en « roi, prêtre et prophète avec le Christ »
A l’époque où Jésus entre dans sa passion, il traverse le jardin des oliviers. L’épisode se nomme « Gethsémani » ou plus exactement dans la langue hébraïque originelle : « Gat shmanîm », c’est à dire « pressoir des olives ». Portant sur ses épaules le poids du mal présent dans le monde, Jésus sait que les intrigues de ses adversaires ont resserré fortement l’étau sur lui. Il se prépare à une confrontation brutale avec la mort, tout en croyant fermement que la vérité de Dieu ne pourra que triompher de l’injustice. Accablé de chagrin, il se trouve au milieu d’oliviers millénaires, que sans doute le roi David avait planté sur ce lieu.
C’est alors que le don de sa vie mise sous pression ressemble à l’huile obtenue généreusement dans le pressoir. De son écrasement jaillira la bénédiction pour tout le peuple, comme Isaïe l’avait pressenti. Le tombeau du roi David n’est pas éloigné, et Jésus se souvient de son entrée à Jérusalem, acclamé par la foule enthousiaste aux cris de « Hosanna au Fils de David ! ». En sachant que David en hébreu signifie « bien-aimé » et que c’est précisément avec cette assurance aimante que la voix divine avait accompagné son baptême par Jean Baptiste au début de sa mission : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé »
Abbé Alain René Arbez
Crédit image: arbre dans la tradition biblique – Photo de Aaron Burden sur Unsplash