En ce 24 janvier, dédié à Saint François de Sales, jour anniversaire du transfert de son corps de Lyon à Annecy, en 1623, Alain Viret nous a accordé un échange sur les différents apports de ce saint. François de Sales est devenu le patron des évêques en France et du clergé du diocèse Lausanne Genève Fribourg (LGF). Deux églises à Genève portent aussi son patronage (centre-ville et Chêne-Bourg).
Alain Viret, originaire de Haute-Savoie, lieu de naissance de François de Sales en 1567 dans le village de Thorens-les-Glières, a depuis très jeune entendu parler de ce saint, et l’a fait vivre auprès des touristes du vieil Annecy lors des visites guidées qu’il a menées en tant que guide conférencier pendant 10 ans. Il a ensuite progressivement accédé au message en se plongeant dans les deux principaux ouvrages de François de Sales, « L’ introduction à la vie dévote » (1609) et le « Traité de l’Amour de Dieu » (1616) dans lesquels Alain Viret a trouvé du bon sens, de la sagesse et des conseils pratiques pour la vie spirituelle.
François de Sales fut bouleversé pendant ses études de juriste à Paris puis Padoue lorsqu’il découvre un Dieu amoureux de l’Homme. Pour lui désormais, tout sera centré sur l’Amour de Dieu, à une époque de conflits religieux et de rigueur morale, il sera le chantre de l’Amour miséricordieux qu’on retrouve actuellement au cœur du pontificat du pape François.
Marqué par l’humanisme de la Renaissance, il sera très ouvert aux découvertes scientifiques de son époque. François de Sales a, par exemple, rendu possible l’enseignement de Copernic et Galilée. Lors de ses études à Padoue, il avait prévu de faire don de son corps à la science en cas de décès, ce qui était assez audacieux à l’époque.
De part sa volonté de diffuser son message sur des feuilles volantes au moyen de l’imprimerie dans le Chablais savoyard, et par le biais de ses innombrables lettres (plus de 2’000), François de Sales a largement contribué à la restauration du catholicisme. En avance sur son temps, il utiliserait certainement internet aujourd’hui comme moyen d’évangélisation. Ses lettres sont considérées comme un véritable traité d’accompagnement spirituel. Lors de ses visites pastorales, il essayait de dialoguer chacun quelque soit sa condition et attachait une grande attention à ce que la parole de Dieu les rejoigne qu’il soit de classe sociale différente ou avec des handicaps (il a même adopté un jeune sourd et est ainsi devenu le patron des sourds-muets).
On ressent en discutant avec Alain Viret la présence métaphorique de François de Sales qui l’a beaucoup touché, et qui représente pour lui une source de spiritualité, faisant preuve d’une grande modernité et d’une ouverture au cœur humain. François de Sales se laissait nourrir humainement par les différentes personnes qu’il rencontrait. Bonté, douceur, bienveillance et modernité sont les grandes caractéristiques de sa spiritualité qui est celle du cœur humain.
Ordonné évêque en 1602 dans l’église de son baptême, François de Sales a rendu visite à la majorité des nombreuses paroisses que comptait son diocèse. Il s’émerveillait de la piété populaire et se réjouissait de la présence de Dieu. Il incarnait une belle image de « pasteur ». Il fut ensuite appelé par Henri IV à Paris pour y prêcher. Le Roi voulait le nommer archevêque, ce que François de Sales a refusé. Il fut également missionné par le Duc de Savoie pour négocier des alliances diplomatiques, et s’est déplacé pour cela à Turin et au royaume de France (Avignon, Valence, Lyon où il mourut en 1622)
François de Sales a souhaité, malgré la Réforme à Genève, rencontrer Théodore de Bèze en 1597. Il avait la volonté de reconquérir Genève avec pour seules armes, les Ecritures et la prière. L’Escalade en 1602 en aura décidé autrement. Petit clin d’œil de l’histoire, le jour de la Saint François de Sales est fêté durant la semaine de l’unité des chrétiens, quel beau symbole !
François de Sales a su développer une grande qualité humaine à rentrer en amitié et a vécu une belle amitié spirituelle avec sainte Jeanne de Chantal. Avec elle devenue veuve, il a co-fondé en 1610, l’Ordre de la Visitation Sainte Marie qui accueillait des femmes à la santé fragile et des veuves et compta jusqu’à 87 monastères à la mort de Jeanne de Chantal en 1641. François a toujours su allier amour de Dieu et amour du prochain et utilisait beaucoup d’images tirées de la nature afin d’illustrer son propos dans la prédication et ses écrits.
François de Sales n’a pas fondé d’ordre masculin. Au XIXème siècle, deux ordres religieux, les Oblats et les Missionnaires de saint François de Sales ont été fondés essentiellement pour l’enseignement. Ainsi, le Collège Saint Michel à Annecy et l’Institut Florimont à Genève sont des collèges qui rayonnent encore à la fois localement et internationalement.
Pour terminer, voici deux citations salésiennes bien connues :
« Tout par Amour, rien par force » et « Fleuris là où tu es planté »
Audrey Brasier