Je lis dans la presse que le fossé entre générations se creuse. Ce qui est vrai pour la société l’est sans doute également en Eglise.
Je pense aux invitations de notre Tradition pour le Carême, offertes chaque année avec fidélité pour que la Parole du Christ ne tombe pas aux oubliettes du rythme effréné de nos vies : la prière, le jeûne, l’aumône (Mt 6, 2-6.16-18, lectures du mercredi des Cendres). Je les cite dans cet ordre parce que la prière soutient à mon sens nos efforts de réduction et de solidarité. Dieu en donne la force et l’élan, ce peut d’ailleurs être un objet de notre prière.
De quoi est-il question dans ces invitations, sinon de relation(s) ? Avec le Seigneur qui a toujours l’initiative de la rencontre, certes, mais également avec nos frères et sœurs en humanité, pouvant être répartis aux quatre coins de la terre. Le calendrier d’Action de Carême et Pain pour le prochain nous rappelle à quel point tout, sur la planète, est intimement relié et entremêlé, sans que nous en ayons toujours conscience. Des conférences sont
également organisées.
Quel rapport, donc, avec mon incipit ? Le dialogue. Car une relation sans dialogue n’est pas possible, et pour tenter de combler, ou du moins, de remblayer un tant soit peu l’écart entre générations, le dialogue est une clé. Un dialogue franc, ouvert et volontaire, qui peut – qui doit ? – déplacer.
En ce sens, le jeûne peut ne pas être que de nourriture, il peut aussi revêtir la forme de temps supplémentaire au service de la relation. L’aumône peut ne pas être que pécuniaire, elle peut permettre d’investir plus avant nos relations. La prière peut ne pas être qu’un dialogue avec Dieu seul, elle peut également s’orienter vers une relation vraie à autrui, à commencer par nos proches. Car comme nous a rappelé un prêtre de notre canton, Bruno Fuglistaller (s.j.) dans un message par voie informatique pour ce temps de Carême, « c’est toujours dans la relation au frère et à la sœur que je peux rencontrer Dieu ».
Pourquoi ce temps de Carême ne serait-il pas, aussi, une belle occasion de raviver le dialogue avec, notamment, nos grands-parents pour les uns, nos petits-enfants pour les autres ?
Dans quelques domaines que ce soit, à commencer par notre cœur, ne laissons pas les fossés se creuser, et invoquons le Seigneur pour nous y aider.
A chacune et chacun, je souhaite une belle continuation de Carême, et d’arriver à la nuit pascale le cœur assoupli par ce temps béni. La Vie, celle du Ressuscité, nous attend à bras ouverts.
Fabienne Gigon, Représentante de l’évêque pour la Région diocésaine de Genève, avril 2023
Crédit image « Carême relation partage »: Vatican News
Fabienne Gigon
Représentante de l'évêque à Genève