Le mercredi des cendres marque l’entrée officielle en carême. Ce jour-là des cendres sont déposées sur le front des fidèles. Cette coutume de se couvrir la tête de cendres est une ancienne pratique pénitentielle qui remonte à la Bible. Ce rite à forte symbolique ne s’est cependant imposé dans la liturgie chrétienne qu’au Moyen-Age. Cette année, l’imposition des cendres, le mercredi 17 février, devra respecter les normes sanitaires établies pour contrer la pandémie de coronavirus.
La cendre est indissociable de la poussière – les traducteurs grecs de la Bible emploient souvent un mot pour l’autre. Dans la Genèse Dieu met en garde Adam: « Tu es poussière, et à la poussière tu retourneras». La cendre est l’état auquel retourne le pécheur qui se détourne de Dieu. C’est donc en se couvrant la tête de cendres que les pécheurs reconnaissent leur état et deviennent des pénitents. Dans la Bible, ce geste de pénitence anticipe aussi la victoire pour qui s’engage à faire confiance à Dieu.
Aux premiers siècles de l’Eglise, ce rite des cendres n’était pas directement associé au début du Carême. Vers l’an 300, il fut adopté par certaines Eglises locales et intégré au rite d’excommunication temporaire ou de renvoi des pécheurs publics de la communauté.
L’Eglise, en organisant aux Ve et VIe siècles la « pénitence publique», choisit la cendre et le ‘sac’ pour marquer le châtiment de ceux qui devaient expier des fautes graves et notoires. Les pénitents se présentaient devant les évêques et les prêtres, confessaient leurs péchés et recevaient un vêtement de cilice imprégné de cendres.
Les pénitents vivaient en marge de leur famille et du reste de la communauté chrétienne pendant les quarante jours du Carême (d’où l’expression de ‘quarantaine’). Cette pratique pénitentielle impliquait généralement de s’abstenir de viande, d’alcool, de bain. Il était également interdit de se faire couper les cheveux, de se raser, d’avoir des relations sexuelles et de gérer ses affaires. Les pénitents devaient se préparer ainsi pour recevoir l’absolution donnée le Jeudi-Saint et pouvoir participer ensuite aux célébrations pascales.
Au Moyen-Age, c’est la dimension personnelle du péché, plutôt que son caractère public, qui fut objet d’insistance. Par conséquent, les traditions associées au mercredi des cendres furent appliquées à tous les adultes de la paroisse, mais sous une forme mitigée.
Le rite de l’imposition des cendres sur la tête des pénitents se propagea rapidement en Europe. En 1091, le concile de Bénévent (sud de l’Italie) décréta ainsi que « le mercredi des Cendres, tous les clercs et laïcs, hommes et femmes, recevront les cendres ». Au XIIe siècle, ce rite est attesté à Rome.
Au cours de la célébration du mercredi des cendres, le prêtre marque les fidèles avec des cendres sur le front, la tête ou la main. Les cendres dont on se sert proviennent de la combustion des rameaux bénits le dimanche des Rameaux de l’année précédente.
Le mercredi des cendres inaugure le carême. Cette période de 40 jours prépare à la célébration de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ. Mais les dimanches, marqués par la joie de la Résurrection, ne sont pas comptés dans cette période de pénitence. L’entrée en Carême est avancée au mercredi précédent le premier dimanche.
Cette année ce geste sera accompli avec les précautions requises par la crise sanitaire, selon les indications de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements.
Ayant dit la prière de bénédiction des cendres et après les avoir aspergées d’eau bénite sans rien dire, le prêtre dira une fois pour toutes la formule « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ». Ou alors « Souviens-toi que tu es poussière, et que tu retourneras en poussière ».
Ensuite le prêtre se lavera les mains et mettra le masque pour se protéger le nez et la bouche. Le prêtre prendra les cendres et les laissera tomber sur la tête de chacun, sans rien dire.
SD&C, avec cath.ch (mp) et croire.com,
février 2021
Image en Une: www.very-utile.com