Vous avez dit COEC ?Ah!, le Centre Oecuménique de Catéchèse, bien sûr, avec son EspaceDoc et son Espace Formation-Recherche ! Lieu de vie de l’œcuménisme à Genève en facilitant les activités communes, le centre propose formations, accompagnement et réflexion liées à la catéchèse, ainsi qu’une riche documentation, avec l’EspaceDoc, véritable boîte aux trésors pour recevoir des conseils et emprunter du matériel utile à la catéchèse : livres, DVD, jeux, revues, figurines bibliques, kamishibaï, marionnettes et autre matériel d’animation . Depuis un an, l’EspaceDoc est ouvert à toute personne intéressée qu’elle soit investie en catéchèse ou non, paroissienne ou non, croyante ou non…
Les portes ouvertes du COEC le 3 septembre dernier, au 14 rue du Village-Suisse, fut une bonne occasion de le découvrir.
Outre les locaux aménagés pour mettre en valeur la richesse des diverses propositions, un programme choc avait été travaillé par les équipes, offrant un apport sur la spiritualité des adultes et les chercheurs de Dieu , les implications pour la catéchèse du coronavirus, suivi d’un atelier sur comment faire des visioconférences en catéchèse, ou des jeux sans se toucher (JeuxDoc) et en respectant la distanciation sociale, et enfin un point sur les séries à thématique religieuses (CinéDoc). Vous avez manqué cette journée ? Nous vous proposons une session de rattrapage !.
Nous pensons souvent à l’enfance lorsque la catéchèse est évoquée. Pourtant, la recherche autour de la question de Dieu est vive à l’âge adulte, et nous l’observons chez nombre de nos contemporains. Comment nos Églises traditionnelles tentent-elles d’être ressource pour chacun ? C’est la question que se pose actuellement Federica Cogo, assistante pastorale, qui inaugure un nouveau service de spiritualité au sein de l’Église catholique romaine. Fort, notamment, de son expérience comme aumônière de prison, elle a à cœur de penser une spiritualité capable de rejoindre chacun dans son questionnement, dans sa réalité, dans son besoin de concrétude impliquant, p. ex., la méditation, le corps, etc. Il s’agit peut-être aussi de traduire des réalités existantes dans nos traditions par d’autres mots, des pratiques revisitées. Simplement d’être à l’écoute du besoin de l’autre, dans le respect de son cheminement personnel.
Cette question occupe également l’esprit du pasteur Nils Phildius depuis un moment déjà. Après plusieurs années d’ateliers de spiritualité chrétienne proposés à un large public à la Maison bleu ciel (https://www.maisonbleuciel.ch/) et face aux demandes récurrentes des participants à obtenir « quelque chose d’écrit », Nils, au terme d’une longue recherche personnelle propose son livre « Se goûter Un en Dieu: Approche non duelle de la spiritualité ». Sensible au langage, il souhaite « parler bilingue », car il a lui aussi observé à quel point certaines notions universelles sont traduites dans un vocabulaire particulier selon sa culture ou son ancrage premier. C’est d’ailleurs l’ouverture qu’il a souhaitée avec le sous-titre de son ouvrage.
Une table ronde avec une question qui ouvre à d’autres questions ! Avec Nils Phildius, la question de la peur liée à cette situation. Si la peur face à un danger est un mécanisme normal de protection, la peur face à un danger qui découle de ce qu’on imagine ou de projections du pire est anxiogène et peut conduire à des comportements agressifs (face à une personne sans masque dans un bus, par exemple).
Comment préserver un monde de confiance, alors que la peur est bien présente ? Il faut trouver en soi un espace pour accueillir sa peur, et la dépasser. Offrir des paroles comme celle d’Es 43,5 « N’ayez pas peur » ne suffit pas, il faut permettre d’exprimer ses peurs, puis d’expérimenter la confiance en Dieu. Federica Cogo nous apporte son témoignage, elle choisit de risquer un contact, avec l’aval de l’autre personne, pour accueillir et montrer une attention pleine de délicatesse.
Caroline Baertschi, comodératrice de l’échange et collaboratrice au Service catholique de catéchèse (SCC) quant à elle, se demande : « Quel monde pour nos enfants ? » Un monde sans contact physique et sans sourire ? Pourtant le toucher, dans le respect et la tendresse, est primordial pour un bon développement.
Puis Vanessa Trüb, comodératrice et pasteure notamment pour la jeunesse, nous fait part de son expérience, avec les jeunes, d’un cheminement sur les Béatitudes à envoyer par Whatsapp, dans le cadre d’un groupe qui permette la discussion, avec sa disponibilité pour des entretiens à distances avec les jeunes.
Comment assurer la prière hebdomadaire de Taizé pendant le confinement ? Voilà la question qui mène Sébastien Baertschi, agent pastoral collaborateur au SCC, à s’intéresser aux visioconférences, d’abord avec un usage des logiciels gratuits, puis des modalités payantes par confort face à quelques implantations bienvenues en pastorale de la jeunesse (PJGE).
Comment ça fonctionne ? Quelles sont les limites ? Quelle sécurité (virus, confidentialité, données …) ? Comment inviter et non pas répondre seulement à une invitation ? Voici les questions qui ressortent de l’assemblée présente lors de cet atelier technique.
Avant confinement, Skype (de Microsoft) était le plus utilisé sous nos latitudes des visioconférences. Depuis, les logiciels sont devenus foison… notamment Zoom, qui offre un temps d’environ 45 minutes pour sa version gratuite. Niveau sécurité, kMeet (du fournisseur Infomaniaks) a une offre optimisée.
Une fois une saine prise de distance élaborée vis-à-vis des aspects sécuritaires, des démonstrations, trucs et astuces sont échangés, autant techniques par rapport à l’une ou l’autre des plateformes, mais aussi de gestion de groupe qui diffère énormément d’une rencontre en présentiel, notamment avec la nécessité d’être plus directif, d’interpeller nommément les personnes, au risque sinon de voir s’installer le silence, etc. Les petits enfants, qui auront sans doute plutôt un accès via un natel, seront contents d’avoir un jouet entre les mains et pourraient être plus intéressés que ce que l’on pense… Si les enjeux catéchétiques sont quelque peu mis à mal avec un public jeune, le lien de communauté est pourtant ainsi maintenu, et cela est important, même si le temps de rencontre est réduit.
Chacun repart content, avec des connaissances précisées, et surtout un surplus de confiance pour utiliser, voire gérer ces nouveaux modes de réunions.
Toutes et tous présents préfèrent le réel, évidemment, et nous espérons avoir le moins possible besoin « de s’y (re) mettre » !
France Bossuet et Florence Auvergne-Abric, chargées de ministère à l’EPG, ont choisi, en lien avec la documentaliste Monique Anderegg, des jeux Covid-compatibles. Pour ce faire, le principe de base est que rien ne soit touché par deux personnes et que les distances soient respectées (pas de ballon qui passe de main à main, pas de cartes de jeux, pas de plateaux qui demandent aux joueurs de se tenir autours). Leur fiche récapitulative est accessible sur simple demande.
Seriez-vous passés à côté ? Le confinement ne vous a-t-il pas offert l’espace de les visualiser ? Pas de souci, les documentalistes de l’EspaceDoc du COEC vont vous permettre de corriger le tir… et qui sait, d’oser utiliser les séries lors de vos rencontres de catéchèse ?
En effet, c’est bien de cela qu’il s’agit, de séries, un média qui a le vent en poupe ! Si certaines présentées lors de ce CinéDoc des Portes-Ouvertes du COEC par notre documentaliste, Sophie Boucheron, ont joui d’une publicité impressionnante, d’aucuns penseront tout de suite à « The Young Pope », ou ont été diffusées sur des chaînes tout public telles que TF1, oui oui, il s’agit bien de « Ainsi soient-ils », ou encore Arte avec « Au nom du Père », d’autres, plus anciennes aussi, sont peut-être passées inaperçues, comme « La Petite Mosquée dans la Prairie » de nos amis canadiens.
Il y a aussi les mini-séries aux courts épisodes, telles « Sacristie ! » diffusée sur France2. Une d’entre elle a eu son heure de gloire auprès des jeunes sur Internet, j’ai nommé « Le Cathologue ».
Dans le registre des webséries et en lien avec ZeBible, Mme Boucheron mentionne aussi « 2-Day » où l’humour a également une grande place, ainsi que « Ma femme est pasteur », série genevoise encore en court actuellement.
Eh bien le vecteur image, d’abord, est très fort dans notre culture contemporaine, et ce simple fait est non-négligeable.
Ensuite, parce que les thématiques abordées sont riches, chaque série ayant sa signature propre, tant dans les histoires complexes développées, les personnages ô combien humains, le style (humour, drame, fiction, etc.) ou encore l’identité visuelle à l’esthétique parfois extrêmement léchée. L’on passe de (trop ?) jeunes papes, à des discernants au sacerdoce, de la filiation évoquée au sein d’une famille de pasteurs à l’ambiance en sacristie ou dans une collocation catholique, d’un mari dépassé par sa femme pasteur à la bourgade qui voit débarquer une autre façon de croire en son sein, entre autres.
Bien sûr, certaines vous plairont, d’autres moins, pourtant par des extraits choisis, toutes ont le mérite de poser de vraies questions de foi, et souvent avec humour, ce qui ne manque de pertinence dans notre société pluraliste et sécularisée. Alors, accepterez-vous le défi ?
En conclusion de la journée, Rose-May Privet Tshitenge, pasteure et codirectrice du COEC, nous invite à un bref temps de méditation, chant et prière. Avec le personnage biblique de Job, une méditation brève qui fait prend en compte l’expérience de la maladie et de la souffrance et ouvre à la confiance en Dieu.
Fabienne Gigon, Rose-May Privet Tshitenge, SD&C, septembre 2020