Après six semaines de confinement, l’Aumônerie auprès pour les requérants d’asile et les réfugiés (AGORA) a rouvert ses locaux, aux Tattes (Vernier). C’était il y a exactement un mois, le lundi 4 mai 2020. Aujourd’hui, la reprise des activités se poursuit graduellement et les premiers bénéficiaires sont les enfants. Parmi les activités proposées par l’AGORA pour les plus jeunes : un atelier d’expression sur le confinement. « A partir d’un dessin représentant deux oiseaux dans une cage, nous leur avons demandé de raconter une histoire », explique Nicole Andreetta, aumônier catholique de l’AGORA.
Une douzaine d’enfants, entre 6 et 12 ans ont participé à l’atelier. L’activité s’est déroulée dans la joie de se retrouver, un jour de grand soleil, dans le respect des règles sanitaires et avec l’encadrement de six adultes.
Presque tous les récits de ces très jeunes auteurs, que nous n’avons pas résisté à vous proposer ci-dessous, racontent la soif de liberté et connaissent une issue heureuse !
Sara et Genevra : Deux oiseaux sont enfermés dans une cage. Ils se disent : « On va faire un plan pour s’évader ! On va faire du bruit et les gens vont venir. » Ils font plein de bruit et ils crient : « Ouvrez-nous, on veut sortir !» Les gens ouvrent la porte de la cage. Les oiseaux sortent. Ils vont sur un arbre. Ils cherchent des petites branches et des choses douces pour faire un nid. Parce que le nid, c’est leur maison. Alors ils sont contents. Ils chantent et s’amusent.
Joël, le petit : Deux oiseaux, Chromo et Mario, sont enfermés dans une cage. Ils voudraient aller se promener. Ils cherchent une clé pour sortir. Ils la trouvent derrière la cage. Ils ouvrent la porte. Ils partent se promener dans la forêt et ils mangent des vers de terre. Après, ils dorment dans la forêt.
Lisa : Deux oiseaux sont enfermés dans une cage. Ce sont deux sœurs, Ryana et Amelia, qui n’écoutent jamais leurs parents. Elles sont sorties sans permission. Une méchante personne les a attrapées. Depuis ce jour, elles sont dans une cage. Un jour, elles réussissent à s’enfuir et rentrent à la maison. Et depuis ce jour, elles écoutent toujours leurs parents.
Joël, le grand : Deux oiseaux sont enfermés dans une cage. Ils se parlent : « On va appeler nos amis pour qu’ils viennent nous libérer. Les amis arrivent et font un trou dans le fond de la cage. Les deux oiseaux sortent par le trou et retournent dans leur vie d’avant. Vive le retour dans la vie d’avant !
Tatiana : Il était une fois deux oiseaux, très tristes car ils étaient enfermés. Un jour, pendant que les gardiens les nourrissaient, ils se sont évadés. Ils volèrent très loin pendant plusieurs jours. Enfin, ils trouvèrent un grand arbre, tout coloré ! Ils décidèrent de vivre ici en liberté.
Sara, Genevra et Salomé: Il était une fois deux oiseaux, Lili et Este, enfermés dans une belle cage dorée. Ils rêvaient de sortir pour profiter de la nature. Ils imaginaient qu’ils volaient dans une belle et grande forêt Un jour, le gardien oublia la clé en or sur la table, tout près de la cage. Lili, la maman oiseau se penche en avant pour essayer d’attraper la clé. Elle essaie plusieurs fois et réussit a enfin à attraper la clé dans son bec. Elle ramène la clé en or et réussit enfin à ouvrir la porte. Et les oiseaux s’envolent pour rejoindre la nature.
Catri :Il était une fois des petits oiseaux qui volaient dans le ciel. Deux petits oiseaux furent blessés par un oiseau plus grand. Un monsieur les trouva et les mis dans une cage pour les soigner.
Parmi les autres activités proposées aux enfants figurent la réalisation d’oiseaux-messagers, une suggestion d’ATDQuart monde, et la fabrication d’une« pignata corona » !
Dans le respect de la tradition, le ballon coloré en papier mâché aux airs de virus a été par la suite vaincu à coup de bâton par les enfants, qui se sont partagé le contenu de sucreries.
La mission de l’AGORA est d’accompagner les requérants d’asile, par une présence, une écoute, un soutien concret dans la vie quotidienne et dans les démarches.
Durant le confinement, en dépit de la fermeture des locaux, les activités des aumôniers, des stagiaires et des bénévoles ne se sont jamais interrompues. « Nous avons continué à répondre aux appels et à rencontrer les personnes, mais en dehors, notamment avec des entretiens dans les parcs, des courses pour les familles ou des traductions pour les juristes qui accompagnement les requérants d’asile dans leurs démarches », explique Nicole Andreetta,.
Dès la première demi-journée de réouverture, plusieurs personnes sont venues pour des entretiens ou pour demander quand reprendrait l’ensemble de nos activités. « Pour l’heure il s’agit d’une ouverture progressive et partielle. Quelques activités, comme les cours de français et d’informatique, vont démarrer la semaine prochaine », annonce l’aumônier catholique.
SD&C, juin 2020
Crédit images récits d’enfants: ©AGORA