Communiqué de presse des Eglises Catholique chrétienne, Catholique romaine et protestante de Genève
CONCERNE : loi sur la laïcité et lancement de référendums
Les Eglises catholique chrétienne, catholique romaine et protestante de Genève ont pris acte du résultat issu du débat parlementaire sur la loi concernant la laïcité de l’Etat (LLE). Dans un contexte où la lisibilité religieuse à Genève est moins nette qu’il y a encore vingt ans (du fait notamment de leur propre affaissement mais aussi de la diversification religieuse et de la montée significative d’une population athée, agnostique, désaffiliée ou simplement indifférente), nous relevons que, dans tout ce processus, l’Etat s’efforce de s’offrir des outils pour les enjeux du temps présent. Tout en restant juridiquement incompétent sur la question (il ne saurait avoir la moindre qualité en matière de doctrine), il se donne donc des moyens pour penser la pluralité convictionnelle à Genève et pour mieux connaître les enjeux sociaux et politiques qui en découlent, dans l’idée de garantir la liberté de conscience, de (non-)croyance et la paix dite religieuse (art. 1 et 10). Nos Eglises sont reconnaissantes de cette prise de conscience par les pouvoirs publics, dans la mesure où elles sont été, depuis des décennies, les premières artisanes de cette paix-là, et où elles continueront de s’engager sur ce front important pour la cohésion sociale.
Nous tenons à souligner l’application avec laquelle la question de la laïcité et des relations entre l’Etat et les communautés religieuses a été abordée, d’abord par le groupe de travail sur la laïcité, piloté par Jean-Noël Cuenod, puis par la Commission des droits humains du Grand Conseil. Cela a permis un débat contrasté au Grand Conseil, qui ne fut certes pas toujours à la hauteur du sujet, mais dont le résultat nous apparaît comme honorable. Nous relevons que, malgré quelques points critiques, sont posées les bases d’une compréhension bien genevoise de la laïcité, à des lieues de certaines tentations ou crispations laïcistes (fort éloignées de l’esprit dans lequel tout cela fut initié, tant en France qu’à Genève, au début du XXe siècle): à savoir que la laïcité ne traduit pas un désintérêt ou une défiance de l’Etat vis-à-vis des questions religieuses, mais une neutralité attentive, informée, responsable et respectueuse.
Nous soulignons dès lors que cette loi permet des avancées significatives en ce qui concerne notamment :
Cela dit, le fait d’avoir été entendus sur la question de la contribution religieuse volontaire n’endort pas notre attention. Cette loi n’est pas parfaite et ne règle pas toutes les questions; elle entretient et crée même ici ou là des champs de tensions:
Tout bien considéré, ces attentions ne vont pas jusqu’à remettre en cause notre soutien global à la Loi adoptée par le Grand Conseil. Celle-ci pose les bases de relations que nous espérons sereines et fécondes entre l’Etat et les différentes communautés religieuses. C’est pourquoi nos trois Eglises ne soutiendront pas les référendums récemment lancés contre cette loi.