Connaissez-vous la « Prière des Mères » ? Elle s’adresse bien sûr aux mères, mais également à toutes les femmes au cœur de mère qui désirent prier ensemble pour leurs enfants, petits-enfants et tous les enfants du monde. L’initiative a démarré en Angleterre en 1995 et s’est répandue dans 118 pays. À Genève, il existe une trentaine de groupes de Prière des Mères. Nous avons rencontré Christine Delalande et Irène de Escoriaza. Elles sont à l’origine du premier groupe dans notre région. Depuis plusieurs années, Christine Delalande est coordinatrice de la Prière des Mères pour la Suisse.
Une croix, une bougie, une bible et un panier sont disposés sur une table basse d’un salon. Ponctuelles, à 8 h30 du matin, des femmes arrivent. Elles sont six. Elles se saluent et s’assoient en demi-cercle. La bougie est allumée. La Prière des Mères commence.
La Prière des Mères comporte plusieurs étapes, toujours selon le même canevas, détaillé dans un livret d’une trentaine de pages : invocation de l’Esprit-Saint, demande de pardon, de protection, prière de louange, de remerciement, d’unité, lecture d’un passage de la Bible et prière d’Abandon (le moment le plus important où chaque mère vient déposer au pied de la Croix chacun de ses enfants inscrit sur un rond de papier). Par ce geste, accompli en prière silencieuse, chaque femme « place en toute confiance ses enfants dans les bras de Jésus ». Il résume à lui seul l‘essence de cette prière conçue pour toute femme au cœur de mère, sans exclusion.
Lors des temps de pause, chaque femme peut s’exprimer par une prière, un chant ou une méditation silencieuse.
« La Prière des Mères est une prière d’Abandon. Ce n’est pas une check-list de demandes adressées à Dieu, selon notre compréhension et nos désirs. Le Seigneur sait qui nous sommes et ce que traversent nos enfants et c’est une grâce de pourvoir les lui confier dans la prière », explique Christine Delalande, chez qui se déroule ce matin la Prière des Mères.
« Les mères n’ont pas attendu la Prière des Mères pour prier pour leurs enfants ! Toutefois, cette forme de prière est en phase avec notre époque. Alors que nous vivons dans une société qui voudrait tout contrôler, j’y vois un cadeau pour notre temps, afin d’accueillir nos faiblesses et laisser agir le Seigneur ».
L’Abandon n’est de loin pas instinctif pour une mère, il faut donc l’apprendre et se retrouver en groupe favorise cet apprentissage. « Les groupes permettent de nous porter les unes les autres, de partager l’enseignement de l’Abandon. »
« Il y a toutes sortes de personnes qui participent à la Prières des Mères, dont des femmes qui ne mettent plus les pieds à l’église et qui sont contentes de se retrouver pour prier avec d’autres. Les groupes, de 2 à 8 femmes, se constituent de façon spontanée, de bouche à oreille ou lors de rencontres. La seule démarche est de s’engager à se retrouver pour une heure de prière par semaine au domicile de l’une des membres du groupe. Les deux piliers de nos réunions de prière sont la confidentialité et de ne pas se donner de conseils ! », précise Christine Delalande, coordinatrice nationale du mouvement. Elle est aidée par plusieurs coordinatrices dans différents cantons au service du mouvement. En cette qualité, elles accompagnent parfois des groupes qui démarrent, répondent au courrier, et fournissent le matériel.
Pour cette mère de quatre enfants « se réunir, prier ensemble, dans le respect et sans mainmise, c’est converger vers le Seigneur. Nous ne sommes pas des copines qui se retrouvent. C’est l’Esprit qui nous unit. C’est le Seigneur qui console. Chaque semaine nous pouvons avoir des raisons différentes de prier ».
Irène de Escoriaza, membre du groupe, abonde dans ce sens : « Il ne s’agit pas de se retrouver pour échanger des conseils, mais de se laisser guider par Dieu. La prière des Mères nous enseigne la confiance, à être humble ».
« Cette attitude nous rappelle que nos enfants ne nous appartiennent pas et que le Seigneur les connaît mieux que nous. Une fois par semaine, durant une heure, nous lui remettons nos enfants et nous abandonnons nos craintes et nos soucis dans les mains du Seigneur ». Pour Irène, également mère de quatre enfants, « dans un monde troublé, cela permet de garder l’espérance. Grâce à cette prière, nous devenons de meilleures mères. Nous sommes moins sur le dos de nos enfants, surtout à l’adolescence, quand cela devient parfois difficile de leur laisser l’espace et la liberté. Un jour, ma fille m’a dit « maman, tu as changé. Et il est vrai il y a une forme de paix qui agit en nous. Nous devons croire que le Seigneur répond à nos prières, même si ce n’est pas de la façon que nous pensons », confie celle qui a joué un rôle fondamental pour l’ouverture des premiers groupes de Prières des Mères à Genève.
La Prière des Mères est née en Angleterre en 1995. Il ne s’agit pas d’un mouvement d’Église, mais elle a reçu la bénédiction des Églises, au pluriel, car la Prière est œcuménique.
La fondatrice est Veronica Williams. Touchée par les problèmes auxquels sont confrontés les jeunes de nos jours, elle s’est sentie appelée pour proposer de prier d’une façon toute particulière pour les enfants.
Aujourd’hui, des groupes de Prière des Mères sont présents dans 118 pays et les livrets pour accompagner les rencontres sont traduits dans plus de 40 langues, expliquent Christine et Irène. C’est ensemble qu’elles ont œuvré pour ouvrir les premiers groupes de Prière des mères à Genève.
« Irène a été le maillon, l’instrument. Elle connaissait une femme à Genève partie en Angleterre où elle a rencontré Veronica, et qui lui avait envoyé le livret de la Prière des Mères », se souvient Christine. Irène poursuit : « Je l’ai laissé de côté. Mais en 2000, je traversais un moment difficile et j’avais besoin de confiance. J’en ai alors parlé à Christine et à d’autres amies. Ce sont elles qui ont dit : ‘on commence’ !»
Par la suite, les deux femmes ont organisé la venue de Veronica Williams à Genève pour une conférence devant un public de 70 femmes à la paroisse Saint-Paul. « Plusieurs sont parties avec l’idée d’ouvrir un groupe » et la Prière des Mères a pris pied dans le canton. Il existe aujourd’hui environ 30 groupes à Genève et de nouveaux groupes continuent à se former. Dans le canton, le mouvement propose régulièrement des messes à l’intention de la fondatrice et des moments de rassemblement des groupes pour prier pour tous les enfants du monde.
La « Prière des Pères » a aussi démarré en Angleterre en 2004 et s’est répandue dans de nombreux pays, à notre connaissance il n’y a pas (encore ?) de groupe à Genève.
(Sba)
Contacts et informations: 022 349 97 24 switzerland@mothersprayers.org www.prieredesmeres.com
SD&C, Février 2020