La pandémie du coronavirus a accentué la fragilité des plus démunis et l’offre de l’Eglise a dû s’adapter.
La Pastorale des Milieux ouverts (PMo) de l’Eglise catholique romaine à Genève travaille avec des personnes qui vivent dans la rue ou qui sont dans une grande précarité à Genève. Jour après jour, ce service pastoral accompagne une centaine d’hommes, de femmes et d’enfants.
Depuis l’entrée en vigueur des mesures de confinement pour contenir la propagation du coronavirus, la situation s’est aggravée. Beaucoup de structures d’aide sociale ont en effet dû fermer ou ont changé les modalités de fonctionnement.
En collaboration avec l’Eglise protestante à Genève et quelques paroisses, la PMo a dès lors modifié ses activités afin de prendre en considération le nouveau contexte. Elle propose désormais un accueil différent et plus soutenu. « Notre mission reste celle d’œuvrer pour le respect de la dignité de toute personne, sans distinctions », souligne Inès Calstas, responsable de la PMo. Les activités de conseil et d’accompagnement se poursuivent par ailleurs.
Trois fois par semaine, les personnes peuvent venir à la paroisse de Montbrillant, près de la gare, pour manger un repas à l’emporter, reçu dans d’autres structures d’aide aux plus vulnérables, pour se reposer autour d’un café ou pour s’occuper des potagers.
« Les amis de la PMo s’occupent du jardin potager de Montbrillant, du nettoyage du parvis de l’église catholique Sainte-Jeanne-de-Chantal et du jardinage de la paroisse protestante de la Servette. La PMo a toujours travaillé pour que les personnes exclues puissent montrer leurs savoir-faire et leurs compétences. Aujourd’hui, ces personnes ont dû prendre plus de responsabilités qu’autrefois, nos partenaires leur font cent-pour-cent confiance. Cette dynamique travail-confiance leur permet d’améliorer leur résilience, de cultiver des émotions positives, d’accepter les défis et entretenir un réseau de solidarité», explique Inès Calstas.
« Une fois par semaine, nous partageons un repas chaud, cela fait du bien au coeur », précise l’assistante pastorale.
Toutes ces activités se déroulent dans des lieux qui permettent de respecter les consignes de sécurité et d’hygiène.
« À la suite de la fermeture du Point d’eau, un espace d’hygiène gratuit pour toute personne démunie, nous avons ouvert tous les jours un espace douche et machine à laver au Temple de la Servette. Nous avons également pu ouvrir un nouveau vestiaire, grâce à la solidarité de nombreuses personnes », fait valoir l’assistante pastorale.
Pour les familles dont les conditions de précarité se sont aggravées et qui ne peuvent plus aller au Colis du cœur, nous organisons une distribution hebdomadaire de paniers, avec des biens de première nécessité. Nous aidons également les enfants à continuer leur scolarisation à distance », poursuit Inès Calstas.
Depuis plusieurs mois, la PMo propose un atelier où les personnes en situation de précarité peuvent réaliser des travaux de couture. Face à la pénurie de masques d’hygiène dans le contexte pandémique, les membres de l’atelier se sont renseignés pour fabriquer des masques en tissu qui respectent les normes établies dans le cadre de la lutte à la propagation du Covid-19. « Ces masques sont destinés en premier lieu aux personnes en situation de précarité. Nous verrons par la suite si nous allons les proposer aussi au public », remarque la responsable de la PMo. Les masques en tissu de l’atelier de la PMo répondent aux normes dites « AFNOR ».Il s’agit de « masque barrière ». Celui-ci vise à protéger la population saine, en complément des indispensables gestes face au Coronavirus. Cette protection est homologuée, mais son niveau d’exigence est moins ambitieux que celui des masques chirurgicaux et FFP2 pour le personnel de santé.
Un appel a été lancé sur les réseaux sociaux pour collecter des biens de première nécessité pour les familles. La PMo recherche en premier lieu des produits tels que lait en poudre, petits pots, couches, lingettes et des livres pour enfants
Il est possible de les déposer à la Paroisse de Montbrillant (Rue Baulacre 16, Contact : Inès Calstas 076 384 74 92) ) ou à la paroisse Sainte Clotilde (Avenue de Sainte-Clotilde 14, Contact : Sandra Golay 079 559 35 40).
Les personnes soutenues et accompagnées par la PMo, ne reçoivent le plus souvent pas d’autres formes d’aide. Il s’agit en premier lieu de personnes qui sont hors système. Des sans-papiers, des personnes déboutées de l’asile, d’anciens détenus, Européens sans statut ou avec des conditions de travail très précaires. La Pmo accueille également des personnes qui sont seules et isolées. Elles auraient le droit à une aide, mais elles ont rompu avec l’Hospice général ou sont en mauvaise relation avec leur curateur.
Pour ses activités en faveur des plus démunis en période de coronavirus, la PMo a reçu un soutien exceptionnel de nombreux particuliers, de la Paroisse Sainte-Clotilde et de la Chaîne du bonheur.
Image: PMo
SD&C, avril 2020