La date de la reprise des célébrations religieuses n’est pas encore connue, mais les évêques suisses souhaitent que les églises se préparent d’ores et déjà. Compte tenu des premières mesures d’assouplissement dans d’autres domaines de la vie publique, la Conférence des évêques suisses se prononce en faveur d’un assouplissement de l’interdiction de messes publiques. L’Eglise catholique entend naturellement respecter les prescriptions fédérales en vigueur, notamment celles qui concernent l’hygiène et la distance sociale. La Conférence des évêques suisses a ainsi publié un plan-cadre de protection * avec une série de directives pour réduire les risques de propagation du coronavirus (COVID-19) lors des célébrations . Il sera valable dès le jour décidé par le Conseil fédéral, précise un communiqué de la CES.
Nous faisons le point avec l’abbé Pascal Desthieux, Vicaire épiscopal à Genève.
Quel est le message des Évêques ?
La Conférence des évêques suisses fait sienne l’espérance de bien des fidèles de pouvoir bientôt célébrer à nouveau des messes publiques, mais rappelle que les contraintes sont un geste de respect, pour soi et les autres, et que le plein rétablissement de la vie ecclésiale et religieuse n’est pas pour tout de suite. Il dépendra de l’évolution de la situation. En ces temps difficiles, nos évêques soulignent aussi que les messes publiques ne constituent qu’une partie de ce qui fait la richesse de la vie chrétienne ! Ils mentionnent notamment des pratiques comme la liturgie domestique et la prière à la maison, en famille, mais également par les personnes vivant seules.
Dans l’attente de connaître une date pour la reprise des messes, la Conférence des évêques suisses (CES) a publié un plan-cadre de protection pour se préparer à la reprise des célébrations publiques. Quelles sont les dispositions ?
Ce plan décrit minutieusement les mesures pratiques qui permettent de respecter les prescriptions de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Bancs, portes et autres points de contact devront par exemple être désinfectés avant les messes. Le nombre de personnes autorisées à entrer dans les églises devra être limité à un tiers du nombre maximum possible et chaque fidèle doit disposer d’un espace de 4m2 au minimum. Le texte des évêques souligne qu’il faudra prévoir des mesures adéquates pour ces distances nécessaires soient respectées. Par exemple la fermeture d’un banc ou ligne de chaises sur deux ; éloignement des chaises ; marquage en couleur des places.
Faudra-t-il dès lors réserver sa place avant d’aller à la messe ?
En effet, pour éviter qu’aux messes bien fréquentées certains fidèles qui se présentent soient renvoyés, les évêques recommandent la mise en place de mécanismes de réservation et de places numérotées. Des solutions pourront être proposées aux fidèles qui ne pourront pas rentrer dans l’église : un autre lieu, une autre date, éventuellement en semaine.
Nous vivons une situation extraordinaire qui nous dicte des comportements de prudence et une plus grande organisation. Je suis confiant que, comme d’autres secteurs, nous serons en mesure de répondre aux défis qui se posent. Tout doit être mis en œuvre pour que les rassemblements en église ne deviennent des foyers d’infection.
Les personnes dites vulnérables pourront-elles participer aux célébrations ?
Les fidèles qui sont malades ou se sentent malades sont sollicités à ne pas se rendre à la messe. Dans le respect des mesures prescrites, ils peuvent recevoir la communion chez eux par des personnes formées et mandatées pour cela. Les évêques conseillent aux fidèles faisant partie des groupes à risque de ne pas fréquenter la messe dominicale. La CES précise que, toujours dans le respect absolu des dispositions étatiques, ils peuvent fréquenter la messe en semaine comptant moins de fidèles
D’autres dispositions sont prévues. En entrant dans les églises, au lieu de tremper le bout des doigts dans l’eau bénite des bénitiers, les fidèles devront par exemple se nettoyer les mains avec un produit désinfectant virucide !
En effet, les bénitiers resteront vides et il est recommandé que les fidèles se désinfectent les mains avant d’entrer dans l’église. L’échange du signe de la paix est supprimé et plusieurs directives sont prévues pour la communion. Par exemple, le dialogue « Le Corps du Christ » – « Amen » sera prononcé communautairement avant que l’on procède à la distribution de la communion. Pour recevoir l’eucharistie, il faudra respecter les distances et les règles d’hygiène. L’ensemble de ces dispositions peut paraître lourd à observer, mais il ne dénature pas les messes et je suis certain que le jour où nous allons pouvoir à nouveau célébrer ensemble la joie l’emportera sur ces quelques désagréments.
Qu’en sera-t-il des baptêmes, des premières communions, des confirmations et des mariages ?
Ils sont conditionnés au respect rigoureux des normes de protection établies en matière de distance sociale et d’hygiène. S’il est possible de reporter la fête, il faut le faire, en accord avec la famille, car il faut éviter les grands rassemblements.
Et pour les funérailles ?
Le coronavirus a bouleversé le processus de deuil, qui passe aussi par la célébration de funérailles en présence des personnes chères, par des gestes de contact et de proximité qui ne peuvent pas avoir lieu. Les obsèques dans la plus stricte intimité sont difficiles à vivre pour la famille et les proches qui ne peuvent pas y participer.
Dès le 27 avril, les conditions ont été néanmoins assouplies. Les obsèques doivent être toujours célébrées avec aussi peu de monde que possible. Toutefois, le nombre total de personnes présentes dépend maintenant du choix du lieu où se déroule la cérémonie. Comme pour les messes, les curés doivent établir un plan de protection et calculer pour chaque église ou chapelle le nombre maximum possible de participants. Pour les chapelles du centre funéraire à Genève, ce nombre est de 27 personnes.
Image ©ECR
SD&D, 29 avril 2020
*Il énumère des objectifs-type, offrant une orientation auxdits diocèses et abbayes territoriales quant à leurs propres concepts de protection, qui demandent à être adaptés par ceux-ci, en collaboration avec les autorités cantonales correspondantes, aux situations concrètes saisies.
++ATTENTION: . Le 25 mai 2020 la Conférence des évêques suisses a publié un nouveau plan cadre pour la célébration des messes ++