Suite aux annonces de déconfinement sectoriel faites ce mercredi 25 novembre par le Conseil d’Etat lors de sa conférence de presse, nous avons vivement regretté qu’aucune mention n’ait été faite d’un horizon qui concernerait les communautés religieuses, en particulier dans ce temps de l’Avent et à l’approche de Hanoukkah. Noël a été réduit aux achats, aux repas de famille, aux vacances. Nous avions pourtant tendu la main au Conseil d’Etat par lettres il y a une douzaine de jours à ce propos pour demander une concertation.
Depuis l’éclatement de la crise au printemps, nos communautés religieuses ont été des actrices très concernées, impliquées et responsables, pas seulement pour les funérailles. Elles sont demeurées en contact régulier et constructif avec le DSES pour apprécier l’évolution de la situation et les réglages fins. Depuis le 1er novembre, à Genève, elles sont sous l’effet d’une interdiction de culte et d’activités présentielles publiques. Aujourd’hui, elles se trouvent toutefois négligées, de manière incompréhensible, alors qu’elles ont acquis au fil de la crise et en particulier lors du déconfinement une expérience indéniable et qu’elles suivent des plans de protection stricts et adaptés à la situation, dans des lieux réputés sûrs et assez spacieux.
Par ailleurs, face aux enjeux de santé publique du moment, pour lesquels nous nous engageons en pleine solidarité, nous sommes de ceux qui prennent soin spécifiquement de la santé spirituelle de la population genevoise. Cet aspect est familier au CHUV-VD, mais peu considéré à Genève. Cette santé-là participe pourtant de la santé mentale (mise à mal par la situation, on le sait), donc aussi de la santé tout court. Dans cette prise en charge et ce soin, la question du lien et de la vie communautaire est primordiale, et elle ne peut se contenter d’être atomisée trop longtemps.
Dès lors, de même que les cantons romands se sont mis d’accord pour annoncer la réouverture des restaurants au 10 décembre, de même nous demandons, comme première étape et par examen comparé de la proportionnalité des risques, une plus grande équité de traitement et la levée de l’interdiction ciblée dont nous sommes l’objet pour les cultes, messes et cérémonies religieuses, selon la taille du lieu de culte avec une garantie de distance entre chaque personne, avec tous les protocoles nécessaires. Rappelons que grâce à l’expérience acquise et au travail déployé depuis des mois, les funérailles ont pu être préservées ces temps avec une jauge de 50 personnes.
Nous souhaitons aussi rappeler que la liberté de croyance, garantie par notre Constitution genevoise, est aujourd’hui contrariée, certes pas menacée, alors qu’elle se traduit également par le droit d’exercer sa religion convenablement. Pour beaucoup de croyant.e.s genevois.es, il est douloureux de ne plus avoir la possibilité de pratiquer et célébrer leur foi en participant à la vie cultuelle (avec toutes les précautions requises actuellement), ce qui ne peut pas se faire valablement par médias interposés ni isolement social.
En tout cela, nous ne saurions plaider que pour nous: comme membres de la société civile, sous régime associatif, nous sommes aussi sensibles aux acteurs et actrices, notamment dans le milieu de la culture, qui contribuent au bien-être spirituel et mental des gens dans ces temps compliqués. Mais nous exerçons une responsabilité et avons une compétence que nous souhaitons voir prises au sérieux par nos autorités, et traduites dans les faits autrement que par confinement ou relégation.
M. Jean Lanoy curé de l’Eglise catholique chrétienne |
M. l’abbé Pascal Desthieux Vicaire épiscopal de l’Eglise catholique romaine |
M. le pasteur Blaise Menu Modérateur de l’Eglise protestante de Genève
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M. François Garaï Rabbin de la Communauté juive libérale
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Genève, le 27 novembre 2020