Mise à jour le 17.06.2020 : Le projet des Masques du coeur a été un succès, merci à tous pour votre soutien ! Nous avons atteint notre objectif qui était de lever CHF 7000 en deux semaines. Vous avez été nombreux à vous mobiliser pour que cet atelier de couture pas comme les autres puisse continuer à créer des masques pour les plus démunis. Merci, du fond du cœur.
Mettre sur pied un atelier pour aider les plus démunis à créer leurs propres outils de protection en pleine crise sanitaire ? C’est exactement ce qu’a fait l’Église catholique romaine (ECR) pour répondre à un besoin pressant des personnes en situation de précarité, en convertissant son atelier de couture à la réalisation de masques anti-virus. Depuis le mois de mars, les plus démunis confectionnent eux-mêmes des masques en tissu. Ils sont accompagnés par une équipe de bénévoles expérimentés. « Cette initiative unique met en valeur la capacité de la Pastorale des Milieux ouverts d’être à l’écoute des personnes qu’elle accompagne », souligne l’abbé Pascal Desthieux, Vicaire épiscopal à Genève.
« Plus d’un tour dans mon sac » est le joli nom de l’atelier de couture de la pastorale de rue (ou PMo pour Pastorale des Milieux ouverts) de l’ECR. Il résume bien la philosophie de ce service qui veut permettre aux personnes en situation de précarité d’être acteurs de leur vie par des activités aptes à mettre en lumière leurs compétences et les valoriser.
Le dernier tour que l’atelier a sorti de son sac s’inscrit dans le contexte de la crise sanitaire du coronavirus. En mars déjà, cet atelier, initialement ouvert pour recycler des parapluies hors d’usage en sacs pliables, s’est reconverti dans la confection de masques-barrière en tissu, afin de répondre au besoin exprimé par nombre d’hommes et de femmes qui fréquentent la PMo.
L’idée de produire des masques est venue des participants eux-mêmes, explique Inès Calstas, responsable de la PMo. Les personnes en situation de grande précarité ne peuvent en effet pas se permettre d’acheter des masques dans le commerce, et cela accroît leur stigmatisation. Non seulement sont-elles vues comme inactives, mais elles sont aussi désormais perçues comme un risque en ne participant pas à l’effort collectif de protection sanitaire, souligne Inès Calstas.
L’une des responsables de l’atelier, Nicole Simonnin, s’est documentée afin de réaliser des masques lavables qui respectent des recommandations en matière de protection. Très vite, la production a pu démarrer dans le petit atelier du Temple de Montbrillant. Aujourd’hui, une dizaine de bénévoles et personnes en situation de précarité réalisent des masques aux couleurs vives et en vérifient la qualité, sous l’œil attentif de Rachel Nyiraneza, maître couturière bénévole. Ils reçoivent un dédommagement de CHF 2,50 par masque.
La PMo souhaite atteindre une production totale de 800 masques, afin que chacune des personnes qu’elle accompagne puisse en recevoir quatre pour elle et les siens. « Les personnes qui reçoivent les masques obtiennent également des indications sur les règles d’hygiène pour une utilisation correcte », insiste la responsable de la PMo.
La précarité accroît l’exposition au Covid-19 et inquiète les personnes défavorisées. Selon une étude des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et Médecins sans frontières (MSF) les personnes précarisées à Genève sont 3,5 à 4,5 fois plus exposées au virus que la population globale. Cela est notamment dû à la présence de nombreux facteurs de vulnérabilité, dont la promiscuité ou la difficulté à respecter les règles de protection sanitaire.1
L’atelier avait l’habitude de travailler avec de la matière première de récupération. Pour les masques, cependant, il faut acheter des tissus de qualité, qui ont un coût. C’est pourquoi la PMo lance aujourd’hui un appel à la solidarité avec une opération de financement participatif au travers d’une plateforme de crowdfunding sur le site de l’ÉCR. L’objectif est d’atteindre la somme de CHF 7’000 pour l’achat des tissus et les dépenses annexes.
L’atelier de couture n’est pas une simple usine textile, c’est d’abord un lieu de vie et de rencontre qui s’inscrit dans l’approche inclusive de la PMo dont le but est de faire des personnes qu’elle accueille des acteurs de leur vie. La reconversion de l’atelier de couture n’est par ailleurs pas la seule initiative mise en œuvre par la PMo dans le contexte de la crise sanitaire.
A l’arrivée du virus, la PMo a accru ses actions et adapté ses activités afin de respecter les normes sanitaires et de les promouvoir. Dans les locaux mis à disposition par la paroisse protestante de Montbrillant, elle propose trois fois par semaine un espace de partage avec un repas offert, parfois préparé ensemble, suivi d’un moment de convivialité autour d’un café́ ou d’activités dans le potager urbain collectif. Elle a également initié des activités de soutien scolaire pour les enfants et ouvert un nouveau vestiaire. Un espace douche complété de l’accès à un lave-linge est de plus disponible au Temple de la Servette. Face à des besoins croissants, la paroisse Sainte-Clotilde a lancé avec succès un appel sur les réseaux sociaux afin de collecter des biens de première nécessité́ pour les jeunes enfants. Grâce notamment au soutien de la Chaîne du bonheur, des paniers sont distribués sous forme de bons d’achat à près de 100 familles.
Pour plus d’informations
Silvana Bassetti, responsable de l’information ECR silvana.bassetti@ecr-ge.ch 022 319 43 47
Inès Calstas, responsable de la PMo de l’ECR ines.calstas@cath-ge.ch 076 384 74 92
1 Communiqué de MSF 11.05.2020 https://www.msf.ch/nos-actualites/communiques-presse/geneve-precarite-accroit-lexposition-au-covid-19-inquiete
Crédit image: Eric Roset