Geste de communion au moment de l’offrande, la quête est aussi une contribution des fidèles aux charges de fonctionnement de leur paroisse. Mais avec la pandémie et les mesures sanitaires, les paniers des quêtes n’ont pas échappé à la crise. Nous avons tenté d’établir un aperçu de la situation des paroisses du canton.
La suspension des messes, et donc des quêtes, durant plusieurs mois, puis la limitation du nombre des fidèles autorisés aux célébrations en raison des mesures sanitaires ont sérieusement entamé les finances de plusieurs paroisses du canton de Genève, selon les résultats d’un sondage du Courrier pastoral.
Vingt-deux paroisses, sur un total de 52, ont répondu à notre questionnaire. Les réponses indiquent qu’en 2020 toutes les paroisses ayant participé à l’enquête ont subi une baisse du produit des quêtes et que près de 3 sur 4 a connu une diminution importante, comprise entre 40% et 60% des revenus des quêtes par rapport aux années d’avant la pandémie. Ce déclin est amplifié par le report de nombreuses célébrations de mariage ou de baptême, qui réunissent des assemblées souvent nombreuses et généralement généreuses. Aux extrêmes, une paroisse indique pour 2020 une baisse inférieure à 10% alors qu’une autre enregistre une chute d’environ 80% des recettes des quêtes.
Durant le premier semestre 2021, avec moins de restrictions aux activités ecclésiales, le manque à gagner déclaré est plus limité : 2 paroisses sont remontées au niveau d’avant-pandémie et n’ont donc pas subi de perte et la part de celles qui enregistrent une régression de 50% des recettes des quêtes est inférieure à 15%. Près du quart des paroisses indiquent toutefois une baisse des rentrées des quêtes de l’ordre de 20% et un peu moins de la moitié constatent un fléchissement entre 30% à 50%.
La quête permet aux paroisses de faire face à leurs charges de fonctionnement, mais il ne s’agit pas de leur seule rentrée financière. Un nombre croissant de paroisses a diversifié les sources de revenus (placements, projets immobiliers…) pour couvrir les besoins. Selon les lieux, les quêtes représentent toutefois encore une part non négligeable des ressources : presque 30% des paroisses ayant participé au sondage évaluent à 20% la part des quêtes dans leur budget ; cette proportion grimpe à 50% pour presque une paroisse sur sept parmi celles qui ont participé au sondage. Dans ce contexte particulier, les traditionnels appels aux dons adressés aux paroissiens ont souvent suscité une réponse plus généreuse que la moyenne des années d’avant le Covid, mais n’ont cependant généré que peu de dons extraordinaires, selon notre sondage.
Les quêtes diocésaines, en faveur de fondations, associations et institutions comme Caritas, Missio ou l’Université de Fribourg, n’ont pas été épargnées. Les résultats sont passés de presque 994.000 francs en 2019 à environ 597.000 en 2020, avec une reprise timide en 2021, indique le diocèse.
Pour les paroisses de Genève, d’autres sources de revenus, comme la location de salles, les kermesses et autres événements, ont été malmenées par la crise sanitaire.
Par exemple, la paroisse de Compesières (Bardonnex) a observé une baisse des rentrées des quêtes de 50%. Ces recettes ne représentent toutefois que 10% du budget de la communauté. Parmi les autres sources de revenus, Jean-François Mabut, président du conseil de paroisse, cite la location de la belle église pour les obsèques, les mariages et les concerts, avec notamment le festival de musique les Musicales de Compesières, et le loyer d’un appartement. Ces activités ont également pâti des restrictions sanitaires. Afin d’équilibrer les comptes, en rouge, la paroisse place aujourd’hui ses espoirs dans la location de la nouvelle salle paroissiale. « L’objectif est de faire tourner la salle paroissiale et de faire de l’église de Compesières un lieu emblématique dans la région pour les rituels, comme les mariages », explique M. Mabut. Pour l’heure, la paroisse peut compter sur deux legs reçus il y a une quinzaine d’années pour aller de l’avant.
La situation est à la fois différente et similaire, pour la paroisse de Veyrier. Ici le manque à gagner des quêtes a été moins important (-30% en 2020 et environ -20% durant les six premiers mois de 2021). Avant la pandémie, les quêtes couvraient 10% à 20 % du budget. Les autres rentrées proviennent des loyers d’un appartement et d’un bureau, d’une rente de superficie versée par la commune et de la lettre circulaire d’appel aux dons envoyée une fois par année aux paroissiens. « Des dons arrivent aussi par d’autres biais que la circulaire », remarque le trésorier de la paroisse, Patrick Panchaud. A ces sources de revenus, s’ajoutent les recettes de la kermesse, la location de la salle paroissiale et de l’église pour des concerts, ainsi que les mariages et les baptêmes. Mais avec le Covid les kermesses ont été annulées, les mariages ont été peu nombreux ainsi que les concerts et locations de salles. « La situation est difficile », souligne Patrick Panchaud.
D’autres paroisses semblent moins inquiètes. Celle du Christ-Roi, par exemple, indique qu’après une baisse en 2020 (-30%). En 2021 les quêtes ont rapporté plus que dans les années avant les restrictions sanitaires et que les souscriptions lancées ont donnée de bons résultats.
Un signe d’espoir pour l’ensemble des paroisses en ce début de nouvelle année ?
Article paru dans le Courrier pastoral n° 1, janvier 2022
image: quête et paroisses, crédits Godong