L’abbé Alain René Arbez propose une méditation sur le sens de croire en Dieu, que nous publions à l’occasion de la Fête de la Ste Trinité.
Je crois en UN SEUL DIEU ! Et non pas en un Dieu SEUL…
Croire en un Dieu Unique ne dit pas tout de Dieu ! L’histoire nous l’a montré. Je crois en un Dieu solidaire, et non pas solitaire. Solidaire de l’humain par amour pour nous. Dieu d’Israël, ami des hommes. Dieu dont le mystère nous dépasse.
Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, Dieu de relations vivantes, Dieu d’alliances renouvelées, fidèle malgré nos fragilités, de générations en générations. Et non pas le concept lointain, indifférent, des philosophes, ou la divinité capricieuse des mythologies antiques.
Dieu qui dialogue et qui interpelle l’humain : Adam, où es-tu ? (Genèse 3.9)
Dieu des promesses, Dieu de l’espérance qui relève et humanise, et non pas Dieu de la terreur qui écrase ou du fanatisme qui tue. Dieu de l’altérité qui respecte et encourage chacun à être.
Dieu qui se manifeste au Sinaï, et parle à Moïse au milieu des flammes du buisson d’épines. Des flammes qui ne détruisent pas mais éclairent. Des épines comme expression de sa solidarité avec nos souffrances. Je serai AVEC toi (Exode 3.12) dit Dieu en envoyant Moïse délivrer ses frères de toutes servitudes.
Je crois en cette libération qui se poursuit. Jalonnée des dix paroles, la Pâque se revit au fil du temps, de tous les temps, pour briser toutes les chaînes. Croire en Dieu, c’est clairement refuser de diviniser le cosmos, la nature, l’argent, le pouvoir…Croire en l’invisible dans un monde où règne l’image toute puissante…
Entreprise périlleuse, et le prophète Isaïe met toute sa confiance en cette présence bienfaisante de Dieu au milieu de son peuple : Dieu Emmanou-el, Dieu AVEC nous. (Isaïe 7.14)
Le Dieu de la Bible est proche de l’humain, intime à chacun/e de nous, sans rien perdre de sa transcendance et de son mystère. L’alliance, c’est cette union inimaginable, scellée pour toujours avec Israël, peuple témoin, particulièrement illustrée dans la vie pascale de Jésus, en ouverture à tous. Je suis AVEC vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps…(Matthieu 28.20)
Tout le message biblique affirme ce désir de Dieu d’épouser notre humanité, dans des noces de cœur et d’intelligence, dans des épousailles de communion avec le meilleur de nous-mêmes, pour raviver son image en nous, nous engendrer dans la paix et l’équité.
Dieu seul peut habiter en nous sans nous affaiblir, sans nous forcer la main… au contraire, sa présence discrète renforce ce qui est le plus cher à notre âme et à notre soif de vraie liberté, il fait naître ce que nous recherchons passionnément à travers nos itinéraires de vie…
Moissonneur céleste de nos étincelles d’amour, Dieu viendra en temps voulu rassembler les gerbes de nos actions les plus belles pour les engranger dans ses greniers éternels, et le plus petit grain lumineux de nos gestes fraternels ne sera pas perdu, seule la paille des vanités éphémères et illusoires brûlera au contact de cette fulgurante vérité et s’évanouira dans le néant.
A l’avènement définitif de la Parole, la fête d’un univers nouveau réconcilié avec la Vie illuminera les quatre horizons sous son regard aimant, et nos visages régénérés, purifiés de toute mort, exulteront de bonheur par-delà l’espace et le temps.
Abbé Alain René Arbez, mai 2021
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