« Au début j’ai pensé que c’était ridicule, absurde ! A quoi ça peut bien servir de répéter le même mot encore et encore ? »
Éloignée de l’Église, croyante en recherche menant une vie « dispersée et tumultueuse », Catherine Charrière a tout de même essayé. Comme suggéré par un ami, dans la même situation de quête spirituelle, elle a tenté la méditation chrétienne : une pratique simple qui ne demande qu’à répéter un mot « MA-RA-NA-THA », prière contemplative pour se recentrer et avancer vers la paix de Dieu. Depuis, elle n’a plus arrêté et sa vie – témoigne-t-elle – s’est transformée. Aujourd’hui, elle est coordinatrice nationale en Suisse de la Communauté mondiale pour la méditation chrétienne (WCCM). Elle animera dès septembre, un cycle de six rencontres sur l’introduction à la méditation chrétienne, organisé par Federica Cogo, responsable du Service de la spiritualité de l’Église catholique romaine à Genève, en partenariat avec la Maison bleu ciel.
« La méditation chrétienne est centrée sur Christ – précise-t-elle d’emblée- car dès qu’on parle de méditation, d’aucuns pensent que l’on s’éloigne de l’enseignement de Jésus. MA-RA-NA-THA est un mot araméen, la langue parlée par Jésus, qui signifie Viens, Seigneur. Il a été choisi car il n’évoque pas d’image et est composé par le son des quatre syllabes qui donnent un rythme à la pratique de cette prière contemplative », explique Catherine Charrière. L’idée n’est pas celle d’une prière de demande. C’est une formule pour entrer dans le silence et avancer au plus profond de notre être et faire l’expérience de Dieu, en lâchant prise. Cette pratique a été proposée par le moine bénédictin britannique John Main (1926-1982) et plonge ses racines dans une tradition des Pères du Désert, dont Jean Cassien, qui la pratiquaient et l’enseignaient.
Cette pratique, au moins 20 minutes deux fois par jour, est à la fois « simple et exigeante ».
Mais il ne s’agit pas uniquement d’une pratique solitaire. Le WCCM propose ainsi des rencontres en groupe, « très importantes pour se soutenir et vivre des moments de partage », avance Catherine Charrière. Le WCCM est aujourd’hui un réseau actif dans plus de 120 pays. La Communauté existe en Suisse, de façon informelle, depuis plus de 25 ans, avec la naissance du premier groupe de méditation chrétienne à Genève, au début des années 90. En 2016, la communauté s’est établie de façon officielle, avec la rédaction et l’adoption des statuts de la WCCM Suisse. A Genève, il y a deux groupes qui se rencontrent régulièrement. La Communauté est enfin membre de la CRAL, la Communauté Romande de l’Apostolat des Laïcs qui regroupe 23 mouvements laïcs actifs dans les cantons romands.
Le parcours « méditatif » de Catherine Charrière, née en Suisse, catholique et mère de deux enfants (21 et 23 ans), a commencé dans les années ’90. Un ami lui en avait parlé et l’avait encouragée. Elle était en Italie et a participé à une retraite de méditation chrétienne à l’abbaye de Monte Oliveto Maggiore, province de Sienne, et rencontré le père Laurence Freeman OSB, qui poursuit l’œuvre de John Main : « J’ai eu l’impression d’arriver chez moi, d’avoir trouvé le lieu où poser mes bagages pour construire quelque chose », après une vie qui, à la suite d’un bac en langue moderne à Lausanne, l’avait conduite aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande et en Autriche en multipliant les expériences professionnelles. « Je me percevais comme une wonder – woman, mais j’étais profondément insatisfaite. Même de l’Église, dont je m’étais éloignée. Je pense que c’est grâce à la méditation que j’ai retrouvé Jésus et sa paix ».
Initiée à la méditation, elle a été coordinatrice nationale en Italie de la Communauté et a travaillé comme bénévole de la WCCM en assumant des responsabilités aux niveaux local, national et international.
« La méditation est une prière d’expérience dans le silence, centrée sur le Christ, un pèlerinage vers le centre de soi où demeure le Christ.
Chaque expérience est différente », souligne Catherine Charrière. « La méditation nous aide à trouver ce centre où l’on devient Un avec le Christ. C’est dans cette unité, expérience d’être dans le Christ, que l’on est complètement soi-même. Quand on s’abandonne, on entre dans la liberté et on s’ouvre à Sa volonté ».
Pour Catherine Charrière, la simplicité de la méditation chrétienne, avec la répétition d’un mot, « conduit à une pauvreté, à nous détacher des exigences de toute sorte. Au début, et c’est tout à fait normal, la tête est encore envahie par nos pensées et nos soucis : la liste de courses à faire, le coup de fil à passer, etc. mais on apprend à faire silence et à méditer. Laurence Freeman explique que la méditation conduit à la complétude en nous apprenant que nous ne devenons pas complets par nous-mêmes. Aucune aptitude, aucune acquisition, aucune réalisation ou possession ne peut nous rendre complet. Nous ne découvrons pas cette complétude tant désirée en acquérant quoi que ce soit, mais en perdant quelque chose.
La méditation conduit à une sorte de pauvreté et on s’enrichit en devenant de plus en plus pauvre, plus simple. Comme dit saint Paul : Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort (2 Co 12,10). Nous ne devons pas avoir d’attentes ni d’objectifs en méditation ; c’est un long processus de transformation qui n’est pas sous notre contrôle et qui nous ouvre à recevoir les fruits de l’Esprit dont parle saint Paul : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi (Galates 5,22-23). La méditation nous appelle donc à être, non pas à faire. Je crois que dans la société actuelle c’est fondamental. Je crois aussi que cela répond à l’aspiration à renouer avec l’essentiel de nombreux contemporains ».
Chaque méditation est ouverte par la même formule pour entrer dans le silence : Père Céleste, ouvre nos cœurs à la présence silencieuse de l’esprit de ton Fils. Conduis-nous dans ce silence mystérieux où ton amour se révèle à tous ceux qui appellent. Maranatha… Viens, Seigneur Jésus.
Nous proposons six rencontres du 28 septembre au 9 novembre 2022., pour offrir aux personnes intéressées par la méditation chrétienne une occasion de faire l’expérience de cette pratique en petit groupe, d’apprendre quelles en sont les origines, de découvrir l’enseignement du père John Main, et de pratiquer cette forme de prière. Chaque rencontre, d’une durée d’1h30. Elle démarre par un temps de « météo intérieure », pour poser les bagages qui nous encombrent, se poursuit par un enseignement, la pratique de la méditation, une lecture et encore un moment de partage en groupe et enfin un temps informel autour d’une tisane.
L’une des six rencontres est dédiée à la roue de la prière, dont les rayons sont les différents modes de prière. En effet, « la méditation n’est pas là pour remplacer les autres types de prières, mais pour les enrichir », explique Catherine Charrière.
Il faut venir sans attentes ! Pour les personnes potentiellement intéressées, le mieux est de participer à la rencontre de présentation du mercredi 21 septembre. Elle illustrera la démarche et donnera un avant-goût du cycle. La méditation chrétienne est centrée sur le Christ, mais notre communauté est ouverte à toute personne intéressée, dans une approche œcuménique et une ouverture interreligieuse.
INITIATION À LA MÉDITATION CHRÉTIENNE
CYCLE DE SIX RENCONTRES
Salle paroissiale église Sainte-Marie du Peuple, 5, Avenue Henri-Golay 1203 Genève (Châtelaine)
DATES
HORAIRE : de 19 h30 à 21 h 00
CONTRIBUTION INDICATIVE : Entre CHF 70.- et CHF 120.-
RENSEIGNEMENTS : Federica Cogo (Service spiritualité, Église catholique romaine Genève) :
Tél. +41 77 441 17 80 ou spiritualite@cath-ge.ch