Dans la tradition chrétienne, la célébration de Pâques est un moment sacré marquant la résurrection de Jésus-Christ. Au cœur de cette fête se trouve une symbolique profonde, dont les œufs de Pâques sont un élément emblématique. Mais d’où vient cette tradition des œufs de Pâques ? Pourquoi ces symboles de fertilité et de renouveau sont-ils associés à une célébration aussi importante pour les chrétiens du monde entier ? Plongeons dans l’histoire fascinante de l’origine des œufs de Pâques pour découvrir les racines de cette coutume millénaire.
La coutume d’offrir des œufs existait déjà dans l’Antiquité, héritage des traditions païennes. Les Perses, les Romains et les Égyptiens célébraient le retour du printemps, saison de l’éclosion de la nature. Des œufs étaient alors offerts peints et décorés pour marquer cette période de renouveau, ce retour de la vie après les longs mois d’hiver. Cette coutume a ensuite perduré et a évolué au fil de l’histoire.
Les œufs symbolisent la fécondité, le renouveau et la création. La tradition a ensuite été reprise par l’Église chrétienne, pour célébrer Jésus-Christ, ressuscité le dimanche de Pâques. Les catholiques ont vu en l’œuf, l’allégorie du Christ, les peignant en rouge, pour rappeler le sang du Christ qui a coulé pour le Pardon des hommes. Selon le récit biblique, Marie-Madeleine se serait rendue à Rome pour donner à l’Empereur Tibère un œuf rouge pour annoncer la résurrection de Jésus.
Au IIIe siècle, la consommation des œufs, tout comme celle des laitages et de la viande, a été interdite par l’Église, lors de l’institution du jeûne du Carême. Si cette mesure a été levée au XVIe siècle par le Vatican, elle est restée largement suivie par la population. Les poules continuaient de pondre pendant le Carême, comme tout le reste de l’année, les œufs étaient conservés jusqu’à la fin de la période du jeûne de 40 jours (conservés de différentes façons : sable, cendres, eau de chaux etc.). Ainsi, au jour du dimanche de Pâques, les œufs abondaient sur les tables. D’autres étaient offerts, parfois intégrés dans des recettes créées pour l’occasion et devenues typiquement pascales. Manger des œufs à Pâques symbolise donc la fin des privations.
Depuis le Moyen-Âge, la tradition chrétienne interdit de faire sonner les cloches des églises entre le Jeudi saint et le dimanche de Pâques, en signe de deuil. Selon une histoire populaire qui était racontée aux enfants de cette époque pour expliquer ce silence, les cloches partaient à Rome pour recevoir la bénédiction du Pape, et revenaient le dimanche de Pâques en carillonnant joyeusement et en déposant des œufs dans les jardins. C’est ainsi qu’est née l’idée pour les parents d’organiser les chasses aux œufs pour les enfants.
L’évolution des œufs de poules vers les œufs en chocolat est liée à la démocratisation du chocolat après sa découverte en Amérique du Sud au 16e siècle. Vers la fin du 18e siècle, les premiers œufs en chocolat ont fait leur apparition : les œufs de poule étaient vidés et remplis de chocolat pour marquer la fin du jeûne et du Carême. Alors que le cacao se démocratise, des chocolatiers inventent un mélange de sucre, de beurre de cacao et de chocolat en poudre pour créer une pâte malléable que l’on peut facilement verser dans des moules. Les progrès techniques de l’époque ont permis de travailler la pâte de cacao pour qu’elle s’intègre parfaitement dans des moules aux formes variées. C’est l’Anglais Cadbury qui eut l’idée de lier chocolat et traditions de Pâques avec le premier œuf chocolaté, suivi par les poules, cloches et lapins.
Les surprises que l’on trouve à l’intérieur des oeufs, sont une invention slave. Le joaillier Peter Carl Fabergé, missionné par le Tsar Alexandre III pour façonner le plus joli des cadeaux pour la tsarine Maria, s’est inspiré des matriochkas – les poupées placées les unes à l’intérieur des autres – pour confectionner un œuf en platine accouchant d’un autre œuf d’or à l’intérieur.
Enfin, nous avons ces petits poissons en chocolats qui figurent souvent dans les ballotins de gourmandises pascales. Ces poissons sont vraisemblablement issus de l’imagerie chrétienne, cet animal figurant souvent dans les récits des miracles de Jésus-Christ. Ce dernier a permis à des pêcheurs bredouilles de pêcher, de façon inattendue, une quantité miraculeuse de poissons.
SD&C – ECR, 26 mars 2024