« J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger et vous m’avez recueilli ; nu et vous m’avez vêtu ; malade et vous m’avez visité ; en prison et vous êtes venus à moi […] J’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger et vous ne m’avez pas recueilli ; nu et vous ne m’avez pas vêtu ; malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité. »
Évangile de Matthieu 25, 35-45
La force d’écouter nos consciences
On compte, en 2016, plus de 60 millions de personnes déracinées par la guerre, la persécution, la misère et les catastrophes climatiques. 86% des réfugiés sont accueillis dans les pays attenants à leur patrie dans des régions qui ne sont pas toutes prospères. Seuls 14% des réfugiés cherchent une terre d’asile dans les pays occidentaux, et seulement une petite part d’entre eux en Suisse.
Nous sommes conscients du fait que, tant les organismes d’Etat concernés que nos paroisses et de nombreux citoyens, ont fait des efforts appréciables dans l’accueil de ces personnes vulnérables. Nous leur en sommes reconnaissants. Car l’engagement pour les personnes en quête de protection est une tâche fondamentale reconnue par la société civile et nos Eglises chrétiennes.
Néanmoins, nous avons le sentiment que, dans de nombreux cas, la dignité des personnes n’est pas suffisamment reconnue, en particulier dans des procédures de renvoi.
La présence quotidienne de nos associations et de nos paroisses auprès des requérants d’asile et des migrants nous conduit à témoigner de ce que nous voyons et entendons.
Nous nous interrogeons sur l’application de la loi, particulièrement de celles qui concernent l’asile et les étrangers, et sur leur mise en oeuvre dans notre canton. Certaines applications strictes, voire brutales lors des renvois, mettent en cause la dignité même des personnes, tant celles qui les subissent que celles qui doivent les exécuter.
Quand l’interprétation et l’application des lois deviennent inhumaines, nous aspirons à ce que sa lecture puisse évoluer.
Notre rôle et notre responsabilité, que nous partageons avec chaque responsable politique ou citoyen de ce canton, sont de faire évoluer le bien commun vers plus de respect de la personne humaine et de sa dignité.
Là où l’humain lui-même est en jeu, nous, chrétiens, souhaitons qu’au-delà des peurs et des inquiétudes, nous ayons la force d’écouter notre conscience, pour que Genève soit et reste une terre d’accueil.
Jean Lanoy | Pascal Desthieux | Emmanuel Fuchs |
Vice-Président du Synode |
Vicaire épiscopal de l’Eglise Catholique romaine |
Président de l’Eglise Protestante |