Graver des rosaces dans le marbre de la future Maison d’Eglise… une expertise de la société R. Mazzoli, qui travaille actuellement à la rénovation de l’ancienne église du Sacré-Cœur. Entretien avec son administrateur, M. Pascal Mazzoli.
La société R. Mazzoli, basée à Thônex, est spécialisée dans le staff, moulage et décoration en plâtre. Pascal Mazzoli, actuel administrateur, est architecte de formation et a repris la société créée par son père en 1966. La troisième génération est déjà active au sein de l’entreprise pour assurer la relève.
C’est à lui que la Paroisse du Sacré-Cœur a confié la réalisation des rosaces dans le plâtre de la future Maison d’Eglise de Genève. Nous l’avons rencontré dans son atelier pour en savoir plus sur son travail.
Plâtre, stuc, staff… quelle différence ?
Les principales différences entre le plâtre, le stuc et le staff concernent leur composition, leur usage et leur coût. Il y a quelques siècles, on appelait plâtrier aussi bien l’ouvrier qui travaillait le plâtre que celui qui le vendait ; il faut dire que c’était souvent une seule et même personne.
Appartenant à la corporation des maçons en compagnie des tailleurs de pierres et des morteliers, les plâtriers devaient s’acquitter d’un droit pécuniaire pour exercer, et accessoirement jurer leur saint patron Blaise de ne pas tricher sur la confection des plâtres en les saturant d’eau par exemple.
Le chantier de la Maison d’Eglise est le premier chantier dans une église, qui est un chantier unique à plusieurs titres.
La société emploie actuellement 58 personnes dont une dizaine de staffeurs. Dans le domaine du staff, l’entreprise familiale à de nombreuses références ; le Victoria Hall, le Grand Théâtre de Genève, l’Alcazar à Montreux, le Théâtre de l’Orangerie, l’Armée du Salut à Genève.
Un métier résolument artisanal
Mazzoli insiste : son métier est passionnant, sans limites et demeure très artisanal. Cela reste toujours du plâtre à la base, de la toile de jute ou du sisal (fibre de coco) qui compose les éléments de staff. Seule la prise d’empreintes a évolué, elle est devenue plus précise grâce à de nouveaux produits. M. Mazzoli décrit ses collaborateurs « staffeurs » comme talentueux, aux mains de féé. Ils sont à la fois artisans et artistes selon son propos. A l’atelier et sur le chantier, on ne retrouve pas les mêmes personnes.
Les rosaces, découvertes suite à l’incendie
Dans le cadre d’une restauration, les artisans voient des choses exceptionnelles et découvrent des choses nouvelles, qui étaient parfois cachées suite au transformation des bâtiments. Après l’incendie du 19 juillet 2018 de l’église du Sacré-Cœur, les rosaces ont alors été mises à jour lors de la démolition. La partie la plus ornementée est au rez-de-chaussée, composée de rosaces, colonnes avec chapiteaux et socles, corniches ornementées et médaillons et au premier étage sont installés les pilastres contre les murs surmonté d’un bandeau et d’une corniche ornementée.
Les principales étapes de la reproduction des rosaces
Sachant qu’il y a une dizaine de modèles de médaillons différents, les étapes principales de la reproduction de ceux-ci à l’identique sont:
-Restauration des pièces endommagées suite à l’incendie et l’intervention des pompiers
-Moulage
-Reproduction des médaillons
-Mise en place des médaillons sur site aux emplacements d’origines
Les médaillons symbolisent différents éléments religieux qui seront mis en pleine lumière à nouveau dans l’église du Sacré-Cœur.
Dernière ligne droite pour l’aménagement intérieur
La durée globale de l’intervention sur place est d’environ 8 mois avec des interruptions pour répondre aux attentes du Service Monuments et Sites (SMS)) ainsi que l’intervention d’autre corps d’état. La première intervention a eu lieu en novembre 2022.
Le chantier entre dans sa dernière ligne droite. Nous remercions sincèrement toutes celles et ceux qui ont fait et feront preuve de générosité afin de finaliser l’aménagement intérieur de la future Maison d’Église de Genève.