Chaque année, les Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) organisent une Cérémonie du souvenir destinée aux familles, aux proches et aux soignants confrontés au deuil périnatal, au décès d’un bébé ou d’un enfant. Cette année, cette commémoration laïque s’est tenue le 8 mars au Centre de l’Innovation des HUG.
Une profonde émotion a traversé la cérémonie qui a réuni de nombreux parents, frères et sœurs, grands-parents et amis d’un enfant disparu, entourés de soignants, médecins et accompagnants spirituels-aumôniers. Ce moment solennel a offert aux familles « un temps pour rendre hommage à votre enfant » et “un temps pour se souvenir”, selon les mots empreints de douceur d’Evelyne Oberson, aumônier catholique aux HUG.
“Quelles que soient vos croyances, vos valeurs ou l’étape de votre chemin du deuil, nous vous accueillons. Puissiez-vous aujourd’hui ne pas vous sentir seuls sur ce chemin”, a-t-elle poursuivi en ouvrant la cérémonie.
Evelyne Oberson, aumônier catholique aux HUG et Rober Mardini, directeur général des HUG, avant la cérémonie.
Robert Mardini, directeur général des HUG, a ajouté : « Nous nous réunissons pour honorer la mémoire des enfants qui nous ont quittés trop tôt, emportés au cours de la grossesse, à la naissance ou plus tard en pédiatrie. Chacun de ces enfants a existé, chacun a compté et chacun laisse derrière lui une trace indélébile dans le cœur de ceux qui l’ont aimé (…). Aujourd’hui, nous nous souvenons ensemble. Nous voulons que ces enfants continuent d’exister à travers nos pensées, nos paroles, nos silences, parce qu’ils ont marqué le monde de leur présence, si brève soit-elle, et laissé une empreinte unique « , a-t-il poursuivi en saluant l’engagement des soignants : “Vous avez été là à chaque instant, partageant l’espoir, les combats, les peines, mais aussi parfois de précieux instants de lumière.”
Préparée par une équipe de sages-femmes, d’infirmières, de médecins et d’accompagnateurs spirituels-aumôniers, la commémoration a mêlé musique, un conte en deux temps et un rituel symbolique pour accompagner les familles dans leur deuil. Aude Pivot, au violoncelle, et Claire Heuwekemeijer, conteuse de la compagnie ContaCordes, ont apporté une dimension artistique et sensible à cette cérémonie.
Un moment fort de la célébration a permis à chacun d’accomplir un geste en mémoire de l’enfant disparu : personnaliser un sablier avant de le déposer avec le nom de l’enfant dans un décor évoquant les quatre saisons. Un geste pour faire mémoire : « Le temps ne peut effacer leur passage, car chaque éclat de vie qu’ils ont offert demeure à jamais gravé en nous”, a observé Evelyne Oberson.
Un geste pour avancer, car si le temps ne guérit pas tout, » il nous apprend à porter l’absence autrement, ils nous enseignent que l’amour, lui, ne connaît ni horloge ni frontière. Il nous rappelle que même si les saisons passent, l’amour demeure inaltérable « , a fait valoir l’aumônier catholique.
À la fin de la cérémonie, parents et proches ont pu récupérer leur sablier, symbole d’une nouvelle étape sur le chemin du deuil et de la vie qui continue.
Le temps a été le fil rouge de la cérémonie du souvenir. Le temps – explique un communiqué des HUG – joue un rôle complexe et essentiel dans le processus de deuil d’un enfant.
Au début, il semble comme un ennemi, amplifiant la douleur et l’absence. Pourtant, peu à peu, il offre un espace pour intégrer la perte, permettre des moments de calme et favoriser l’adaptation. En apprivoisant le temps, les parents ou proches apprennent à naviguer entre les vagues de douleur et les instants de résilience. Le temps permet aussi de transformer la relation à l’enfant perdu, non plus dans une absence totale, mais dans un souvenir vivant et parfois apaisé.
Ainsi, le temps n’efface pas la souffrance, mais aide à en moduler l’intensité, offrant progressivement un chemin vers la reconstruction.
SD&C- ECR, mars 2025
Crédit images: ECR