Expulsion de requérants d’asile vers l’Ethiopie par vol spécial du 27 janvier
Communiqué de presse du Conseil Œcuménique des Eglises pour les Réfugiés (VAUD) et de l’Aumônerie Genevoise Œcuménique auprès des Requérants d’Asile
«Solomon qui n’est plus là. Je n’arrive pas à le croire» nous dit sa fiancée, résidente en Valais, au lendemain de l’atterrissage de l’avion.
La nièce de Solomon avec qui il vivait, 3 ans et demi, pleure et le cherche depuis son départ. Sa mère, qui est la sœur de Solomon et habite dans le Canton de Vaud, a du mal à trouver les mots pour la consoler…
Tahir, qui vivait depuis 2015 à Genève a subi le même sort. Même si, au pays, sa famille est engagée politiquement et menacée par le régime, même si sa sœur est poursuivie et doit en permanence changer de lieu pour échapper à la persécution.
Témoins de ces souffrances, c’est avec tristesse et consternation que nous avons vu nos autorités recourir à la contrainte pour expulser Tahir, Solomon et les autres vers Addis Abeba.
Aussi, au nom de notre compagnonnage avec les personnes concernées et des valeurs qui nous portent en tant qu’aumôneries, nous ne pouvons que dire notre profond malaise face à cette violence – même légale – et à ce vol spécial affrété pour l’Ethiopie.
La situation actuelle dans ce pays, actuellement en guerre et théâtre de nombreuses exactions attestées par l’ONU, est instable et délétère. Pourquoi précisément maintenant ce premier vol spécial à destination de l’Ethiopie ?
Le recours à un vol spécial est vécu comme une violence par les personnes concernées et leurs proches.
Une loi et des pratiques qui autorisent à faire souffrir des innocents – non seulement les personnes renvoyées, mais aussi leurs proches, résidents de notre pays – ne peuvent que nous interroger et nous laisser insatisfaits. Nous demandons aux autorités et administrations fédérales et cantonales de faire preuve de davantage de retenue dans l’application des mesures de contraintes, qui sont une possibilité mais pas une obligation. Nous leur demandons de prendre au sérieux les nombreuses interpellations citoyennes et politiques qui dénoncent les renvois contraints et font des propositions visant à accompagner de manière plus juste, pragmatique et constructive la trajectoire des personnes migrantes qui passent plusieurs années dans notre pays, comme Solomon et Tahir, qui ont vécu respectivement 7 et 6 ans en Suisse.
Genève et Lausanne, 3.2.2021
Pour le Conseil Oecuménique des Eglises pour les Réfugiés (Vaud), Pascal Bregnard, président
Pour l’Aumônerie Genevoise Œcuménique auprès des Requérants d’Asile, Etienne Sommer, président.