Le 16 juin, entouré de nombreux amis et collègues, François Fontana a fêté la fin de son engagement professionnel au sein de l’Église catholique romaine (ECR) : agent pastoral laïc durant 38 ans, il a exprimé la joie qui l’a habité tout au long de son parcours au service de l’Eglise et de sa mission, avec la double chance d’avoir été payé pour faire ce qui le passionnait et d’avoir travaillé avec des amis! De la Pastorale des Jeunes aux paroisses, de l’animation biblique à la formation, en passant par le Camp Biblique Œcuménique de Vaumarcus, François Fontana a roulé sa bosse aux quatre coins de l’ECR. Retour en images et en paroles sur la soirée festive et le parcours d’un agent pastoral qui a cheminé et accompagné l’Eglise à Genève, guidé par « quatre fils rouges » : la coresponsabilité entre prêtres et laïcs, l’œcuménisme, la liturgie et la Bible.
Et dire qu’il a failli aller travailler chez la concurrence, les protestants ! François Fontana, doyen des agents pastoraux engagés au sein de l’Eglise catholique romaine (ECR) à Genève, a fêté avec ses amis et collègues la fin de son engagement professionnel lors d’une célébration et d’une soirée, le 16 juin dernier à la paroisse de Notre-Dame des Grâces au Grand-Lancy. Telles les pièces d’un puzzle, discours, sketchs, chants et autres prises de parole et témoignages ont rythmé la soirée pour composer un portrait assez détaillé de cet homme et de ses multiples engagements.
Son investissement au sein de l’Église remonte à son enfance : il a été, entre autres!, servant de messe dès l’âge de 6 ans. Devenu adulte, un « job » en lien avec la foi lui a paru une évidence. « J’ai failli dire oui au protestants et puis je me suis dit, et si j’allais d’abord voir chez nous ? », a-t-il confié. Bien lui en a pris !
C’est ainsi qu’il a commencé à travailler à la Pastorale des Jeunes, qui s’appelait alors « Les 15-25 ans » (1979 à 1993), avant une longue étape à la paroisse de la Sainte-Trinité (1992-2002), pour ensuite jeter l’ancre à l’Unité pastorale Champagne (2002-2008), aborder un long parcours à la Commission Cantonale de Liturgie, tout en assumant, de 1993 à aujourd’hui, des responsabilités dans la formation d’adultes, d’abord à la FASP (Formation Aux Services Pastoraux), devenue Damaris, puis BFor, le Bureau Formation de l’ECR, sans oublier les constantes de l’Animation Biblique OEcuménique Romande (ABOR), et du Camp Biblique OEcuménique de Vaumarcus (CBOV).
Ce beau voyage de 38 ans, il l’a évoqué avec « quatre fils rouges » : la coresponsabilité entre prêtres et laïcs, l’œcuménisme, la liturgie et la Bible. Comme les quatre points cardinaux d’une boussole, ces fils lui ont permis de ne perdre ni le Nord ni le cap.
Tout d’abord, a-t- il témoigné – « la coresponsabilité : en 1986, j’étais dans l’équipe d’animation d’une session pastorale sur la COresponsabilité entre prêtres et laïcs, afin qu’elle soit véritablement CO, c’est-à-dire à égalité, sans une prédominance du prêtre et un second rôle pour le laïc, ni l’inverse, ce qui peut aussi arriver. C’est toujours, aujourd’hui, un enjeu capital et jamais acquis dans notre Eglise. »
Ensuite « l’œcuménisme : même si la tonalité de fond a été constante, c’est un sujet de grandes évolutions. Passer de la focalisation sur les détails qui divisent à une vue large de ce qui nous unit, puis œuvrer pour un œcuménisme en chemin, vers une diversité réconciliée (…) afin d’offrir au monde un témoignage cohérent. Là aussi, le chantier reste ouvert et les résultats jamais acquis… »
Parallèlement, « la liturgie : c’est, pour moi, un lien fort entre la vie et la foi parce que là où deux ou trois sont réunis en son nom… il y a déjà de la liturgie. Je peux résumer ma recherche en deux questions : Comment, dans la liturgie, mettre en lumière la vie ? Comment, dans la vie, être éclairé par la liturgie ? »
Enfin, « la Bible : passer de la formation biblique à l’animation biblique et surtout à l’animation biblique de toute la pastorale, selon Verbum Domini 73. Pour que nous demeurions dans la Parole et que la Parole demeure en nous ».
« Ces quatre fils, je vais certainement continuer à les tricoter, les tresser ou les torsader… mais comment ? J’ai souvent dit que j’avais deux chances : celle d’être payé pour faire ce que je faisais avant bénévolement et celle de travailler avec des amis. Inverser cela sera l’enjeu des prochains mois… » -a-t-il conclu, avant de passer symboliquement le témoin à ses collègues.
Avec humour, il a passé le témoin symbolique de « doyen » des agents pastoraux laïcs à son collègue et ami Michel Colin, l’actuel adjoint du Vicaire épiscopal à Genève, tout étonné de découvrir qu’avec ses 22 ans de service auprès de notre Eglise il lui incombe désormais de porter le « sceptre » de la charge officieuse du plus ancien agent pastoral laïc de l’ECR. Applaudissements!
« Mais, le témoin je le remets surtout à l’Equipe du Bureau Formation de l’ECR (BFor) en sachant que le BFor et la formation sont entre de bonnes mains », a affirmé François Fontana avec beaucoup d’émotion. Autre hommage appuyé, celui à sa femme Martine « pour les 35 ans d’accompagnement et d’adaptation au quotidien ». Applaudissements!
En guise de témoin, François Fontana avait choisi des « micro-macro-scopes », des lunettes à double usage: « un microscope pour voir les détails », qu’il n’a jamais sous-estimés « car ce qui divise se cache souvent dans les détails », et un macroscope, « car ce qui unit c’est la vue large, ecclésiale », « celle d’un Peuple de frères – et sœurs – en marche pour annoncer l’Evangile et la paix de Dieu ». Et c’est ainsi tout naturellement que François Fontana a passé aussi « ce témoin micro-macro-scope » à l’ensemble des personnes réunies.
Désormais ex-doyen des agents pastoraux laïcs, François Fontana a été un des premiers à Genève à assumer ce ministère confié à des laïcs engagés en pastorale et munis d’un mandat l’évêque.
En effet, suite au Concile Vatican II (1962-1965) la promotion de la diversité des ministères dans l’Eglise a pris corps. En Suisse, les premières expériences positives avec les laïcs (hommes et femmes) au service de l’Eglise ont été vécues dans les années 60 dans la collaboration avec les catéchistes, selon le document des évêques suisses « Laïcs mandatés au service de l’Eglise ».
A ce « pionnier » genevois, nous avons donc demandé son regard sur l’évolution de ce ministère laïc et de l’Eglise durant les quatre dernières décennies.
« En 1979 – se souvient François Fontana – il devait y avoir presque 100 prêtres en activité sur le canton… et quatre ou cinq laïcs engagés expérimentalement. Nous étions dans la mouvance du Concile, de mai 68, du Concile des Jeunes à Taizé… Avec beaucoup d’espoir et d’engagement pour un aggiornamento de l’Eglise et une nouvelle présence dans la société. Beaucoup pensaient que les évolutions de l’époque allaient débloquer les que
stions du mariage des prêtres, de l’ordination des femmes, de l’œcuménisme ou de l’hospitalité eucharistique…
Ensuite, il a fallu garder l’élan, et se rendre compte que la réforme de l’Eglise allait prendre du temps car le Vatican restait le Vatican et que l’Eglise prenait d’autres directions (ouverture à l’Est, grands rassemblements de jeunes) qui suscitaient d’autres espoirs.
Cela a correspondu également à la grande tendance individualiste de notre société, au désengagement et au désintérêt de beaucoup de jeunes et moins jeunes pour les questions religieuses. Ou, pour le dire plus positivement, à une Eglise formée de moins de personnes mais de gens plus engagés et plus convaincus », résume François Fontana.
Aujourd’hui, le nombre d’agents pastoraux laïcs au sein de l’ECR dépasse les 40. Aux côtés de plusieurs prêtres et collègues protestants, beaucoup étaient présents le 16 juin pour dire « Merci François ! »
(Sba)