Le public était nombreux au Musé International de la Réforme, le mois dernier, pour écouter Roland Benz, physicien et pasteur, venu parler surtout du récit biblique de la Création de Genèse 1 et un peu du Big Bang.
Genèse 1 est, comme l’a rappelé Roland Benz, un récit dont la structure est « très soignée témoignant de la mise en ordre effectuée par l’acte créateur (de Dieu) qui arrache le monde au chaos… L’action créatrice de Dieu se déroule dans le temps, dans le cadre d’une semaine symbolique, celle fournie par la semaine des Israélites ». Nous connaissons tous ce récit : le premier jour, etc., etc. Pour Roland Benz, son originalité est « qu’il présente une création dédivinisée ; tout est objet de création de Dieu. Elle est donnée aux êtres humains pour leur émerveillement et leur louange devant sa beauté, pour leur nourriture… leur rôle et leur responsabilité nécessitant observation et compréhension ».
La création est « qualifiée de bonne, voire de très bonne, en une certaine façon, idéalisée ». L’être humain « est établi gérant ou responsable de la création… Il est appelé à veiller (sur elle) comme un berger sur son troupeau », voir verset 26 : « Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toute la terre et toutes les petites bêtes qui remuent sur la terre ! Dans le texte, a souligné Roland Benz, ce verbe n’a pas « la signification d’un pouvoir tyrannique et exploiteur, mais celle de la responsabilité de la création ». A méditer par les temps qui courent !
C’est durant l’exil à Babylone, faut-il le rappeler, que de nombreux textes de l’Ancien Testament ont été écrits. Les judéens ont tout perdu : leur lieu de culte – le temple de Jérusalem -, leur roi et leur terre. Dès lors, Dieu est leur roi, la loi est leur terre et le sabbat, leur temple, a ajouté Roland Benz. « Hymne poétique », Genèse 1 est « un texte de louange au Dieu créateur ». Pourrait-on dire qu’il s’agit d’un mythe ? « La plupart des peuples de la terre ont des récits d’origine racontant la création du monde et celles des êtres humains. Leur rôle est surtout d’être une histoire fondatrice et identitaire d’un peuple ou d’une ethnie…permettant de se rapprocher de l’origine ».
La théorie scientifique actuelle du Big Bang peut-elle alors être considérée comme un mythe en construction ? Genèse 1 ou Big Bang ? Genèse 1 contre Big Bang ? Durant 20 siècles, l’homme a pensé qu’il était au centre du monde, sinon le centre du monde. C’est en 1643 que Copernic a délogé l’homme de la place centrale qu’il pensait occuper dans cet univers et qu’il a relégué la Terre au rang d’une simple planète. Depuis, l’astrophysique n’a cessé de rapetisser l’homme tant dans l’espace que dans le temps.
« Genèse 1 n’est pas un texte scientifique » a rappelé Roland Benz. « Il affirme…que Dieu est l’auteur du monde, sans dire comment il a fait pour le créer. Ce récit ne prétend pas dire comment le monde s’est formé…il dit le pourquoi, le sens de la création… et exprime que le monde a son origine à Dieu, autrement dit que sa vérité et son sens ne sont pas à trouver dans son analyse scientifique. Mais ce monde dédivinisé est offert à la compréhension humaine : les sciences y sont possibles comme une action d’émerveillement face à sa beauté et à sa complexité. Genèse 1 n’est pas un texte scientifique mais il rend, et il n’est évidemment pas le seul, la connaissance scientifique possible ».
Pascal Gondrand