Au cœur de Genève, la Pastorale des Milieux Ouverts œuvre auprès de personnes en situation de précarité. Tour d’horizon des projets en cours, avec notamment « Un Chez soi pour rebondir », soutenu par la fondation La Chaîne du bonheur, et la participation collaborative à une enquête nationale sur le sans-abrisme.
A Genève, la crise du covid-19 a déclenché un élan de générosité impressionnant : « Le nombre de bénévoles a explosé, ainsi que le montant des dons pour nous aider à financer nos actions, mais aussi des dons en nature : vêtements, nourriture, produits d’hygiène… » explique Inès Calstas, responsable de la Pastorale des Milieux ouverts à Genève, qui œuvre auprès des personnes en situation de précarité.
Les projets ne manquent pas. Et parmi eux, « Un Chez soi pour rebondir », projet-pilote monté avec l’AGORA (Aumônerie genevoise œcuménique des requérants d’asile) et l’Aumônerie œcuménique des prisons.
« Nous sommes partis de l’idée qu’un “chez soi” est primordial dans la reconstruction et l’insertion sociale de certaines personnes », détaille Inès Calstas. « En effet, l’absence d’un chez soi risque de les enfermer dans une situation précaire sans leur permettre de construire un projet de vie. Nous avons ainsi souhaité leur offrir un toit et un accompagnement, le temps qu’elles puissent aller de l’avant et rebondir. »
Cette année, la fondation La Chaîne du Bonheur a lancé un fonds pour soutenir des projets d’aide au logement pour les personnes vulnérables. « Nous lui avons présenté notre projet-pilote et elle l’a validé, en acceptant de le financer pendant deux ans. Grâce au soutien de cette fondation, nous allons pouvoir proposer des logements à des personnes en difficulté. Ces logements sont mis à disposition par des propriétaires qui acceptent de ne recevoir qu’un loyer solidaire, inférieur aux normes du marché. Ce projet de solidarité vise trois populations : requérants d’asile sans statut, personne vivant une sortie de prison sans attaches en Suisse et familles vivant dans la rue. »
Sollicitée, l’Eglise Catholique Romaine à Genève a déjà mis à disposition deux appartements. Ainsi, depuis novembre 2020, une maman et son fils de 11 ans scolarisé résident dans l’un d’eux, soulagés de pouvoir passer les mois d’hiver au chaud et en autonomie. Le deuxième logement a été mis à disposition d’un jeune homme en mars. Depuis début avril, la paroisse Saint Pie X a aussi mis à disposition un logement pour une famille.
Un autre projet récent auquel la Pastorale des Milieux Ouverts a participé est une enquête collaborative sur le sans-abrisme. « Nous avons été sollicités par la Haute Ecole de travail social de Bâle pour participer à une recherche sur le sans-abrisme en Suisse. Nous avons été un des partenaires pour mener une étude quantitative. Parmi les enquêteurs se trouvaient entre autres des personnes sans-abris, formées et rémunérées pour ce travail. Ce projet a été une belle occasion de montrer que les personnes sans-abris ont le droit à la parole, qu’elles n’ont pas seulement besoin de recevoir, mais beaucoup à apporter. Ainsi notre rôle n’est pas seulement de les “accompagner” mais aussi de “faciliter” leur accès à des conditions de vie décentes, sans les enfermer dans leurs problèmes sociaux et économiques. », raconte Inès Calstas.
Pour Inès Calstas et les personnes qui travaillent avec elle à la Pastorale des Milieux ouverts, “c’est très important de n’être pas seulement un guichet où on donne des choses, mais un lieu où tout le monde travaille ensemble. Ainsi tous ceux qui sont présents, les bénévoles comme les personnes qui viennent à nous, préparent le repas et installent le couvert. Nous faisons beaucoup de réunions pour voir ce qui fonctionne et les choses que nous pourrions améliorer. »