La pastorale de ville, l’abbé Philippe Matthey la connaît particulièrement bien puisqu’il officie depuis dix ans dans l’UP des Rives de l’Aire, à Genève. Ce périmètre du Grand-Lancy englobe également les paroisses de Perly et Plan-les-Ouates. Nous l’avons suivi durant une journée. Vingt -quatre heures dans la vie d’un prêtre à Genève.
Lancy, une ville de 30’000 habitants avec une multiculturalité forcément bien présente. Un environnement qui plaît à l’abbé Matthey même s’il constate qu’un très petit nombre de catholiques sur les 13’000 environ que compte l’UP sont en lien avec l’une des paroisses.
Un jeudi ordinaire. Début de matinée avec la célébration de la messe dans la chapelle de la Sainte-Famille, aménagée dans un baraquement récupéré à la fin de la construction du barrage de la Grande-Dixence. Un lieu pour prier ensemble! «C’est dans cette église toute simple que nous organisons les cérémonies œcuméniques. Toutes les communautés de la famille chrétienne s’y sentent bien», relève le célébrant.
Visite ensuite au secrétariat de l’UP, logé dans le rez-de-chaussée d’un immeuble. Un échange avec les deux secrétaires qui se répète plusieurs fois par semaine. Et voilà le curé renfilant son gilet fluo et son casque pour remonter sur son vélo, son mode de déplacement de prédilection. Il rejoint la cure jouxtant l’église de Notre-Dame des Grâces où l’attend la séance de l’équipe pastorale qui réunit le Père Yves Cornu, un autre prêtre, Catherine Menoud, une agente pastorale et deux bénévoles.
Petite équipe mais soudée et efficace! Equipe, un mot qui revient constamment dans les propos de l’abbé Matthey. «Sans équipe, un curé ne peut rien faire!» souligne-t-il. «Il faut veiller constamment à mettre les potentialités de chaque membre du groupe en valeur» dit-il. Il y veille comme le lait sur le feu… en sachant écouter et en encourageant les initiatives.
Début d’après-midi, rencontre avec l’organiste titulaire, Jean-Christophe Orange, notamment pour préparer les célébrations de la Semaine Sainte. La rencontre a lieu dans une des salles de la cure qui est toute entière dédiée à la BD et à Hergé en particulier. Un hobby de l’abbé Matthey qui possède une collection rare en lien avec ce 8e art qu’il affectionne. «J’aime les histoires sous toutes leurs formes, et notamment dans les BD» commente ce curé qui aime aussi se ressourcer en entretenant de belles relations avec certains collègues.
Montée à l’orgue et petit plaisir que s’offre l’abbé Matthey de temps à autre, en complicité avec l’organiste. Il chante seul, perché sur la tribune, quelques pièces chorales. La musique, autre passion du curé de Notre-Dame des Grâces. «Je prends des cours de chant et j’ai une attirance toute particulière pour Bach» explique-t-il. Ainsi les visiteurs de l’église peuvent-ils bénéficier parfois de mini-concerts improvisés!
Départ pour un petit déplacement dans un immeuble proche pour aller donner la communion à Ginette, une nonagénaire que l’abbé Matthey visite régulièrement. Une paroissienne habitée d’un bel humour: «à chacune de mes visites, cette femme âgée m’apporte un moment de bonheur», confie l’abbé.
Retour à la cure et passage au sanctuaire de la grotte de Notre-Dame de Lourdes. Un lieu ouvert, à côté de l’église, où de nombreuses personnes viennent s’y recueillir et allumer un lumignon. «Je m’y rends chaque jour pour un moment de recueillement et de rencontres avec des visiteurs. Des échanges parfois surprenants jaillissent de ces moments passés avec ces anonymes qui se rapprochent de Dieu à leur manière. J’aime ces rencontres. Il se passe toujours quelque chose! Je suis aussi là pour eux» dit-il. «Et parfois je me mets à chanter!» confie le gardien du lieu avant de regagner la cure pour un volet de plus en plus prenant à ce temps de pandémie: multiplier les téléphones et aussi répondre au courrier et aux mails.
Une rencontre avec un jeune «en recherche» et une séance de préparation au mariage avec un couple viendront compléter un agenda journalier bien rempli!
«J’aime ce rôle de curé-modérateur avec une polyvalence qui nous amène à remplir les rôles les plus divers. Comme une mosaïque de couleurs aux dimensions éclatantes», confie l’abbé Matthey, en route pour assumer une troisième tranche de 5 ans à la tête de cette UP lancéenne où il se sent comme un bon berger dans un champ urbain!
Par Claude Jenny/Grandir
Cet article a été publié dans le numéro de mars – avril 2021 de la Revue Grandir
Crédit image de couverture: © Valentine Brodard