G.K. Chesterton fait partie des plus célèbres auteurs spirituels britanniques du 20éme siècle, avec John Henry Newman, Gerard Manley Hopkins, Graham Greene, J. R. Tolkien, entre autres.
Gilbert Keith Chesterton est né en 1874 à Londres, il est mort en 1936 à Beaconsfield. Sa mère, Marie-Louise Grosjean, est suissesse, son père, Edward, est britannique. Doué d’un style particulier, il est surtout connu dans la sphère anglophone. Ecrivain et journaliste, il est l’auteur de 80 livres, plusieurs centaines de poèmes, 200 nouvelles, 4000 articles de presse et quelques pièces de théâtre.
Baptisé anglican au sein d’un protestantisme libéral, il est un temps attiré par le spiritisme, le socialisme, mais il chemine durant deux décennies vers le catholicisme, auquel il adhère officiellement en 1922, juste après son frère, et suivi ensuite par son épouse.
Après avoir publié en 1902 « Orthodoxie » en disant son attachement au credo des apôtres, il mûrit progressivement ses convictions tout en s’éloignant de la britishness dominante. Le journal français « La Croix » lui consacre un édito en 1932 : « Chesterton est un apôtre du catholicisme, qui s’embarrasse moins des subtilités de la théologie que des simples vérités révélées qu’il expose de façon lumineuse…Chesterton est un converti, c’est par la voie de la raison qu’il est arrivé au catholicisme ».
Les ouvrages qu’il publie font de lui l’un des écrivains anglais les plus appréciés dans le monde. Dans « Les nouvelles littéraires » on peut lire que « toute son œuvre vaut par la poésie qui l’anime et qui est avant tout participation à la vie des êtres et des choses. Son humour si spécifiquement anglais s’universalise par cette charité toujours présente qui l’ennoblit en lui donnant une finalité désintéressée. C’est pendant la guerre qu’il se convertit au catholicisme. »
Etienne Gilson estime que « on ne sait pas assez chez nous l’étendue et la profondeur de l’influence que Chesterton exerce dans tous les pays de langue anglaise. C’est un signe de contradiction planté en plein cœur du protestantisme anglo-saxon…Chesterton vit dans la controverse comme dans son élément naturel. »
L’un des préfaciers de Chesterton le décrit en 1916, il reconnaît en ce journaliste et romancier « le corps d’un géant, l’âme d’un saint, la simplicité et la candeur d’un enfant, l’exubérante fantaisie d’un poète, l’esprit alerte et l’intégrité de celui qui cherche la vérité. »
C’est la rencontre à Oxford avec un ami, Hilaire Belloc, et une conversation avec un prêtre du fin fond du Yorkshire, qui constituèrent l’étape décisive de son parcours. Chesterton dit de lui-même : « Si l’on m’avait dit que je serais dix ans plus tard missionnaire mormon dans les îles cannibales, je n’aurais pas été beaucoup plus surpris que d’apprendre que je serais, quinze ans plus tard, en train de faire à un prêtre ma confession générale, et sur le point d’être reçu dans l’Eglise qu’il servait. »
Dans un climat anglais peu ouvert au catholicisme, Chesterton présente au public les motifs de sa conversion. Persuadé du bien-fondé anthropologique des sacrements, il affirme : « L’Eglise catholique de Rome est là où toutes les routes mènent ». « Jusqu’à la fin du 20ème s. un homme doit se justifier quand il rejoint l’Eglise catholique ! Aujourd’hui, il devrait se justifier quand il ne la rejoint pas… » Selon lui, « l’Eglise est futuriste, car elle a de telles réserves de passé qu’elle seule peut affronter le futur. » Surnommé « le prince du paradoxe », Chesterton s’exprime aussi en termes de gratitude, de paix et de bonheur. Il intitule son autobiographie « l’homme à la clé d’or ».
Pour parler des raisons de sa conversion, il dit : « Ce n’était pas que je commençais à croire à des choses surnaturelles. C’était que les incroyants commençaient à ne pas croire à des choses normales. Ce furent les laïques qui me poussèrent vers une morale théologique, détruisant eux-mêmes toute possibilité rationnelle de morale laïque ! »
Avec Belloc, Chesterton lutte vigoureusement contre l’impérialisme colonial en Afrique du Sud et en Irlande. Ils fondent ensemble un journal pour dénoncer les carences de l’administration anglaise. Mais son engagement majeur est celui de la défense du catholicisme et de ses valeurs. Il s’exprime en orfèvre du langage avec un génie des tournures et un humour anglais provocateur.
L’époque qui fut celle de G. K. Chesterton fut aussi celle de la seconde guerre mondiale. Alors que l’antisémitisme sévit dans les pays européens, y compris en Grande Bretagne au plus haut niveau, G. K. Chesterton écrit : « Les juifs ont donné Dieu au monde. Je donnerais ma vie pour défendre le dernier juif en Europe ». Chesterton condamna l’antisémitisme, il approuva le sionisme et dès 1934, il lança un appel pour que l’on porte secours aux juifs dans l’Allemagne nazie.
Il condamna publiquement le socialisme-national d’Hitler. Avec le recul de l’histoire, l’éminent rabbin américain Stephen Wise dit à son sujet : « Lorsqu’arriva l’hitlérisme, Chesterton fut l’un des premiers à se déclarer de manière franche et directe, digne de sa grandeur d’âme et de son courage ».
Parmi son importante bibliographie, signalons entre autres : « Orthodoxie », « Father Brown »
QUELQUES CITATIONS CÉLÈBRES DE CHESTERTON :
« Le monde moderne est plein d’anciennes vertus chrétiennes devenues folles ! »
« Quand un homme arrête de croire en Dieu, il passe, en fait, non pas à croire en rien, mais à croire en n’importe quoi ! »
« Ne soyez pas si ouverts d’esprit que vos cerveaux tombent ! »
« La psychanalyse est une confession sans absolution… »
« Si les anges volent, c’est parce qu’ils se prennent eux-mêmes à la légère »
Abbé Alain René Arbez -. 2023
Crédit image écrivain G.K. Chesterton: Wikipedia – domaine public