Le père Gabriel Ishaya, curé modérateur de l’UP Boucles du Rhône, nous propose l’homélie de ce 3 mai 2020, 4ème Dimanche de Pâques.
Lectures du 4ème Dimanche de Pâques — Année A
Ce dimanche, la liturgie nous offre un passage de l’Évangile de Saint Jean qui nous présente Jésus comme le bon berger, un thème qui jalonne le 10ème chapitre dudit Évangile. Ce thème abordé en plusieurs sections nous est proposé chaque année du cycle des trois années liturgiques, le quatrième dimanche de Pâques.
Qui suivons-nous ? Telle est la question que l’Évangile d’aujourd’hui nous pose. Nous vivons dans ce monde où nous tenons à notre liberté de penser et d’agir. Nous tenons à notre autonomie, notre droit de nous autodéterminer. Nous croyons agir seul, de manière autonome, sans influence extérieure, de même que nous croyons que nous décidons et choisissons nos propres voies librement. Pourtant, notre expérience nous montre que nous sommes souvent influencés par beaucoup de choses (TV, internet, journaux, publicité, smartphone, Star-model) qui conditionnent notre manière de vivre et d’agir.
Dans la bible, « berger » est souvent synonyme de chef ou de guide. Cela remonte certainement au temps où les Juifs étaient essentiellement des éleveurs nomades. Ce dimanche, nous pouvons donc accueillir ce passage d’évangile comme une invitation à célébrer les figures, personnes, gens qui nous ont «accompagnés» et ont marqué positivement nos vies, certains par contact direct, d’autres de manière indirecte, par notre lecture et souvenirs de leurs histoires légendaires.
De plus, dans ce monde sécularisé, toujours en constante mutation, nous pouvons voir dans ce passage d’évangile une invitation pour nous chrétiens, à ne pas perdre confiance en Dieu, d’oser croire malgré les peurs et des craintes légitimes qui subsistent partout dans le monde. En effet, au cœur de toutes les crises, de désenchantement des valeurs, nous avons un berger, le Christ ! Oser croire que par Lui, Dieu est à l’œuvre aujourd’hui, au travers de l’agir des hommes et des femmes de notre temps, surtout ceux et celles parmi eux qui essaient de conduire la grande famille humaine à l’instar de Jésus, le «bon berger».
Et si ce passage était également un appel à un examen de conscience sur la façon dont nous réalisons notre vocation de parent, enseignant, homme politique, guide ou leader dans nos communautés civiles ou ecclésiales ? Notons que le thème du berger est plus évident dans les versets 1 à 5. Dans les versets 7 à 10, Jésus parle de lui-même comme «la porte».
En effet, il y a un trait distinctif du bon berger qui est mise en évidence dans ce passage. Cet élément distinctif réside éminemment dans la relation de confiance entre lui et les brebis. La réciprocité dans la confiance est lumineuse, totale et ne laisse place à aucun doute. Cette merveilleuse qualité – si rare de nos jours – exprimée dans cette image est nécessaire pour notre foi : foi et confiance étant des sœurs jumelles.
Le berger «entre dans l’enclos des brebis par la porte», il n’est pas sournois ; il «appelle chacune par son nom», il «marche à leur tête». Les brebis «connaissent la voix» du berger ; leur relation est instinctive, harmonieuse, du cœur.
Mais selon les contextes, l’image de la porte peut ne pas être aussi évocatrice que celle du berger. Car plus difficile à pénétrer. Mais avec un effort, l’image de la porte s’avère très profonde. Imaginez tous nos dirigeants, les bergers de nos jours, se tenant au monde comme de vraies portes ouvertes, accessible à tous ! Or, cela présupposerait qu’ils renoncent ou se mettent à l’opposé de la possession du pouvoir ; se contenter d’être les humbles instruments à travers lesquels les autres peuvent «entrer et sortir librement», se frayer un chemin vers «la vie en abondance». Voilà qui est difficile… cette conversion préalable et nécessaire.
Et si nous devenions des bergers, à la suite du « bon berger »… des « portes » pour nos frères et sœurs en humanité ?
Père Gabriel Ishaya
3 mai 2020
Image: mosaïque réalisée par le Centre Aletti
Ce dimanche 3 mai 2020 est la journée mondiale de prière pour les Vocations. Lire le message du pape François