En ce temps de confinement, les aumôneries et les services de l’Église catholique romaine restent mobilisés pour accompagner les personnes.
Les célébrations ont dû être suspendues dans les hôpitaux, les établissements pour personnes âgées et dans les lieux de détention. Avec l’interdiction ou la limitation des visites et de rencontres, la mission des aumôniers est difficile à assurer. Mais des initiatives se dessinent pour garantir une présence et pour répondre aux mieux aux demandes. Le rôle reste centré sur l’écoute et l’empathie, mais autrement.
Avec ses aumôniers, l’Eglise est présente à l’hôpital, centre névralgique de la lutte conte le coronavirus à Genève. Les aumôniers de l’Église sont intégrés dans les dispositifs de réponse à la situation d’urgence imposée par la pandémie. « Nous avons renforcé notre présence, avec deux aumôniers de garde au lieu d’un seul en temps normal. Mais nous avons suspendu les visites dans les étages et nous limitons à répondre aux demandes », explique l’abbé Giovanni Fognini. « Nous sommes aussi très attentifs au personnel soignant et aux membres du corps médical. Nous les nous connaissons bien. Beaucoup d’infirmières sont frontalières, avec leurs enfants à la maison. Nous prenons des nouvelles, nous les écoutons », précise l’aumônier actif sur le site Cluse-Roseraie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Mais les gestes de réconfort et de proximité ont changé.
« Il est impossible de tenir une main, de mettre une main sur l’épaule et il faut respecter les distances. Nous sommes très scrupuleux. Il faut vivre un temps avec le patient à la bonne distance. Le masque obligatoire cache le sourire et c’est dans le regard ou par la prière que l’échange devient possible », explique l’abbé.
Les consignes pour les aumôniers présents dans les établissements pour personnes âgées sont très strictes. Dans plusieurs EMS toute visite est désormais interdite. Les personnes âgées sont en effet particulièrement vulnérables au coronavirus. « La situation est difficile. Dans certains cas, les personnes sont confinées dans leur chambre, par sécurité, mais la solitude est grande ». Je fais du soutien par téléphone pour autant que le résident puisse encore répondre au téléphone. Beaucoup souffrent de troubles cognitifs, d’autres me reconnaissent seulement quand ils me voient », confie Cathy Espy-Ruf, responsable de la Pastorale de la santé.
Dans cette situation, des bénévoles d’aumôneries ont envoyé des prières au personnel des EMS pour qu’il puisse les lire aux résidents qui en font la demande. En l’absence des célébrations, les textes du dimanche sont disponibles dans la chapelle de quelques établissements, pour les résidents qui peuvent se déplacer. « Pour la semaine sainte, nous allons imprimer des méditations », ajoute l’assistante pastorale.
« Plusieurs aumôniers, dont moi-même, se sont aussi mis à disposition du Groupe de soutien d’urgence COVID-19 du Groupement interreligieux de soutien spirituel en cas d’urgence (GI-spi). Le but est d’ouvrir une permanence d’écoute et de soutien. Elle est en train d’être mise en place ».
« Du côté de l’aumônerie des prisons, très vite nous avons pris conscience qu’il était essentiel de protéger au maximum les personnes incarcérées. Les aumôniers ont cessé de se rendre sur les lieux par souci de protéger les détenus et le personnel», explique Christine Lany-Thalmeyr, responsable catholique de l’Aumônerie œcuménique des prisons.
« Ces décisions sont très difficiles à prendre. Mais elles sont essentielles afin de sauver des vies. Le défi est maintenant de demeurer dans un lien de foi, de prière et d’espérance avec les personnes. Nous tentons de voir comment maintenir un lien épistolaire avec celles et ceux que nous accompagnons et qui le souhaiteraient. Nous sommes en attente du feu vert des directions et de la mise au point des modalités pratiques », ajoute-t-elle.
« Les directions des trois principaux sites sur lesquels nous intervenons (Champ-Dollon, La Brenaz et Curabilis) se sont montrées très concernées. Elles font leur possible afin de soutenir nos efforts pour rester en lien avec les personnes incarcérées. Le directeur de Champ-Dollon nous a spontanément proposé de mettre à disposition, durant les heures habituelles de nos offices, le canal TV interne, afin de diffuser des productions ‘maison’. Nous y travaillons pour proposer des liturgies de la Parole, un soutien à la prière et à la spiritualité. La même offre a été faite à l’imam pour la prière du vendredi», remarque l’assistante pastorale . Des initiatives similaires pourraient voir le jour dans les autres lieux de détention.
« Paradoxalement, malgré la distance physique, le confinement et l’incertitude que nous vivons tous, nous mettent en empathie et nous rapprochent du vécu des personnes en détention », témoigne Christine Lany-Thalmeyr.
Dans ce temps inédit, la prière se renforce. Elle permet de se soutenir mutuellement, malgré les distances.
SD&C, mars 2020
Pascal Deloche / Godong