Édito de Bertrand Bacqué & Briana Berg, directeur artistique et co-responsable de la programmation
Dix-huit ans après le passage à l’an 2000, IL EST UNE FOI s’attaque à un sujet qui continue à sous-tendre l’actualité à bas bruit: les apocalypses. La 4e édition des Rendez-vous cinéma de l’ECR se penche ainsi sur un volet fondamental de la Bible, dont les résonnances au sein de notre monde actuel sont indéniables. Vers quel avenir nous dirigeons nous ? Que faisons-nous de notre planète ? Allons-nous risquer oblitérer notre monde en créant des bombes toujours plus sophistiquées ?
Contrairement à son utilisation usuelle, l’apocalypse n’est pas synonyme de fin du monde. En grec, « apokalypsis » signifie révélation, dévoilement. Ce qui doit être découvert se situe dans des futurs possibles, et le présent en contient les germes. Dans le livre de l’Apocalypse, Saint Jean prophétise un combat entre le bien et le mal, dont l’issue mettra fin à l’ère actuelle et dont les signes annonciateurs se trouvent dans un livre scellé par 7 sceaux. La vision biblique de l’apocalypse contient ainsi l’idée d’un décodage, de messages cachés, de prophéties, mais aussi celles d’une punition (divine ou non) et de changement.
Les films d’IL EST UNE FOI illustrent ces différentes notions et explorent les diverses menaces apocalyptiques auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui. La guerre occupe une place principale; dans les exactions et dérives du combat (Apocalypse Now, Requiem pour un massacre) ou dans ses répercussions sur la société et l’humain (Les Harmonies Werckmeister, Le Sacrifice). Un sujet explosif voire atomique qui peut être prétexte à rire comme le démontre la comédie Dr Folamour, dans laquelle le grandiose Peter Sellers interprète trois rôles différents.
Une autre préoccupation actuelle primordiale est la question écologique. Le magnifique Nausicaä de Hayao Miyazaki, ainsi que la conférence de l’écologiste spirituel Michel Maxime Egger après la projection du mythique Soleil vert sont les incontournables de cette thématique.
IL EST UNE FOI examine aussi comment la menace apocalyptique peut se traduire à l’échelle sociale ou individuelle : le poignant Pluie noire expose l’impossibilité des survivants à continuer à vivre selon les anciens codes dans l’après Hiroshima, alors que La Semence de l’homme préconise de s’atteler à repeupler le monde. 4:44, Melancholia et Les Derniers jours du monde égrènent les heures finales du point de vue de l’individu face à la disparition imminente de toute existence ; ce dernier film sera suivi par une discussion avec les réalisateurs, les frères Larrieu, en compagnie de Dominique Noguez, l’auteur du livre éponyme dont le film est tiré .
Finalement, la vision biblique de l’Apocalypse est magnifiquement allégorisée dans le grand classique d’Ingmar Bergman, Le Septième sceau, dont les clés seront partagées par le philosophe Philippe Sers. Tout aussi prophétique, le mystérieux La Dernière vague met en scène la vision aborigène de la fin des temps, apportant encore un autre éclairage à un récit qui traverse l’humain au-delà des pays, des cultures, et des religions, que décortiqueront pour nous Youri Volokhine et Roberta Colombo du MEG.
Cinq jours, 20 films, et 13 intervenants pour mettre en lumière les comportements, croyances, et conséquences possibles des actions humaines face à la fin de leur univers. Au fil de la programmation, de la variété des cataclysmes et des réactions représentées, l’apocalypse se révèle une métaphore de l’existence, faite d’une succession de fins et de recommencements. Qui contient en elle le germe de la renaissance, de l’espoir et du