Le miracle est à l’honneur des Rendez-vous cinéma de l’ECR, IL EST UNE FOI, du 3 au 7 mai prochains aux Cinémas du Grütli. Au programme de cette 8e édition : 28 films et 10 débats avec de nombreux invités.
« Il n’y a plus de miracles aujourd’hui », déclare le patriarche Morten Borgen dans Ordet (1955), adaptation de la pièce du pasteur luthérien Kaj Munk. Au fil d’une réflexion autour de la présence ou l’absence de Dieu et de ses manifestations aux humains, ce drame intimiste du Danois Carl Theodor Dreyer se conclut pourtant par une résurrection miraculeuse !
Le miracle n’a cessé de séduire les auteurs du 7e art. Festival de cinéma dédié aux questions spirituelles, IL EST UNE FOI « ne pouvait que se pencher un jour sur ce thème », écrivent Bertrand Bacqué, directeur artistique, et Norbert Creutz, membre du comité cinéma d’IL EST UNE FOI et critique cinématographique.
Sous le titre Miracle(s), le programme de cette 8e édition propose une palette de 28 films sélectionnés parmi un corpus bien plus vaste et aborde les enjeux du miracle au travers de nombreuses fictions d’origines et d’époques différentes.
Dans les œuvres retenues, le miracle cinématographique se limite « à la définition stricte de phénomènes inexplicables qui semblent attester de l’intervention d’une force supérieure, peut-être de nature divine. Au minimum il s’agit d’un heureux hasard (prière exaucée, retrouvailles inespérées, obstacle levé, etc.), de manière déjà plus nette, d’une apparition qui guide ou apaise, le plus souvent d’une guérison qui échappe à la science. Le miracle ultime étant bien sûr la résurrection, qui vient contredire l’idée que la mort serait la fin de tout », expliquent Bertrand Bacqué et Norbert Creutz.
Les films au programme questionnent le miracle dans ses différentes formes. Les Anges du péché (Robert Bresson, 1943) plonge ainsi le spectateur dans un duel d’âmes entre une religieuse et une criminelle tandis que La Légende du saint buveur (Ermanno Olmi, 1988), Lion d’Or au Festival de Venise, narre l’incapacité d’un clochard à saisir la grâce qui lui est accordée. Autre combat, celui de Thomas, jeune toxicomane engagé dans un chemin de rédemption au sein d’une communauté catholique dans La Prière (2018) de Cédric Kahn, cinéaste qui compte parmi les invités d’IL EST UNE FOI. La rédemption comme miracle ? Telle est aussi l’histoire du pasteur à la foi ébranlée par tous les maux du monde actuel dans First Reformed (2017) de Paul Schrader.
Les lieux saints de Lourdes et de Fatima ne pouvaient manquer au programme et sont présents à travers le récit historique de Fatima (2020) de Marco Pontecorvo et le regard ironique du Lourdes (2009) de Jessica Hausner. La question du complexe processus de validation d’un miracle par l’Église apparaît encore plus clairement dans L’Apparition (2018) du réalisateur Xavier Giannoli, autre invité de cette 8e édition.
Plusieurs grands classiques ont trouvé une place de choix : côté américain, les fameux Dix commandements (1956) de Cecil B. DeMille et le plus sceptique Elmer Gantry (1960) de Richard Brooks, côté européen L’Amore – Il miracolo (1948) de Roberto Rossellini, avec Anna Magnani, et Simon du désert (1965) de Luis Buñuel, la comédie Miracle à l’italienne (1971) de Nino Manfredi ou encore le plus austère L’Amour à mort (1984) d’Alain Resnais.
Le programme s’ouvre également sur des horizons moins courus, comme la Russie de L’Île (2006), essai mystique de Pavel Lounguine au cœur d’un monastère orthodoxe, ou le Mexique de Lumière silencieuse (2007) de Carlos Reygadas, drame situé dans une communauté mennonites. Avec La Déesse (1960) de Satyajit Ray, on quitte le monde judéo-chrétien pour l’hindouisme, lui aussi travaillé par la question du miracle. Quant à La Lune de Jupiter (2017) du Hongrois Kornél Mundruczó, il s’agit d’une fable fantastique qui imagine, loin de toute religion, un espoir incarné par un réfugié syrien hors du commun.
La plupart de ces films sont cités dans le livre Cinémiracles – l’émerveillement religieux à l’écran du critique de cinéma Timothée Gérardin, qui accompagnera cette édition d’IL EST UNE FOI. Dans cet essai tout récent (2020), Gérardin souligne avec acuité comment « lorsqu’il s’intéresse aux miracles religieux, le cinéma reproduit la querelle dont le miracle a pu faire l’objet à l’intérieur des religions, qui ont toujours cherché à le distinguer des prodiges et des supercheries fabriqués pour émerveiller les foules, mais aussi des manifestations d’un pouvoir magique occulte devant plus au diable qu’à Dieu. »
En projection tardive, la programmation s’ouvre également à deux films d’« anti-miracles », qui postuleraient plutôt une intervention du diable dans notre monde : le vénéneux Ne vous retournez pas (1973) de Nicolas Roeg et Dominion (2005), film rarissime de Paul Schrader. Sans oublier, en guise d’ouverture de la manifestation, la projection de Miracle en Alabama (1962) d’Arthur Penn, la fameuse histoire de la petite sourde-muette Helen Keller, qui représente une sorte de « miracle laïc ».
Enfin, pour le public plus jeune et en matinées scolaires, IL EST UNE FOI propose quatre films : le dessin animé Pinocchio (2012) d’Enzo D’Alò et Lorenzo Mattotti, un Jésus (2018) très inattendu du Japonais Hiroshi Okuyama, Le Papillon bleu (2004) de Léa Pool et Life of Pi (2012) d’Ang Lee.
Aux côtés des réalisateurs Cédric Kahn, Kornél Mundruczó et Xavier Giannoli, et de l’auteur Timothée Gérardin, IL EST UNE FOI aura l’honneur d’accueillir Mgr Charles Morerod avec le directeur de Missio Erwin Tanner-Tiziani pour un débat après la projection de Fatima, le philosophe et essayiste Philippe Sers, Marion Muller Collard, théologienne et directrice des éditions Labor et Fides, Nathalie Sarthou-Lajus, philosophe et rédactrice en cheffe adjointe de la revue Etudes, Marie Cénec, pasteure et membre du comité cinéma IL EST UNE FOI, Maria Tortajada, chercheuse et professeure de cinéma (UNIL), l’abbé Pascal Gobet et le pasteur Blaise Menu.
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Image en Une: affiche édition 2023 IL EST UNE FOI (cinéma miracle): agence S