M. Fabien Dalmaz, Directeur de la construction bois au sein de l’entreprise « andré » pour la reconstruction de l’église du Sacré-Cœur et l’aménagement intérieur de la Maison d’Église de Genève a répondu à nos questions au sujet de son rôle de charpentier et notamment de la future pose d’envergure de la toiture, qui avait été complètement détruite par l’incendie de 2018.
M. Dalmaz est ravi de contribuer à la reconstruction d’un édifice religieux. « C’est la première fois », confie-t-il. Le caractère particulier du projet de la Maison d’Église est la préservation de l’aspect extérieur d’avant l’incendie alors que l’intérieur sera aménagé de façon moderne. Il a commencé à travailler sur le projet en termes de planification, de logistique et de coordination en mars 2022 et a démarré en septembre 2022 l’aménagement des deux planchers, avec notamment la réalisation des chapes sèches entre le plancher et le revêtement des planchers.
La pose de la toiture de l’église représente 90% de son travail et a débuté le 18 janvier. Un travail impressionnant. La toiture de la Maison d’Eglise est pour M. Dalmaz « un puzzle de 1’000 pièces » qui requiert l’utilisation de l’informatique.
La structure porteuse est en métal, mais invisible à terme, avec des éventails de stabilisation habillés en bois, sur lesquels seront posé des éléments préfabriqués aussi en bois pour fermer la toiture. Il sera posé une fois l’isolation terminée, avec les panneaux intérieurs. L’isolation sera écologique, car elle utilise de la ouate de cellulose, issue de déchets de papier recyclé. La toiture provisoire sera démontée par tranches, au fur et à mesure de l’avancement de la pose pour réduire au minimum l’exposition aux intempéries.
Le transport du matériel, nécessitera 11 semi-remorques pour transporter environ 70 éléments préfabriqués (caisson de toiture) de 2,5 mètres de large et 7 mètres de long, et l’opération pour la pose mobilisera une équipe de 6 personnes au total (1 grutier, 1 personne près du camion et 4 personnes pour poser les éléments).
Au total 100m3 de bois, 20 tonnes d’acier et 1100m2 de fibres bois (OSB) seront utilisés. C’est une volonté architecturale de recourir à du bois européen certifié, à savoir sapin et épicéa pour la toiture.
Les éléments préfabriqués en bois et les gros éléments seront posés entre le 23 et le 27 janvier jusqu’au 20 février 2023. C’est la partie de levage.
Le planning fixé depuis des mois risque d’évoluer selon les conditions météo, le pire étant le vent, les grosses pluies et la neige pour les camions de livraison. Chaque 1er jour d’étape correspond au démontage de la toiture provisoire.
Le ferblantier-couvreur posera ensuite les ardoises et la verrière. Le type de verre de la verrière, qui permettra l’entrée d’un faisceau de lumière au cœur de l’édifice, est particulier et fabriqué par une seule entreprise au monde, aux Etats-Unis, et sera livré par cargo ce printemps pour une arrivée à Genève en juin. La verrière, équipée d’un système électro-chromatique et de ventilation, mesurera 20m x 3m de large sur
deux pans sur le toit. Le faitage est réalisé par l’équipe de M. Dalmaz dans ses ateliers.
Son équipe sera présente à temps plein sur le chantier jusqu’en mai 2023. Après la pose de la toiture, il procédera à la pose des chapes sèches, entre le plancher et le revêtement.
Le métier de charpentier est le métier artisanal qui s’est le plus développé depuis 20 ans, en travaillant toujours plus de matériaux différents, du bois, mais aussi de l’acier, du verre ou encore de la tôle. La charpente est au service de l’architecture.
La satisfaction de la clientèle et le bon déroulement du chantier sont les objectifs principaux de M. Dalmaz et son équipe.
Dalmaz nous fait part de sa sensibilité aux bâtiments historiques, et au patrimoine. Il se considère comme un bâtisseur. Il note que la configuration du bâtiment est celle d’un temple, avec une toiture particulière, qui appartient au patrimoine historique. Son seul regret est l’absence d’une flèche, la partie pointue de l’édifice, et évoque son rêve de pouvoir un jour en bâtir une. Mais la satisfaction est grande de travailler sur un bâtiment historique, avec le sentiment de construire pour les 80-100 prochaines années. « Je suis content de laisser un petit bout de moi » pour les années à venir.
Le chantier entre dans sa deuxième année. Nous tenons à remercier toutes celles et ceux pour leur générosité et leur soutien passé, présent et à venir afin de mener à son terme ce projet unique et notamment l’aménagement intérieur de la future Maison d’Église.