L’abbé Alain René Arbez nous propose une courte méditation sur les engagements dans l’Eglise à partir de l’évangile de ce 25ème dimanche.
Si l’on réduit l’évangile de ce dimanche ( « Ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ? » Mt 20, 1-16) à une lecture sociologique, on risque bien d’être décontenancé, car à première vue c’est une curieuse manière de gérer les ressources humaines. Une entreprise qui fonctionnerait de cette façon irait vers le dépôt de bilan !
Mais il s’agit de l’entreprise de Dieu, qui est de sauver le monde à partir des êtres humains tels qu’ils sont ! « Dieu fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants ». Le créateur est aussi le Dieu sauveur qui nous aime, au-delà de nos fautes ou de nos inerties.
Ce texte reprend le thème de la vigne qui représente le peuple de Dieu, une vigne vivante que le Père soigne avec une immense attention, de sorte que les fruits soient de première qualité.
Dans cette vigne, des ouvriers de la première heure se sont donnés à fond pour répondre aux attentes du Maître de la vigne. Ils recevront leur récompense comme prévu, dans la joie du Royaume symbolisée par la pièce d’argent de valeur inestimable. Mais le Maître n’oublie pas pour autant les ouvriers embauchés au dernier moment, et qui répondent à son offre avec enthousiasme. Ils vont recevoir la même rétribution : la même pièce représentant la joie du Royaume. Or le récit nous dit que les premiers embauchés considèrent qu’ils devraient être beaucoup plus reconnus que les derniers, ce que Jésus conteste en conclusion de cette parabole destinée à des auditeurs un peu trop sûrs de leurs mérites.
Jésus l’a souvent répété : il y a des premiers qui seront derniers, et des derniers qui se retrouveront premiers sous le regard de Dieu. Ainsi, si nous nous mettons au service de la Parole de Dieu, en tant que paroissien, bénévole engagé ou autre, dans une activité de l’Eglise, nous ne pouvons pas dire : « j’ai plus de mérite que les autres, parce que je donne de mon temps et de moi-même, j’ai fait beaucoup pour la paroisse et pour les autres, et cela me donne une supériorité ! » Jésus reconnaît certainement la valeur de ce que nous faisons en soin nom, mais il nous invite à passer d’une relation de comptabilité vertueuse à un rapport d’humble confiance, mais aussi de gratuité accueillante.
Tout homme, toute femme peut en effet à tout moment être appelé à rencontrer l’amour de Dieu et à le servir. Nous le voyons en Eglise avec les conversions, les baptêmes d’adultes et les recommençants. Réjouissons-nous, car beaucoup attendent au fond de leur cœur d’être, eux aussi, embauchés pour la cause du Royaume des cieux.
Abbé Alain René Arbez
Septembre 2020
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