Bonne et sainte année à tous ! En ce premier janvier 2024, nous fêtons la journée mondiale de la Paix. A cette occasion, nous vous proposons de lire et de méditer le beau texte du pape François adressé en ce jour à tous les catholiques du monde entier, mais aussi à toutes les personnes en quête d’un monde plus fraternel.
Pour cette 57e Journée Mondiale de la Paix, le pape François nous demande de réfléchir sur le rôle que va jouer l’Intelligence Artificielle dans la recherche de paix entre les peuples.
« L’intelligence est l’expression de la dignité que nous a donnée le Créateur qui nous a créés à son image et à sa ressemblance (cf. Gn 1, 26) et nous a permis de répondre à son amour par la liberté et la connaissance. La science et la technologie manifestent de manière particulière cette qualité fondamentalement relationnelle de l’intelligence humaine : elles sont des produits extraordinaires de son potentiel créatif.
(…) Nous nous réjouissons à juste titre et nous sommes reconnaissants pour les extraordinaires avancées de la science et de la technologie, grâce auxquelles d’innombrables maux qui affligeaient la vie humaine et causaient de grandes souffrances ont été corrigés. En même temps, les progrès techniques et scientifiques, en permettant l’exercice d’un contrôle sans précédent sur la réalité, mettent entre les mains de l’homme un vaste éventail de possibilités, dont certaines peuvent constituer un risque pour la survie de l’humanité et un danger pour la maison commune. [3]
Les remarquables progrès des nouvelles technologies de l’information, en particulier dans la sphère numérique, présentent des opportunités enthousiasmantes et des risques graves, avec de sérieuses implications pour la poursuite de la justice et de l’harmonie entre les peuples. C’est pourquoi il est nécessaire de se poser certaines questions urgentes. Quelles seront les conséquences à moyen et à long terme des nouvelles technologies numériques? Quel sera leur impact sur la vie des individus et de la société, sur la stabilité internationale et sur la paix?
Nous devons rappeler que la recherche scientifique et les innovations technologiques ne sont ni désincarnées de la réalité ni « neutres », [4] mais qu’elles sont soumises à des influences culturelles. En tant qu’activités pleinement humaines, les orientations qu’elles prennent reflètent des choix conditionnés par des valeurs personnelles, sociales et culturelles propres à chaque époque. Il en va de même pour les résultats obtenus.
(…) Il n’existe pas à ce jour de définition univoque dans le monde de la science et de la technologie (de l’intelligence artificielle, ndlr). Le terme lui-même, désormais entré dans le langage courant, englobe une variété de sciences, de théories et de techniques visant à ce que les machines reproduisent ou imitent, dans leur fonctionnement, les capacités cognitives de l’être humain.
(…) En effet, leur impact, quelle que soit la technologie sous-jacente, dépend non seulement de leur conception, mais aussi des objectifs et des intérêts de ceux qui les possèdent et de ceux qui les développent, ainsi que des situations dans lesquelles ils sont utilisés.
L’immense expansion de la technologie doit donc s’accompagner d’une formation appropriée à la responsabilité dans son développement. La liberté et la coexistence pacifique sont menacées lorsque les êtres humains succombent à la tentation de l’égoïsme, de l’intérêt personnel, de l’appât du gain et de la soif de pouvoir. Nous avons donc le devoir d’élargir notre regard et d’orienter la recherche technico-scientifique vers la paix et le bien commun, pour le service du développement intégral de l’homme et de la communauté. [7]
(…) Un regard humain et le désir d’un avenir meilleur pour notre monde conduisent à la nécessité d’un dialogue interdisciplinaire visant à un développement éthique des algorithmes – l ’algor-etica –, où les valeurs orientent les parcours des nouvelles technologies. [12] Les questions éthiques devraient être prises en compte dès le début de la recherche, ainsi que dans les phases d’expérimentation, de conception, de production, de distribution et de commercialisation. Il s’agit d’une approche de l’éthique de la conception, dans laquelle les institutions éducatives et les décideurs ont un rôle essentiel à jouer.
L’éducation à l’utilisation des formes d’intelligence artificielle devrait viser avant tout à promouvoir la pensée critique.
(…) Ma prière au début de l’année nouvelle est que le développement rapide de formes d’intelligence artificielle n’augmente pas les trop nombreuses inégalités et injustices déjà présentes dans le monde, mais contribue à mettre fin aux guerres et aux conflits, et à soulager les nombreuses formes de souffrance qui affligent la famille humaine. Puissent les fidèles chrétiens, les croyants de différentes religions et les hommes et les femmes de bonne volonté collaborer en harmonie pour saisir les opportunités et affronter les défis posés par la révolution numérique, et livrer aux générations futures un monde plus solidaire, juste et pacifique. »
A noter dans vos agendas : un service interreligieux pour la Pax se tiendra le 30 janvier en l’église saint Nicolas de Flüe. Plus d’infos