Inès Calstas (50 ans) apprécie tout particulièrement cette facette du «pape des pauvres et des exclus». Cette employée de l’Église catholique genevoise travaille quotidiennement aux côtés de personnes en situation de précarité. En 2016, elle s’était rendue en pèlerinage au Vatican avec certaines d’entre elles. Cet événement, auquel nous avions assisté, avait débouché sur la mise en place par le pape d’une Journée mondiale des pauvres. «Voir à cette occasion certains de ces hommes, endurcis par une vie difficile, ouvrir leurs carapaces au passage du Saint-Père et pleurer face à lui m’a bouleversée et, en un sens, réconciliée avec les hommes», confesse la Genevoise. Le 21 juin, elle emmènera un groupe de 220 exclus à sa rencontre.
Amadou Gaye sera du lot. Le Sénégalais de 52 ans est pourtant musulman et le reste. Il était de l’équipée 2016, laquelle l’avait marqué profondément. «Le discours du pape sur les pauvres et le triple pardon qu’il nous avait demandé de la part de l’Église pour nous avoir parfois fermé ses portes m’avaient touché, dit-il. Ce genre de paroles, tu les reçois avec le cœur pas avec la tête. Elles donnent du courage pour avancer!» Et Anna Bernardo, aumônier de la communauté des sourds et malentendants de Genève, de conclure: «François n’est pas un donneur de leçons. Ses actes sont en cohérence avec ses mots. Il pose vraiment les yeux sur les autres soulignant ainsi l’égale dignité de chacun. Je me réjouis de le croiser en chair et en os!»
●TEXTE LAURENT GRABET
Paru dans le Matin du mercredi 16 mai 2018