L’apocalypse joyeuse ou la jouissance finale.
Tel était le titre du débat qui suivit la diffusion du film des frères Arnaud et Jean-Marie Larrieu: « Les Derniers jours du monde ». Adapté du roman de Dominique Noguez, nous avions eu le plaisir de recevoir les deux réalisateurs et son auteur pour partager avec le public des points de vue contrastés sur un film à la fois lyrique, épicurien, comme une sorte de renaissance virginale.
A Biarritz, il pleut des cendres en plein mois de juillet. Un virus mortel décime la planète. Une bombe atomique est tombée sur Moscou… Dans ce chaos, Robinson (Mathieu Amalric) décide de tout quitter pour retrouver sa maîtresse dont la disparition a décuplé son désir. Nous assistons alors à « road movie », puisque notre héros traverse la France au milieu des morts et de l’anarchie propre à l’annonce de la fin des temps et son virus qui emporte tout sur son passage.
Face à la noirceur souvent moralisatrice des scénarios catastrophes Hollywoodiens, les frères Larrieux prêchent l’hédonisme. Rabelaisien, burlesque et déroutant, leur film revendique un accès direct à la sensualité. Jena-Marie Larrieux annonce d’ailleurs clairement: « Notre apocalypse réveille des forces vives. » Le désir n’est pas que sexuel, il est également existentiel. Plus l’histoire avance, plus la nature reprend ses droits. La folle course d’un homme et d’une femme nue dans les rues de Paris juste avant l’explosion finale est savoureuse. L’Apocalypse rejoint la Genèse dans une ultime étreinte amoureuse.
Pour les frères Larrieux qui co-réalisent leurs films, le lien avec l’Apocalypse de Jean n’est pas évident. Ils disent s’être efforcés, dans ce film, d’entretenir le doute sur la ou les raisons qui entraînaient ces derniers jours du monde. Ne pas savoir est la première des angoisses, int-ils soulignés. Pour Arnaud, « l’état de fin du monde exacerbe un sentiment romanesque. Confrontés à la catastrophe, les personnages se posent des questions nouvelles. Que faire? Avec qui ? Pourquoi ? »
L’apocalypse transforme les êtres et les corps. Le monde est entrain de rajeunir et la catastrophe qui s’étend inexorablement serait comme une sorte de renaissance virginale.
Les auteurs ont tout de même voulu souligner la présence, sinon de Dieu, tout du moins de la religion dans deux scènes du film: la marquise d’Arcangues en grande robe Lacroix (!) s’étend sur son lit pour mourir en posant un crucifix sur sa poitrine; et Jésus apparaît sur un écran d’ordinateur.
avril 2020
Geoffroy de Clavière
Délégué Général IL EST UNE FOI