Depuis septembre dernier, je signe régulièrement des apostasies. Un certain nombre de personnes décident ainsi de renoncer à la foi catholique romaine, et ce à Genève, canton laïc, où l’impôt ecclésiastique est facultatif. Il ne s’agit donc nullement d’une question d’argent.
Cela est principalement la conséquence de la publication de l’enquête sollicitée par les instances suisses de l’Eglise catholique romaine sur les abus commis en milieu ecclésial. Il s’agit de l’expression d’un dégoût pour certains, d’un trop plein, ou encore d’une cohérence face à l’absence de foi pour d’autres. Des réactions ô combien compréhensibles, somme toute.
Ce que j’observe régulièrement depuis ma prise de fonction dans le cadre d’échanges et de rencontres, c’est le traumatisme infligé par notre Eglise à bien des personnes : au lieu d’être éclairées pour goûter à la liberté donnée par le Seigneur, elles se retrouvent enfermées dans des obligations morales, des dogmes assénés, des interdictions tous azimuts, et in fine, un empêchement de cheminer et de développer le meilleur de soi, pour son bonheur propre et au service du bien commun. Comme vis-à-vis, ces personnes ont trouvé rigidité, manque de cohérence, jugement, lucre, etc. Quelle tristesse !
En parallèle, j’entends le ferme souhait d’une Eglise qui sache transmettre les valeurs de l’Evangile, les trésors de la foi, qui permette une vraie rencontre avec le Christ, qui rayonne, qui s’occupe des plus faibles et démunis, qui témoigne d’une foi et d’une espérance au cœur de notre société aux multiples tourments.
J’ai aussi la joie de rencontrer des communautés dynamiques, des bénévoles investis et fervents, des collègues prêtres et laïcs vibrant du Seigneur, des personnes témoignant de l’aide apportée par l’Eglise pour se relever de situations douloureuses, et de signer des lettres de remerciement auprès de donateurs dont la fidélité, la générosité et la confiance qu’ils témoignent à l’Eglise catholique romaine à Genève me touche profondément.
Comment, donc, témoigner de notre foi et de l’action concrète de notre Eglise à Genève auprès des personnes profondément meurtries ou désillusionnées ?
Voilà un défi qui nous habite au quotidien, et que nous portons ensemble, le témoignage de chaque chrétien étant d’une valeur inestimable. En ce début d’année pastorale, je nous confie, chacune, chacun, au Seigneur, pour qu’Il nous montre les justes chemins et nous renforce à chaque pas posé, confiant que son Royaume est parmi nous et son Esprit à l’œuvre !
« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie en plénitude. » (Jn 6, 68)
Fabienne Gigon
Représentante de l’évêque pour la Région diocésaine Genève
Septembre 2024
Fabienne Gigon
Représentante de l'évêque à Genève