A Pâques, les Suisses romands vont à leur tour adopter la nouvelle formulation du Notre Père. Dès le dimanche 1er avril – ce n’est pas un poisson – nous dirons : « Et ne nous laisse pas entrer en tentation ». Un changement heureux, puisque « ne nous soumets pas à la tentation » donnait trop l’impression que Dieu nous met dans la tentation ou pire nous tente lui-même. Or, comme le dit l’apôtre : « Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : ‘Ma tentation vient de Dieu’. Dieu, en effet, ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne » (Jacques 1,13).
Pourtant, cette traduction n’était pas erronée. Le verbe employé dans le texte original grec, eisenégkêis, de eisphérô signifie littéralement « porter dans, amener dans », confirmé par le latin non inducas in tentationem : ne nous induit pas en tentation.
Or, Jésus n’a pas transmis sa prière en grec. En hébreu et en araméen, la langue parlée par Jésus, il y a une forme causative qui n’existe pas en grec. Ainsi, le verbe entrer (forme active) devient faire entrer à la forme causative. La négation de « fais-nous entrer » peut porter sur le premier verbe : « ne nous fais pas entrer », ou sur le second : « fais que nous n’entrions pas » en tentation. C’est probablement ce que Jésus a voulu dire, mais cela n’a pas été correctement retranscrit en grec.
Les plus anciens se souviennent de : « ne nous laissez pas succomber à la tentation ». Cette traduction était préférable. Nous allons retrouver ce sens avec la nouvelle formulation.
Bonne montée vers Pâques, et que le Ressuscité nous aide dans notre lutte contre toute forme de tentations !
Abbé Pascal Desthieux, vicaire épiscopal