Le blasphème, tel qu’il est défini dans certaines religions ou lois fondées sur la religion, est une insulte qui témoigne d’un mépris, d’un manque de respect ou de révérence à l’égard d’une divinité, d’un objet considéré comme sacré ou de quelque chose considéré comme inviolable. Mais alors, qu’en est-il dans nos sociétés modernes ?
Certaines religions considèrent le blasphème comme un crime religieux. En 2012, des lois anti-blasphème existaient dans 32 pays, tandis que 87 nations disposaient de lois sur les discours haineux couvrant la diffamation de la religion et l’expression publique de la haine contre un groupe religieux. [Les lois anti-blasphème sont particulièrement courantes dans les pays à majorité musulmane, comme ceux du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, bien qu’elles soient également présentes dans certains pays asiatiques et européens. Les religions dharmiques, comme l’hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme, n’ont pas de concept de blasphème et ne prescrivent donc aucune sanction.
A l’heure d’une laïcité toute puissante dans nos démocraties occidentales, le blasphème est essentiellement lié aux insultes, agressions verbales à l’égard d’une religion. Le droit français, ne connaît aucune répression du blasphème mais les infractions (diffamation, injure, provocations à la discrimination, à la haine ou à la violence) à l’encontre des croyants peuvent, elles, être réprimées.
En suisse, le Conseil National n’a pas encore établi une loi anti-blasphème. La norme pénale anti-raciste et la protection contre l’atteinte à l’honneur et contre l’injure sont suffisantes.
Le blasphème est à la « mode », pour railler de façon sarcastique une tendance qui envahit (entre autres) les communautés de croyants, quelles que soient leurs religions. La presse satirique (Charlie Hebdo, Hara Kiri…) a payé un lourd tribu, au nom de la sacro-sainte liberté d’opinion.
Un coup de langue est pire qu’un coup de lance. Ce proverbe français est paradoxalement révélateur de la violence dont peut faire preuve une communauté face à une autre ou un individu à l’encontre d’un de ses semblables. Armés de leur crayon, dessinant et illustrant, « croquant » avec violence parfois les symboles religieux. Les journalistes et autres dessinateurs se retrouvent dans la ligne de mire de ceux qui rejettent le droit d’expression lorsqu’il s’agit de critiquer leur foi. L’attentat de Charlie Hebdo (12 morts – 11 blessés) démontre que le blasphème conduit à une condamnation à mort pour l’Islam radical.
Les valeurs dites morales conduisent aujourd’hui à des excès qui viennent de toute part. Les catholiques radicaux sont contre l’avortement et une représentation irrespectueuse de Dieu, Marie ou, bien entendu Jésus. Et ils le font savoir : la Cour suprême des Etats-Unis vient d’abolir le droit à l’avortement suscitant les foudres des démocrates. Les Islamistes réagissent à toute représentation du Prophète qu’ils jugent blasphématoire. Quant aux juifs, ils sont la cible régulière des antisémites, nombreux, quelle que soit leur religion.
Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur, ce proverbe de Beaumarchais que « Le Figaro » s’est approprié depuis longtemps, montre à lui seul que la résistance est ferme. En dépit des « Fatwa » lancées par de vieux Mollahs à l’encontre de tout blasphémateur, la liberté d’opinion demeure un droit fondamental. Les journalistes ne se privent pas d’en user. Mais les condamnations peuvent avoir la vie dure, lancées en 1988 la Fatwa visant à assassiner Salman Rushdie a fini par se réaliser, 34 ans plus tard.
Image par Bank Phrom