Dans une société aux sollicitations multiples et permanentes, nous avons besoin du Carême. Ce temps nous invite à modifier quelque peu nos habitudes pour faire plus de place à Dieu, nous rapprocher de Lui et des autres.
Pendant le Carême, l’Église propose trois engagements spécifiques pour nous accompagner dans ce processus de renouvellement intérieur qui nous conduit jusqu’à la Pâques du Seigneur : ce sont le jeûne, la prière et l’aumône (partage).
La prière nous aide à faire plus de place à Dieu dans nos cœurs et dans nos vies. Le jeûne aussi, par la privation, nous permet de nous ouvrir à de nouveaux espaces. L’aumône et le partage nous aident à être attentifs aux besoins de nos prochains et à partager ce que, par grâce divine, nous possédons.
Je m’appelle Raffaella et je suis italienne, mais je vis à Genève depuis 25 ans. Je travaille à l’Organisation mondiale de la santé. Je suis catholique et mariée à Marco. Nous avons quatre enfants.
La vie d’une famille est complexe. Le rythme d’une mère qui travaille aussi à l’extérieur de la maison est toujours haletant, partagé entre mille choses à faire, saintes et nécessaires, mais très nombreuses. Le carême est alors le don d’un temps pour s’obliger à faire place au temps avec le Seigneur. C’est un cadeau pour nous, parce que le Seigneur n’a pas besoin de notre temps, mais nous avons un besoin infini de temps pour ouvrir la maison et le coeur à l’Hôte Sacré. Le carême est un moment privilégié pour chaque membre de la famille : chacun, en fonction de son âge et de sa sensibilité, choisit librement de faire de la place pour le Seigneur. C’est le moment où notre famille s’enrichit de « fioretti » (intention de bonnes actions) : ceux qui ne mangent pas de chocolat, ceux qui ne regardent pas la télévision, ceux qui essaient de crier et de murmurer moins… et avec les « fioretti », le voyage du Carême arrive.
Ouvrir son cœur au Christ demande du temps pour parler avec Lui et le carême est un cadeau pour prier un peu plus. Le Seigneur n’a pas besoin de nos prières et la prière n’est pas un tribut à rendre au bon Dieu. Nous, au contraire, nous avons besoin de prier, avec des mots et aussi avec le silence. C’est notre besoin et le Seigneur nous connaît profondément, il le sait. En carême, avec « l’excuse » ou la motivation du carême, nous nous efforçons de prier un peu plus et si possible un peu mieux; nous souhaitons poser des modestes signes, comme les « fioretti ». Cela semble peu, mais il suffit parfois de peu de choses pour croire et se convertir. Si le cœur est disponible et on que l’on prend le temps d’écouter le Seigneur, Lui nous donnera la joie de croire et la grâce du temps passé avec lui.
Je viens de Milan et ai donc grandi avec un grand respect, très milanais, du travail. J’ai été éduquée par les jésuites et je suis donc proche de saint Ignace qui nous invite à être contemplatifs dans l’action. Je suis mère, épouse, je travaille et par conséquent je fais donc beaucoup de choses. Aujourd’hui, nous dirions que je suis « multitasking ». Qu’est-ce que cela signifie pour moi de prier ? Je crois que la prière la plus profonde est pour moi d’offrir tout ce que je fais au Seigneur, en vivant presque dans une contemplation permanente. Cela semble difficile, mais en réalité, c’est très simple : faire le signe de la croix; réciter les prières avec mes enfants le matin en allant à l’école; adresser une pensée au bon Dieu pendant que je travaille, je conduis, je cuisine; s’endormir en priant un « Je vous salue Marie » avec mon mari. Pour moi, prier, c’est simplement mettre la prière en premier. Elle éclaire toutes les choses et nous permet de faire face à la complexité de la vie en nous fiant au Seigneur sans trop de soucis ou de peurs.