La question du célibat des prêtres fait régulièrement débat. Nous vous proposons une réflexion sur ce terrain sensible signée par l’abbé Alain René Arbez.
Un journaliste affirmait récemment que le célibat des prêtres ne date que du XVIème siècle ! C’est évidemment inexact, historiquement. Ce qui est vrai, c’est que le Concile de Trente a reformulé en termes juridiques la discipline latine du célibat, antérieurement promulguée au IVème siècle, comme expression d’une tradition déjà existante longtemps auparavant. Précisons d’abord que cette clarification ne provient pas d’une idée négative du mariage : « C’est une réalité honorable que le mariage, la couche conjugale est exempte de souillure »(Hébreux 13.14)
Certes il y eut incontestablement, aux origines de l’Eglise, à l’époque apostolique, une majorité d’ « anciens » (évêques et prêtres) mariés. Si les ministres célibataires étaient encore minoritaires, on ne peut en déduire que le célibat serait une invention arbitraire tardive sans aucun lien biblique. Ainsi, on peut constater qu’il y a des « frères prophètes » autour d’Elisée qui ne sont pas mariés, et que Jérémie vit dans le célibat pour répondre à l’appel de Dieu.
Ce qui fait qu’à l’époque de Jésus, lui-même célibataire comme son cousin Jean le Baptiste, il y a des hommes vivant eux-mêmes le célibat pour l’annonce du Royaume de Dieu.
Dans l’attente de la fin des temps, des rabbins encouragent de jeunes hommes à quitter épouse et famille durant toute une période pour se consacrer à l’étude de la Torah. L’apôtre Paul est également un exemple significatif de ce type de choix de vie qui passe par le renoncement à la vie conjugale et familiale.
Prenons encore le cas des Esséniens, et des Thérapeutes d’Egypte, célibataires vivant en communautés, ainsi que d’autres témoins isolés marquant cette époque : au 1er siècle, deux éminents auteurs hébreux, Philon et Josèphe, font une description élogieuse de ces juifs fervents pratiquant l’abstinence par engagement spirituel.
C’est dans cette tradition biblique établie, ainsi que celle des premiers ermites juifs et chrétiens, que s’est enracinée l’option de l’Eglise pour un célibat associé au ministère, s’inspirant d’expériences antérieures, et dans le souci d’imiter en tous points l’engagement du Christ avec sa disponibilité.
Mais à notre époque pansexualiste et hédoniste qui privilégie l’instant et l’émotion d’un moment, ce qui est « durable » se veut trop souvent limité au développement économique ! C’est pourquoi tout engagement chrétien à long terme, que ce soit mariage ou célibat, gagne à être mûrement réfléchi et soutenu spirituellement, afin d’être vécu sereinement dans la paix et la fidélité, au cœur d’un véritable projet de vie.
Abbé Alain René Arbez, août 2020