Nous vous proposons aujourd’hui, une réflexion de l’abbé Alain René Arbez sur le prophète Isaïe, toujours d’actualité, écrit-il.
Un prophète n’est pas un devin qui prédit l’avenir, ni un mage qui annonce des catastrophes. La littérature (inspirée) de l’Apocalypse n’avait pas pour but de jouer au Nostradamus en annonçant Auschwitz ou Nagazaki, mais de révéler, en langage fantastique codé, les exactions sanguinaires de l’Empire romain de l’époque.
Le prophète (biblique) est un homme pieux qui parle au nom de l’Eternel pour décrypter – aux yeux de tous – les affres et les dangers du présent, afin de rendre les êtres humains plus conscients et responsables face à ce qui se joue dans leurs vies. C’est également avec l’espoir que les errements fatals ne se reproduisent pas. Bien sûr, l’être humain étant ce qu’il est, malgré ou à cause de son libre arbitre, ce qui est dénoncé prophétiquement concernant l’aujourd’hui se reproduira à l’identique des siècles plus tard,. Les mêmes causes produisant les mêmes effets.
Isaïe (Yeshayahou « Yahvé sauve – même signification que le nom de Yehoshouah, Jésus ») est ce prophète majeur qui mourut scié en deux sous Manassé et fut coupé en trois par les exégètes ( !).
Héraut de la sainteté de Dieu, il est celui qui relança l’espérance du peuple en proclamant l’attente de la naissance d’un enfant providentiel qui pourrait tout changer en ces temps de désolation et de détresse. Ce passage fut par la suite présenté comme destiné à Jésus de Nazareth.
Or que nous dit Isaïe face aux comportements des faiseurs d’opinion du peuple ?
« Malheur à ceux qui appellent le mal « bien » et le bien « mal » ! Ceux qui présentent les ténèbres comme étant la lumière et la lumière comme étant des ténèbres…Malheur à ceux-là, qui s’estiment détenteurs de la sagesse selon leurs propres idées, et prétendent offrir une compréhension du monde selon leur propre vision ! » (Is 5,20)
Isaïe ne parlait pas du « woke », et pourtant ! Il parlait de l’aveuglement humain qui refuse une instance supérieure et transcendante (divine) qui le dépasse et une expérience de vérité qui garantit la validité de ses choix.
Le livre des Proverbes va plus loin en montrant la fausseté des jugements : « Celui qui absout le coupable et celui qui condamne le juste sont tous deux en abomination devant l’Eternel ! ». (Pr 17,15)
Quiconque dirait que les textes bibliques sont anciens et dépassés serait de mauvaise foi…
Abbé Alain René Arbez, août 2023
Image : Pietro Perugino est l’auter de Polittico di San Pietro (Profeta Isaia), Musée des Beaux-Arts de Nantes, France. Domaine Public