Randonner depuis son canapé, voilà le programme de cette lecture de montagne ! Curé alpinistes, Des Alpes à la Valpelline : plus proche de Dieu en altitude ?
Combien de fois avons-nous gravi un sommet, petit ou grand et sommes-nous tombé(e)s face à face avec une croix, une statue, un oratoire à son sommet ?
Avec son ouvrage « Curés alpinistes des Alpes et de la Valpelline », aux Editions Nevicata, l’auteur Bernard Marnette nous emmène en ascension découvrir le milieu montagnard et l’alpinisme ecclésiastique dans nos chères Alpes, du Valais au val d’Aoste en passant par les Alpes françaises. Un regard particulier est porté sur la Valpelline, cette longue vallée affluente italienne de la vallée d’Aoste, dont les prêtres locaux furent les premiers à gravir nombre de sommets, jouant un rôle exemplaire dans cette belle histoire. La Valpelline est une vallée latérale de la vallée d’Aoste qui s’étend de la vallée du Grand-Saint-Bernard jusqu’à Gignod et jouxte le Valais au col Collon. Cette vallée se situe au pied du Grand Combin, ce dernier se trouvant entièrement en territoire suisse.
S’élever en altitude pour se rapprocher de Dieu ?
Une citation de Samivel issue de son ouvrage « Hommes, Cimes et Dieux », paru aux éditions Arthaud, 1973, figure sur la première page du roman de Bernard Marnette « Ce livre est consacré à un grand sujet, peut-être le Sujet des sujets, c’est-à-dire les rapports de l’Homme et de la Hauteur ».
Dans sa Préface, Jacques Plassiard, Curé de Courchevel, France évoque sa relation à Dieu et à la montagne. « C’est vrai que les beautés de la montagne me rapprochent de Lui, je l’évoque dans mes prières. Mais il n’est pas que le Dieu de la nature, de là-haut ; il est celui qui est descendu chez nous, sur notre terre, se faisant l’un des nôtres, en Jésus-Christ. » Nous vous recommandons d’écouter son témoignage dans le Podcast « confession d’un curé alpiniste ».
Le physiothérapeute-auteur belge passionné d’alpinisme nous mène à la rencontre de ces « curés marcheurs » qui, au début du vingtième siècle, écrivirent une page peu connue de l’histoire de la conquête des Alpes, celle d’un « alpinisme ecclésiastique ». Le livre est illustré de nombreuses photographies de curés, chapeaux vissés sur les têtes et skis en bois ou bâtons de pèlerins dans les mains.
Une histoire de l’alpinisme ecclésiastique
Ce livre est l’étonnante histoire de ces prêtres montagnards partis à l’assaut des cimes ! Une histoire de l’alpinisme ecclésiastique du début du XXe siècle. L’auteur retrace les exploits de ces prêtres marcheurs qui ont parcouru les montagnes, du Valais au Val d’Aoste, en passant par les Alpes françaises, gravi des sommets, auxquels certains ont donné leur nom, et ouvert de nombreuses voies.
Le pasteur zurichois Josias Simlerc (1530-1576) fut l’un des premiers. Historien et géographe, il est l’auteur de nombreuses publications (on lui doit même l’appellation générique « Alpes » venant du mot alpinum, désignant le blanc des neiges éternelles). Au rang des précurseurs, on peut également citer Placidus a Spescha (1752-1833) originaire des Grisons. Il réalisa de nombreux voyages de découvertes dans les Grisons ainsi qu’au Tyrol. Entre 1782 et 1806, il gravit de nombreux 3000 autour du Saint-Gothard et dans le massif du Tödi. Cependant, l’histoire de nos « prêtres alpinistes » va véritablement commencer par l’ascension du Mont Vélan en 1779. C’est à un ecclésiastique et botaniste suisse, Maurent-Joseph Murith (1742-1818), que l’on doit cette prestigieuse ascension. Le chanoine Murith de l’hospice du col du Grand-St-Bernard, botaniste célèbre à son époque, gravit le premier cette montagne en compagnie de deux autochtones, et ceci longtemps avant «l’âge d’or» des conquêtes alpines.
Une trace indélébile du passage des curés alpinistes sur les sommets
Les Gnifetti, Coutin, Carrel, Perroin marqueront de leurs exploits les hauts sommets. Hospices, monastères, chapelles et oratoires, statues de saints, statues de vierges, croix de bois, croix de pierre ou de fer… Les témoignages religieux ne sont pas rares dans les Alpes. Ils s’élèvent parfois à certains toponymes : col du Curé, col du Moine, Doigt de Dieu, Apôtres, Grand Capucins…
Ces curés alpinistes ont sans doute trouvé en haute montagne la paix et la tranquillité nécessaires à leur recueillement. Le livre de Bernard Marnette s’adresse « non pas à l’alpiniste qui regarde plus loin, mais à celui qui regarde plus haut, par-delà les cimes ! ». Un magnifique ouvrage à lire cet été.