Il y a le ciel, le soleil et la mer, pour paraphraser la fameuse chanson de François Deguelt (auteur, compositeur et interprète) et tant de fois reprise. Alors oui, c’est l’été et, au bord de l’eau, il n’est pas interdit de lire quelques ouvrages de qualité qui font travailler (un peu) les neurones, après s’être préalablement enduit de crème solaire.
Malte, dernier rempart chrétien contre l’ambition ottomane
Le 12 septembre 1565, après 4 mois de siège, la flotte turque et barbaresque range ses armes et suspend définitivement le siège de Malte. Le « Grand Siège », comme on l’appellera rapidement, tant l’événement eut un retentissement immense dans la chrétienté, se solde par une défaite pour Soliman le Magnifique qui souhaitait, après la chute de Constantinople (1453), étendre son emprise en méditerranée par la conquête de cette île au positionnement stratégique.
La Religion, c’est le nom que se donnent les Hospitaliers . Composé de diverses nationalités, ils sont 500 chevaliers de l’Ordre, 2’500 soldats et 10’000 insulaires (ces derniers étant incompétents sur le plan militaire). Cette poignée d’hommes fera face à 35’000 Ottomans, dont 12’000 janissaires.
D’une cruauté et d’une violence inouïe, les combats furent tellement acharnés et la défense des assiégés si héroïque que les historiens nommeront plus tard cette bataille, le « Verdun du XVIè siècle ». Cette défaite marque, par ailleurs un arrêt significatif de l’expansion ottomane vers l’Europe.
Écrivain, scénariste, psychiatre et ceinture noire de karaté
Grand amateur de poker, Tim Willocks est né en Angleterre en 1957. Chirurgien et psychiatre de formation, il est également ceinture noire de karaté. Son premier roman Bad City Blues, publié en 1991, est adapté au cinéma par Dennis Hopper. Il a, depuis, écrit plusieurs polars à succès dont Green River ou Les Rois écarlates, avant de se lancer dans une entreprise littéraire titanesque avec une série de romans historiques à la force romanesque époustouflante initiée avec La Religion puis Les Douze Enfants de Paris. Ces deux ouvrages mettent en scène le personnage inoubliable de Mathias Tannhauser, mercenaire lettré et apatride jeté au cœur des fracas du XVIe siècle. Producteur et scénariste, l’écrivain a également travaillé avec Michael Mann, rédigé une vingtaine de scénarios, et co-écrit un documentaire avec Spielberg, The Unfinished Journey.
Matthias Tanhauser est enlevé par l’armée ottomane après que celle-ci ait massacré, sa famille, comme tout son village par les Turques. Il rejoint comme tant d’autres enfants chrétiens, le corps des Janissaires, implacables soldats entièrement dévoués à leur sultan. Mais il s’échappe de cet esclavage et devient mercenaire et marchand. Il débarque sur l’île de Malte afin d’aider Carla, jeune comtesse française à la poursuite de son passé… C’est le préambule d’un récit lyrique ou la romance côtoie l’histoire pour le meilleur. Tim Willocks livre là un roman historique passionnant et riche en rebondissements, dans un contexte politique et religieux d’une violence incroyable.
Porté par une langue aussi intense que réaliste, La Religion évoque autant Alexandre Dumas qu’Umberto Ecco.