Vous vous en doutez probablement, la réponse à cette question est non : l’Église n’est pas une organisation non gouvernementale (ONG) comme une autre, ni une ONG humanitaire. Solidarité, justice, dignité…autant de valeurs que l’Église et de nombreuses associations humanitaires ont en commun et mettent en œuvre par des actions visant, le plus souvent, des objectifs similaires.
Les convergences sont donc multiples, certes, mais au moins autant de différences, et de taille, distinguent l’engagement pour le « bien » de l’Église de celui ONG. Toute l’activité de l’Église est en effet au service de la mission, l’annonce et le témoignage de la Bonne Nouvelle et c’est le Christ qui est au centre. Bref tour d’horizon.
L’engagement humanitaire et social de l’Église s’inscrit notamment dans le service de charité, source de toutes les solidarités,
« Pratiquer l’amour envers les veuves et les orphelins, envers les prisonniers, les malades et toutes les personnes qui, de quelque manière, sont dans le besoin, cela appartient à l’essence de l’Église au même titre que le service des Sacrements et l’annonce de l’Évangile. L’Église ne peut pas négliger le service de la charité, de même qu’elle ne peut négliger les Sacrements ni la Parole », rappelait le pape Benoit XVI dans sa première encyclique, Deus Caritas (Dieu est amour) en 2005.
Son successeur, le Pape François a fait de l’engagement pour les pauvres, les exclus et les plus faibles une des priorités et depuis le début son pontificat, il n’a de cesse de dénoncer l’indifférence face à leur détresse.
Comme l’action caritative de l’Église, celle de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) actives dans secteur humanitaire s’inspire de valeurs telles que la solidarité et le soutien aux plus faibles. Elle se déploie notamment avec des programmes de développement dans les régions pauvres, de soutien de personnes en situation de détresse ou d’aide aux victimes de crises humanitaires.
Comme l’Église catholique et sa doctrine sociale, d’autres ONG sont engagées dans la défense des droits fondamentaux, de la justice, la promotion du bien commun et de la justice.
Tout en ayant en commun nombre de valeurs de base et de domaines d’action, l’engagement de l’Église se distingue de façon fondamentale de celui des ONG. Ancré dans le message de paix et d’amour au cœur de la foi chrétienne, l’agir chrétien est appelé à être un témoignage du message d’amour du Christ et s’inscrit dans le commandement de l’amour du prochain.
Le pape François l’a rappelé et souligné dès sa première messe publique, après son élection en 2013 : « Nous pouvons cheminer tant que nous voulons, mais si nous ne confessons pas Jésus-Christ (..)Nous deviendrons une pieuse ONG, une ONG humanitaire, mais non l’Église » », a insisté le pape. « Quand nous marchons sans la Croix, quand nous édifions sans la Croix et quand nous confessons un Christ sans Croix, nous ne sommes pas disciples du Seigneur : nous sommes mondains », a-t-il poursuivi.
De nombreuses ONG jouent un rôle indispensable dans la construction d’un monde plus juste et solidaire, avec des résultats louables, visibles et mesurables.
L’Église aussi. La vocation de l’Église n’est toutefois pas d’atteindre des « résultats », certifiés prouvant la qualité de ses actions.
L’exercice de la charité chrétienne (vertu théologale avec la foi et l’espérance) est d’abord un lieu d’expression de la foi en Dieu et en son amour. L’Église agit au nom d’« un véritable humanisme, qui reconnaît dans l’homme l’image de Dieu et qui veut l’aider à mener une vie conforme à cette dignité ». (Deus Caritas – 2005).
Autre différence : les actions de la plupart des ONG sont circonscrites à des thématiques, des périodes ou des situations spécifiques et visent à répondre à des problèmes déterminés.
L’action de l’Église porte un message universel et atemporel, destiné à chaque être humain et valable en toute circonstance. Même dans la société la plus juste, la charité chrétienne sera nécessaire. « Il n’y a aucun ordre juste de l’État qui puisse rendre superflu le service de l’amour » (§28, Deus Caritas est, 2007).
De même, le travail des ONG humanitaires a une dimension terrestre alors la mission de charité de l’Église est transcendante.
L’Église est « envoyée par le Christ pour manifester et communiquer la charité de Dieu à tous les hommes et à toutes les nations », selon les termes du Concile Vatican II, repris dans une encyclique de saint Jean-Paul II. D’autre part, la présence et l’agir de l’Église dans le monde s’inspire du Christ qui « par son incarnation, s’est lié aux conditions sociales et culturelles déterminées des hommes avec lesquels il a vécu. » (Ad Gentes, 1 »
La charité, témoignage de l’amour du prochain, enraciné dans l’amour de Dieu, est avant tout une tâche pour chaque fidèle, mais aussi une tâche pour la communauté ecclésiale entière, et cela à tous les niveaux : « de la communauté locale à l’Église particulière jusqu’à l’Église universelle dans son ensemble », écrit le pape Benoit XVI. Ainsi, la « diaconia » est inscrite dans la structure fondamentale de l’Église et s’exerce d’une manière communautaire et ordonnée.
À Genève, la charité comme tache de l’Église se concrétise notamment à travers des initiatives paroissiales, le travail des pastorales d’entraide et les aumôneries : de la collecte et la distribution de biens de première nécessité et repas chauds pour les plus démunis à l’accueil et soutien des « exclus », des sans-statuts ou sans-travail aux visites auprès personnes malades ou détenues, les actions sont nombreuses.
Comme le personnel des ONG, les agents pastoraux suivent des formations spécifiques et régulières et sont des professionnels qui œuvrent au service du bien e des autres, mais c’est la relation avec Dieu qui les guide. Leurs compétences sont en effet soutenues par la pratique de la prière, la lecture de la Bible et la confiance de l’action de l’Esprit-Saint qui éclaire les signes du temps.
Service D&C