L’enseignement privé et l’enseignement public, dit « laïc » s’opposent (ou se complètent…) depuis toujours. Qu’en est-il réellement de leurs différences ? Les écoles privées sont-elles seulement réservées à une élite qui a les moyens d’y inscrire ses enfants, alors que les établissements publics (et donc gratuits) ne seraient destinés qu’à ceux qui n’ont pas le choix ? Quelle est la valeur de l’enseignement catholique?
Les écoles privées confessionnelles se caractérisent par l’importance qu’elles accordent aux valeurs religieuses. Ces établissements accueillent des élèves de croyances et de cultures diverses et, dans une situation de mixité culturelle et religieuse, proposent à qui le souhaite des animations d’aumônerie pilotées par des ecclésiastiques et/ou des agents pastoraux laïcs : offices religieux, parfois dans une « vraie » chapelle, catéchèse, ateliers de réflexions, chacune de ces activités participant de l’éducation à la spiritualité.
A Genève, on identifie six établissements dits « catholiques »: l’Institut international Notre Dame-Du-Lac, l’Institut international de Lancy, l’Institut Florimont , le collège Saint-Louis, « La Salésienne » et l’Externat catholique des Glacis. La religion y est diversement intégrée .
Ces établissements proposent une « aumônerie ». Dans une société où la « religiosité » constitue de plus en plus un mot vide de sens, la présence d’un aumônier, de cours de religion, ou encore d’une chapelle pour célébrer les messes, représente, une valeur ajoutée pour de nombreux parents.
Tous ces établissements prônent un esprit d’ouverture. La mixité culturelle et religieuse contribue à apaiser notre société. Et plus les jeunes se rencontrent tôt dans leurs différences, plus le risque de communautarisme diminue. C’est également une source de connaissances complémentaires qui permet aux écoliers d’acquérir les outils de compréhension de l’autre, des différentes formes de pensées, de culture.
Fondé en 1905 par les Missionnaires de Saint François de Sales, l’Institut Florimont est désormais dirigé par des laïcs. Le comité de direction entretient cependant une étroite collaboration avec la congrégation religieuse qui demeure propriétaire de l’Institut et veille à ce que les grandes orientations qu’elle a données soient respectées. Florimont n’appartient donc pas à un « pool » d’actionnaires : cette réalité définit une stratégie d’enseignement visant, certes, à la réussite scolaire, mais également à la transmission de valeurs chrétiennes et laïques.
Au-delà des stériles querelles entre « privé » et « public », chaque système présente ses avantages et ses inconvénients. Les écoles privées demeurent néanmoins difficiles d’accès pour ceux qui n’en n’ont pas les moyens.
L’originalité confessionnelle s’inscrit dans la relation que Florimont, institut privé catholique, entretient avec les Missionnaires de Saint François de Sales et, plus concrètement, dans sa fidélité aux consignes que les religieux ont exprimées dans les Orientations pour Florimont ainsi que dans le Projet pastoral missionnaire qu’ils viennent d’actualiser ce dernier 24 janvier, fête de notre Saint Patron.
Telle une feuille de route, les deux documents indiquent l’esprit dans lequel est articulée notre mission d’éducation ; les textes veillent également à « ce que soit donné à chacun selon ses besoins spirituels dans le respect de la diversité des croyances et des cultures »2. Une telle pratique convient également aux familles catholiques, libres d’accepter au moment de l’inscription ou en cours d’année ce que nous leur proposons en matière religieuse.
En conformité avec la dimension catholique de l’Ecole, les Orientations et le Projet pastoral précités nous demandent d’accueillir les jeunes et, s’ils le souhaitent, de « les accompagner dans le service qu’ils demandent à l’Eglise »2 : c’est pourquoi nous leur proposons des cours de religion, la préparation ainsi que l’accès aux sacrements, des journées de réflexion et des occasions d’ouvertures œcuméniques.
L’esprit salésien emmène encore plus loin en nous incitant à l’« ouverture du cœur »2 mettant en avant les valeurs que sont le respect, sans préjugé, pour ceux qui ne partagent pas la foi catholique, qu’ils soient d’une autre religion ou même athés. En d’autres mots, je dirais qu’il s’agit d’appliquer en toute circonstance et à tout un chacun le principe réciproque de bienveillance et, par extension sur le plan scolaire, d’offrir aux élèves et aux équipes pédagogiques l’occasion d’un lien de confiance. La relation entre eux ainsi renforcée permet aux élèves « de devenir des êtres responsables de choix et d’initiative »1. C’est là une attitude d’école catholique.
L’approfondissement de la foi intéresse beaucoup de nos élèves qui participent avec cœur aux offices religieux rythmant l’année scolaire et qui sont nombreux par exemple à recevoir librement le sacrement de la Confirmation ; par ailleurs, la mixité religieuse et les rapports apaisés qui en découlent sont vécus très naturellement par une jeunesse, là-dessus volontiers idéaliste ; enfin, le libre arbitre et le discernement, exercés en matière religieuse, trouvent d’autant mieux à s’exprimer à l’école quand il s’agit de réfléchir et de penser.
Il n’en reste pas moins qu’« il n’y a pas de christianisme sans témoignage fraternel »2, sans attention aux plus fragiles : c’est pourquoi « Florimont inscrit la solidarité comme une priorité dans les valeurs à promouvoir »1. La spiritualité par l’action est essentielle à l’Institut. Nos élèves s’y engagent tout au long de l’année par des projets et des actions qui « les gardent ouverts à l’espérance d’un monde meilleur et qui les rendent capables de choix et d’adhésion donnant un sens à leur vie »1. Avec enthousiasme, dans le cadre de FloSolidaire ou dans celui de chaque classe, ils participent à des collectes de fonds, réalisent des projets humanitaires, et, suite à l’impulsion donnée par le Projet pastoral missionnaire, s’engagent dans la promotion d’une « écologie sociale »2.
SD&C, février 2020
Image: Anita Jankovic on Unsplash