Peintre né en 1907 Valais et décédé en 1982 à Genève
Paul Monnier, peintre suisse est né à Montana-Vermala en Valais en 1907 et décédé à Genève en 1982. Son père, Isidore Monnier, de Grimentz, ancien garde suisse du pape, est receveur de la poste. Sa mère, Catherine Rey, de Lens, est institutrice. Peu discipliné, il fréquente de nombreuses écoles du Valais: une première occasion de nouer des amitiés auxquelles il restera toujours fidèle. En 1924, il est en 5ème année d’études classiques lorsque son père meurt subitement. Sur les conseils du peintre Ludwig Werlen, sa mère le retire du collège et l’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts de Genève, où il eut comme professeur Fernand Bovy, Philippe Hainard, Serge Panke et James Vibert. Il est ensuite membre et l’un des principaux représentants de l’École des Pâquis. L’École des Pâquis est le nom donné par Alexandre Cingria (1879-1945) à un groupe de jeunes peintres suisses, élèves de l’École des Beaux-arts de Genève entre 1924 et 1930 sous la direction d’Adrien Bovy.
« L’École des Pâquis est arrivée simplement et sans effort en laissant naturellement de côté toute vanité encombrante et tout débordement de personnalité. Ils (ces artistes) appartiennent à cette génération d’après-guerre où l’on ne rêve plus de surhomme. Ils préfèrent les subtilités du métier aux théories esthétiques. Aussi lorsque la paresse, les alcools, la bohème et les combines ne les tentent pas trop, sont-ils capables d’efforts autrement disciplinés que ceux que nous avons fait depuis plus de 30 ans. En somme vive la jeunesse d’après guerre dont on a trop médité. » Entre 1930 et 1932 il voyage aux Indes, en Indochine, et au Tonkin. Il écrit: « Je perds mon temps en essayant de supprimer ce métier de ma vie. La peinture c’est mon métier, mon vrai et seul métier. » (Vizagapatam, 3 juin 1931. Lettre à C. J.). Entre 1932 et 1936 il réside à Genève ; puis de 1936 à 1949 à Sierre. De 1949 à 1970 à Lausanne et enfin, de 1970 à 1982, à Genève. Il repose aux côtés de sa femme dans le petit cimetière de Saint-Sixt en Haute-Savoie.
1954 : réalisation des 5 panneaux du Sacré-Cœur
Paul Monnier réalise en 1954, cinq panneaux, d’une dimension de 3,20 m sur 1,70 m, derrière le maître-autel de l’église qui rendent hommage au culte du Sacré-Coeur. Cette décoration était dictée par l’architecture même du chœur, dont les parois sont divisées en cinq panneaux égaux, séparés par des pilastres. Grâce à la pensée et l’inspiration de M. l’abbé Joseph Schubel, curé de la paroisse, grâce à la générosité d’amis éclairés de l’art religieux, et au talent d’un artiste, l’œuvre a pu voir le jour. Une citation en latin fut ajoutée en 1955 au-dessus des panneaux : « deus caritas est, et qui manet in caritate, in deo manet, deus manet in eo » Dieu est amour; et celui qui demeure dans la charité, demeure en Dieu, mon Dieu, demeurez en lui »
Panneau central : Le Christ en majesté domine le panneau central, il étend largement les bras en un geste de pardon. Derrière son trône, entouré de l’arc-en-ciel de la paix, se dressent les tours de la Jérusalem céleste. Les symboles des évangélistes sont à ses pieds.
Panneau à droite du Christ : Marie debout, la Mère de douleur, assiste au drame du Calvaire, tandis que Madeleine, d’un admirable geste de soumission, s’incline devant son Sauveur.
Panneau à gauche du Christ : Le centurion Longin qui perça de sa lance le cœur du Christ est perdu dans une ardente prière, tandis que saint Jean, tout droit, médite en silence le grand mystère de la Rédemption.
A l’extrémité gauche du Christ : panneau réservé à Sainte Marguerite-Marie Alacoque qui est agenouillée sur un prie-Dieu, tandis que l’ineffable lumière descend sur elle. Le décor représente l’antique abbatiale de Paray-le-Monial et la blanche basilique de Montmartre à Paris.
A l’extrémité droite du Christ : le protecteur Saint François de Sales, le bon évêque de Genève, fut l’un des protagonistes les plus ardents du culte du Cœur Sacré. Vêtu d’un camaïl violet, la mitre et la crosse à ses pieds, se profile sur la masse de la cathédrale Saint-Pierre, le sanctuaire dans lequel il voulut dormir de son dernier sommeil.
On voit donc de gauche à droite, dans la disposition avant l’incendie, en bas de chaque panneau, des scènes plongées dans la pénombre tirées de l’Ancien Testament, le sujet principal en pleine lumière:
-le sacrifice d’Abraham sur le point d’immoler son fils Isaac
-le buisson ardent dont le feu est le symbole de la charité
-la vision de Jacob et l’échelle de lumière qui conduit de la terre au ciel
-le meurtre d’Abel par son frère
Ces 4 scènes sont une préfiguration de l’alliance entre Dieu et les hommes dont le Sacré-Cœur est le gage.
Incendie de 2018
Ces oeuvres n’ont pas trop souffert du sinistre. Cependant des blanchiments étaient visibles contre certains panneaux et des gondolements trahissaient de la présence d’humidité dans le mur. Elles furent entreposées peu de temps après l’incendie avec les autres oeuvres d’art déposées dans un lieu hors de l’église du Sacré-Cœur. Les cinq panneaux de Paul Monnier furent les dernières oeuvres d’art à être restaurées par la société Sinopie, en mai 2024 dans l’église du Sacré-Coeur. Deux panneaux ont été installés dans la chapelle, un panneau dans l’immense cadre devant la Sacristie et deux autres au fond de l’église.
Réouverture en 2024 : Visite guidée avec la fille de Paul Monnier et une donatrice
Dans le cadre de l’octave inaugurale du Sacré-Cœur, des visites guidées sur les œuvres d’art restaurées ont été organisées tous les jours pendant la semaine du 3 au 7 juin 2024. A cette occasion, Madame Claude Monnier, fille du peintre Paul Monier nous a fait l’honneur de sa présence et a partagé quelques souvenirs de son enfance lorsqu’elle rencontrait à la maison des peintres genevois, amis de son papa. Madame Monnier a contribué à la création du site web dédié à l’œuvre de son père.
Une généreuse donatrice a contribué à la restauration des panneaux de Paul Monnier. Elle a été éblouie lors d’une visite guidée privée de la restauration de l’œuvre de Paul Monnier au cours de laquelle elle me racontait combien Paul Monnier est un artiste majeur. Elle est passionnée par l’Art et dispose de nombreux livres sur ce thème. Beaucoup de peintres valaisans ont réalisé des vitraux notamment dans les églises valaisannes. Elle est en admiration devant la nouvelle église du Sacré-Cœur et effectue des dons à la mesure de ses moyens financiers. Qu’elle en soit ici remerciée chaleureusement. La collecte de fonds se poursuit encore pour finaliser le budget global.
SD&C juin 2024