Parce que l’Église est communauté, accueil et rencontre, elle semble aujourd’hui gravement lésée dans sa mission par les restrictions qu’impose aux paroisses la lutte à l’épidémie de coronavirus.
Mais parce qu’elle est communion dans la prière, la foi et la Parole, l’Église poursuit sa mission.
Avec les moyens du bord, les paroisses rivalisent d’idées pour mettre en œuvre des démarches afin de rester en lien avec les fidèles et trouver des solutions pour continuer à faire Eglise.
Les messes publiques sont suspendues. Les célébrations de la première communion et de la confirmation, prévues en mai, sont reportées. Les mariages sont renvoyés. De même toutes les rencontres de catéchèse ou des groupes de prière sont annulées.
Le coronavirus qui bouleverse nos vies, affecte douloureusement la vie des paroisses. Dans cette situation inédite, comment rejoindre les personnes et les fidèles, comment faire communauté d’une autre manière ?
«Nous ne pouvons plus célébrer que les funérailles, mais dans la plus strictes intimité ! C’est triste, surtout pour la Semaine Sainte et Pâques. Nous avions notamment prévu une grande célébration œcuménique pour le dimanche des Rameaux qui a dû être annulée. C’est une situation inédite et bouleversante. Plusieurs paroissiens ont été infectés par le virus. Nous prenons des nouvelles par téléphone, mais nous sommes assez impuissants », explique le Père Jean-Philippe Halluin, curé modérateur de l’Unité pastorale (UP) de Meyrin-Mandement.
Sur le site internet de l’UP, qui réunit les Paroisses de Saint-Julien, La Visitation et du Mandement, et sur des panneaux affichés à l’entrée des églises « nous informons les fidèles de la situation et nous indiquons des liens pour suivre des messes et des célébrations à la télévision ou sur internet. Nous allons également envoyer tous-ménage ».
« Nous encourageons fortement les fidèles à vivre le recueillement, à garder confiance et vivre cette épreuve dans la paix. En cette période de confinement, nous encourageons la prière. En absence de liturgie, il s’agit, une prière simple, dépouillée, une prière du cœur. Chaque fidèle est appelé à plus d’intériorité », souligne le curé.
Les Églises chrétiennes suisses invitent à prier chaque jeudi soir à 20h, à la maison, après avoir déposé une bougie allumée ou un lumignon à la fenêtre. Pour le Père Halluin, « cette union dans la prière est une chose très forte et importante. Cette épreuve va nous changer. Espérons qu’elle nous aide au moins à revoir nos modes de vie pour qu’ils deviennent plus solidaires, notamment avec les plus faibles ».
La plupart des paroisses assurent une permanence téléphonique pour ceux qui souhaiteraient un soutien, une réponse, un échange, mais d’autres outils voient le jour.
Les paroisses d’une Unité pastorale* ont par exemple ouvert un compte Twitter pour poster chaque jour une proposition pour prier, méditer l’Évangile du jour ou accompagner les enfants dans la foi.
D’autres paroisses ont créé un compte Instagram ou étoffé l’offre sur la page Facebook et le site Internet. Selon les possibilités, des églises ont inauguré une « newsletter » hebdomadaire, s’attellent à mettre sur pied des forums de discussion ou même une « bourse » d’échange pour divers services : en particulier du bénévolat auprès des plus isolés.
Une autre Unité pastorale a adressé un « mail de soutien » aux personnes engagées d’une façon ou d’une autre au sein des paroisses et prend des nouvelles par téléphone de certains paroissiens âgés, malades ou vivant seuls.
Des paroisses préparent des documents pour la catéchèse à envoyer aux enfants. D’autres utilisent le courriel pour mettre à dispositions des liens vers des activités en rapport avec le calendrier liturgique, ou préparent un « kit KT » à mette en ligne.
« Avec le pasteur de la paroisse protestante, nous élaborons un petit livret pour vivre des célébrations chez soi. Les paroisses enverront le livret par mail et il sera laissé dans les églises pour ceux qui le souhaitent. Par ailleurs, nous encourageons les jeunes à s’engager au sein même de leur famille. Par exemple en offrant 1 h par jour à leur petit frère/soeur pour jouer ou aider aux devoirs. Nous leur proposons de s’engager pour une ou plusieurs tâche(s) ménagères afin de soulager leurs parents. Et finalement, de téléphoner à leurs grands-parents », explique Amandine Beffa, assistante pastorale de l’Unité pastorale Champagne.
Le Service catholique de catéchèse a écrit à l’ensemble des catéchistes pour proposer des pistes afin de maintenir le lien avec les enfants et les familles que les animatrices et les animateurs accompagnent. Dans le message, le Service fournira des conseils pour créer un coin prière à la maison, des liens vers de courtes vidéos ou encore des instructions pour réaliser des bricolages.
Dans les églises encore ouvertes, dans les chapelles, les fidèles peuvent souvent trouver la feuille dominicale avec des textes, l’évangile du dimanche, une prière ou un numéro de contact.
Sur son site Internet, le Vicariat de l’Eglise catholique romaine à Genève diffuse chaque semaine une messe célébrée dans la petite chapelle par l’abbé Pascal Desthieux. Le vicaire épiscopal propose aussi une homélie chaque dimanche, des méditations et des nouvelles.
Le Vicariat a par ailleurs ouvert une permanence téléphonique pour les personnes qui souhaitent parler à un prêtre ou un agent pastoral laïc.
Partout l’offre se développe afin de préserver les liens, de nourrir une communauté spirituelle et de poursuivre ensemble le chemin vers Pâques.
SD&C, mars 2020
*Ensemble de paroisses d’une même zone
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