Texte de la lettre pastorale « Si tu savais le don de Dieu », de Mgr Charles Morerod, lue en chaire dans les églises de notre diocèse lors des célébrations du 3e Dimanche du Carême (11-12 mars 2023).
Pendant le processus synodal, qui continue, on parle beaucoup de structures. Les structures sont évidemment utiles. S’il y en a dans l’Église, c’est que Dieu prend au sérieux notre humanité, qui requiert des structures dans plus ou moins tous les domaines.
Toutefois on ne comprend pas ce qu’est l’Église si on l’aborde seulement ou d’abord par ce biais. Et surtout, ces structures ne présentent d’intérêt que si on en comprend le sens.
Je reste marqué à ce propos par une remarque du pape Benoît XVI, dans son encyclique Spe Salvi de 2007 : « La condition droite des choses humaines, le bien-être moral du monde, ne peuvent jamais être garantis simplement par des structures, quelle que soit leur valeur. De telles structures sont non seulement importantes, mais nécessaires ; néanmoins, elles ne peuvent pas et ne doivent pas mettre hors-jeu la liberté de l’homme. Même les structures les meilleures fonctionnent seulement si, dans une communauté, sont vivantes les convictions capables de motiver les hommes en vue d’une libre adhésion à l’ordonnancement communautaire. La liberté nécessite une conviction ; une conviction n’existe pas en soi, mais elle doit toujours être de nouveau reconquise de manière communautaire »(§ 24). Cela vaut de toute structure, donc aussi de celles de l’Église.
Il est vraiment nécessaire de parler des structures, mais il faut avant tout voir pour quelle raison on s’intéresse à elles dans un domaine précis. Dans le cas qui nous occupe, il faut d’abord saisir pourquoi on s’intéresserait à l’Église, ce qui n’est pas évident… Or on peut le voir à partir d’une question suggérée par l’Évangile de ce dimanche : Savons-nous le don de Dieu ?
J’aimerais vous inviter à réfléchir à quelques variantes de cette question :
– Est-ce que j’attends quelque chose de Dieu ?
– Est-ce qu’un don de Dieu a changé quelque chose dans ma vie ?
– Si je vais à l’église, qu’est-ce que j’espère y recevoir ?
En fait si nous ne répondons pas à ces questions, nous risquons fort de passer à côté de la vie chrétienne, ou de nous y intéresser pour des raisons qui ne sont pas centrales. Et de nombreuses personnes qui ne pouvaient répondre positivement à ces questions (même implicites) ont tout simplement cessé de venir à l’église.
Le don de Dieu, c’est le Christ Jésus lui-même, et le Saint Esprit envoyé en nous. Le Christ se donne sur la croix, dans l’eau du baptême, dans l’eucharistie. Il met en nous « une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle » (Jean 4, 14), déjà commencée en ce monde. Demandons-nous encore si le fait que le Christ soit venu, que le Fils de Dieu se soit fait homme, change quelque chose pour nous, ou non.
Demandons-nous si nous pensons que la mort du Christ sur la croix a quelque chose à voir avec nous, ou s’il est mort seulement pour ajouter quelques idées au concert des discours religieux.
Donc, pour savoir quel est le don de Dieu, lisons l’Évangile, et regardons Jésus. Souvenons-nous de la question qu’il a posée à Saint Pierre : « M’aimes-tu ? » (Jean 21, 15-17). Il nous pose aussi cette question. Et il regarde si nous aimons les personnes qu’il aime.
« Pour moi, vivre, c’est le Christ » (Philippiens 1, 21). Je suis dans l’Église parce qu’on y célèbre la présence du Christ, et le reste en découle.
Votre évêque
+ Charles MOREROD
12 mars 2023, 3ème Dimanche de Carême
Crédit image lettre pastorale 2023: Godong